La Juve se déplace à Tottenham ce soir pour obtenir sa qualification en quarts de finale. A cette occasion, nous vous reproposons un article extrait de notre dossier sur les plus grands exploits européens de la Juventus. Retour en 1983, lorsque la Juve obtient sa première victoire en Angleterre, face à Aston Villa, vainqueur de la Ligue des Champions un an plus tôt. 

Neuf et ancien : la recette gagnante

Cette Juventus qui est allée s’imposer dans une nuit humide de mars au Villa Park n’est pas sans rappeler celle qui jouera la finale de Ligue des Champions le 3 juin 2017. C’est l’accomplissement du président Giampiero Boniperti : la construction d’une équipe mêlant ancien et neuf. Les sénateurs à cette époque se nomment Dino Zoff, Gaetano Scirea, Marco Tardelli ou encore Roberto Bettega. Les recrues s’appellent Michel Platini, Zbigniew Boniek et dans une moindre mesure Paolo Rossi, à sa seconde saison à Turin.

La Juventus atteint les quarts de finale sans être inquiétée. Elle élimine successivement les Danois du Hvidovre IF puis les Belges du Standard de Liège. Mais les bianconeri savent qu’ils devront réaliser un exploit pour éliminer Aston Villa en quarts de finale. Le club anglais vit son âge d’or. Sacré champion d’Angleterre en 1981, il remporte la Ligue des Champions l’année suivante en battant le Bayern Munich. Il se présente donc face à la Juventus comme le tenant du titre et à la recherche d’un doublé historique. Pour la Vieille Dame, le défi est d’autant plus grand qu’elle ne s’est jamais imposée en Angleterre. Mais la chance lui sourit : le match retour se jouera à Turin. Tout le monde s’attend donc à voir la Juve limiter la casse à Birmingham. Et pourtant, elle va réaliser un match parfait, qui est entré dans l’histoire.

Si vous avez raté le début…

Le match aller se joue le 2 mars 1983. La télévision publique italienne , la Rai, doit choisir entre la Juventus et l’Inter, qui affronte le Real Madrid en quarts de finale de la Coupe des Coupes. C’est finalement Telemontecarlo (devenu La Sette) qui diffusera le match de la Juve en direct. Mais la chaîne profite de cette occasion pour accroître ses revenus publicitaires, au point de manquer le coup d’envoi de la rencontre. Ainsi des millions de téléspectateurs ne verront pas l’ouverture du score dès les premières secondes de Paolo Rossi, sur un service de Cabrini. Ce but naît d’une inspiration géniale de Roberto Bettega, qui déstabilise la défense anglaise avec une talonnade.

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Âgé de 33 ans, Roberto Bettega réalise un match exceptionnel, qualifié d’argentin et fascinant par la presse italienne. Passée sa talonnade sur l’ouverture du score, il recule d’un cran pour organiser le jeu et dialoguer à merveille avec Michel Platini. Les Anglais ne se laissent pas impressionnés par ce but. Ils sont persuadés de pouvoir faire craquer la défense italienne. Mais les bianconeri ne se contentent pas de défendre et saisissent toutes les opportunités de contre qui s’offrent à eux. L’égalisation d’Aston Villa en début de seconde période ne fait que réveiller la passion et la rage des hommes de Trapattoni.

« La plus grande équipe du monde »

Cette année-là, l’Italie découvre toute l’étendue du talent de Michel Platini. Le Français réalise une prestation de très grande qualité. Ses prouesses techniques – et la facilité avec laquelle il les réalise – impressionnent tout le monde. Quelques minutes après l’égalisation, d’un superbe ballon par dessus la défense, il lance Rossi vers le but. La frappe de l’Italien est détournée par le gardien sur le poteau. Ce n’est que partie remise. Platini, encore lui remet cette fois de l’extérieur du pied un délice de passe à Zbigniew Boniek. Le Polonais envoie le ballon dans la lucarne et redonne l’avantage aux bianconeri. Ce dernier exulte, ce but lui fait du bien alors que sa première saison en Italie est compliquée. En progression, il est encore trop inconstant. Boniperti affirme que ses difficultés sont davantage psychologiques mais qu’elles devront êtres résolues au plus vite.

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« Le but de Boniek, explosif et magistral, vient récompenser l’équipe supérieure, le classe. Qui sait aussi jouer, elle a toujours plus de ressources que ceux qu’elle affronte, en particulier sur la scène internationale  » peut-on lire dans les colonnes du Guerin Sportivo. « La Juve a présenté sa carte de visite. Une grande équipe est née, écrit le journaliste italien Vladimiro Caminiti. Je l’écris sans le moindre doute. Et j’ajoute qu’elle est capable de n’importe quel exploit.  »Nous sommes la plus grande équipe du monde » m’avait dit Brio, chez lui, quelques jours avant le match. Il avait raison, ce n’était pas une phrase de supporter ».

A un pas de la gloire

C’est une nouvelle Juventus qui est entrain de naître. Elle succède à celle de Furino, qui ressemblait à son capitaine : indomptable et intrépide. C’est maintenant la Juventus de Platini et Bettega, créatrice de jeu, bien organisée tactiquement et pleine de personnalité. Avec cette victoire au Villa Park, elle confirme ses ambitions internationales. Au match retour, nouvelle démonstration et victoire 3-1. Vladimiro Caminiti ajoute : « A ce que je sache, il n’y pas d’équipe italienne plus grande que la Juventus, riche de capacités techniques acquises années après années, résultat d’une gestion administrative sérieuse ».

En demi-finales, la Juventus éliminera le Widzew Lodz, l’ancienne équipe de Boniek, mais échouera en finale à Athènes, contre Hambourg. Favorite, la Vieille Dame est méconnaissable, passe à côté de son match et s’incline 1-0. C’est le dernier match de Roberto Bettega, qui espérait enfin remporter cette Ligue des Champions et l’un des plus mauvais souvenirs pour les tifosi bianconeri.

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