La saison commencera officiellement ce samedi, à 18h. C’est une saison spéciale qui commence pour la Juventus après un changement d’entraîneur et l’ouverture d’un nouveau cycle. Voici les 5 grandes questions que l’on est en droit de se poser à l’aube et cette saison.

Sarri est-il un gagnant ?

D’une manière symbolique, la saison ne pouvait pas plus mal commencer pour Maurizio Sarri. L’entraîneur toscan est terrassé par une pneumonie qui l’empêche de diriger les entraînements et sa présence à Parme samedi pour son premier match officiel en tant qu’entraîneur de la Juventus est très incertaine. Des débuts pourtant très attendus alors que Sarri n’a jamais eu autant de pression sur les épaules. Au Napoli, le Scudetto était un rêve plus qu’un objectif. A Chelsea, l’écart avec des équipes comme Liverpool et City était publiquement reconnu et la troisième place obtenue est déjà un excellent résultat. Mais à la Juventus, les exigences sont les plus élevées qu’il ait rencontrées jusque là : il succède à un entraîneur qui compte quatre doublés Coupe-Championnat consécutifs et deux finales de Ligue des Champions en cinq années. Maurizio Sarri est-il capable d’atteindre son objectif minimal en remportant le Scudetto ? Il devra le prouver cette saison. Fort heureusement, il a effacé son image d’entraîneur sans trophée en remportant l’Europa League en mai dernier. Mais c’est un autre trophée européen que visera la Vieille Dame cette saison.

Le début d’une nouvelle ère en défense ? 

Plusieurs inconnus dans cette défense au moment de débuter la saison. Et la première concerne bien évidemment la façon de défendre. De l’aveu de l’entraîneur et des joueurs, la préparation a mis en évidence une certaine difficulté à appréhender les mécanismes de Sarri. Le Mister veut une défense qui presse haut et qui attaque le ballon, une conception radicalement opposée à celle de Massimiliano Allegri qui exigeait surtout une organisation tactique parfaite et forcément un peu plus d’attentisme. Les difficultés de ce jour sont donc compréhensibles face à un tel changement de mentalité. Mais les joueurs réussiront réellement à s’approprier cette nouvelle façon de jouer ? Sarri a-t-il prévu un plan B si les difficultés aperçues en préparation devaient persister ? A Chelsea, le mister n’a pas toujours réussi à imposer ses mécanismes de base, au point de voir parfois son équipe imploser (comme lors de la défaite 6-0 contre City). Un contexte pas évident non plus pour les nouvelles recrues qui arrivent dans une défense en pleine mutation.

Car côté mercato, la charnière centrale Bonucci-Chiellini (67 ans d’âge cumulé) est complétée par les arrivée de Merih Demiral (21 ans) et Matthijs De Ligt (20 ans). Auréolé de son statut de meilleur espoir international en défense après avoir séduit l’Europe entière avec l’Ajax, le Néerlandais doit maintenant prouver qu’il est également capable de s’imposer à l’étranger et dans la défense d’un des meilleurs clubs d’Europe. Méconnu, Merih Demiral a pour sa part séduit les tifosi par des interventions tranchées durant la préparation et en dégageant l’image d’un joueur très sûr de lui, ne connaissant pas la pression. Alors que les erreurs individuelles de Bonucci ont souvent été pointées du doigt et que Chiellini est un joueur sujet aux blessures malheureusement très fréquentes, la Juventus pourrait-elle finir la saison avec une paire titulaire Demiral-De Ligt ?

Ramsey et Rabiot : paris gagnants ? 

Fabio Paratici a prolongé la tradition des arrivées à paramètre zéro de Beppe Marotta avec les venues d’Aaron Ramsey et Adrien Rabiot pour renforcer le milieu de terrain. Deux joueurs talentueux sur le papier mais qui doivent encore démontrer leur capacité à s’adapter au championnat italien. Surtout deux zones d’ombre prédominent à leur sujet. Il y a d’abord la condition physique de Ramsey. Habitué à fréquenter l’infirmerie d’Arsenal, le Gallois sera-t-il capable de produire une saison à plus de 30 matchs et de répondre présent dans le sprint final ? L’an passé, son absence pour une blessure aux ischio-jambiers avait en partie plombé la fin de saison d’Arsenal. Quant à Adrien Rabiot, il reste à voir comment il se remettra des mois d’inactivité qui ont précédé son arrivée alors qu’il avait été exclu de l’effectif du Paris-Saint-Germain. A 24 ans, le Duc doit encore prouver qu’il est capable de s’imposer dans un grand club à l’étranger. Les réactions de son entourage, souvent décrit comme toxique, sont aussi attendues en fonction de l’avancée de sa saison. Le milieu de terrain est un secteur déficitaire depuis trop longtemps à la Juventus. Alors que le mercato avait peu de certitudes à offrir à ce poste, Fabio Paratici a fait le choix de paris. Si ceux-ci se révèlent gagnants, il faudra féliciter le directeur sportif pour avoir renforcé l’équipe à un coût aussi dérisoire.

Higuain en a-t-il encore dans le ventre ? 

Bien que la Juve ait tout fait pour s’en séparer, le Pipita a fait la sourde oreille et ne devrait finalement pas quitter la Juve cet été (c’est la tendance au moment d’écrire ces lignes). Un retournement de situation qu’on n’aurait pas imaginé lorsque ce dernier avait été envoyé vers Milan l’été dernier d’autant que Maurizio Sarri, avec qui il entretient une relation particulière, avait laissé entendre qu’il ne prendrait pas position sur ce dossier. S’il n’est pas assuré d’être titulaire, Gonzalo Higuain aura forcément un rôle important dans l’attaque, surtout avec les réticences de Ronaldo à occuper le poste d’attaquant de pointe que Sarri imaginait initialement pour lui. De plus, on imagine mal un joueur touchant un salaire annuel de 7,5 millions rester en permanence sur la touche.

Meilleur buteur du championnat sous les ordres de Sarri à Naples, auteur de 55 buts en deux saisons à la Juventus, Gonzalo Higuain peut-il encore être un atout pour la Juventus ? Sur la préparation, alors qu’il était en position de faiblesse, Pipita s’est montré exemplaire et à la Continassa, on confie ne l’avoir jamais vu aussi motivé à l’entraînement. Un état d’esprit qu’on espère le voir conserver même après la fermeture officielle du mercato et la réattribution de plus en plus probable de son numéro 9 (il porte le 21 aujourd’hui). Déjà partenaire de Cristiano Ronaldo au Real Madrid, Higuain retrouvera le Portugais cette saison et devra s’intégrer dans une équipe qui jouera en grande partie sur les qualités de CR7. C’est donc dans un rôle plus altruiste qu’on souhaite revoir le Pipita, tout en espérant qu’il retrouve son sens du but et ses qualités de finisseur qui ont fait son succès et qui lui ont cruellement manqué à Milan puis Chelsea. Des problèmes de finition que la Juventus a également connu la saison dernière alors que Mandzukic était en panne sur la seconde partie de saison et que Dybala manquait de lucidité face au but. Âgé de 31 ans, Gonzalo Higuain fait sans doute face au dernier grand défi de sa carrière.

Est-ce enfin la bonne année ?

Après deux finales de Ligue des Champions en 2015 et 2017, l’arrivée de Cristiano Ronaldo devait être la pièce finale qui permettrait à la Juventus de finalement remporter le trophée tant désiré. Malgré des débuts prometteurs, la première saison de CR7 s’est conclue par un échec aux quarts de finale et a mis un terme au cycle de Massimiliano Allegri. Pour le remplacer, la Juventus a fait le choix d’un entraîneur plus âgé, attaché au jeu et au divertissement mais au palmarès faible. Elle a continué à investir sur le mercato avec notamment l’arrivée de Matthijs De Ligt, troisième transfert le plus coûteux de l’histoire du club ou encore des coups malins au milieu de terrain mais qui ont un impact significatif sur la masse salariale. La fin du mercato aura laissé une impression en demi-teinte, entre le départ forcé puis avorté de Paulo Dybala – dont la présence cette saison reste incertaine –  et l’impossibilité de vendre les éléments indésirables.

Cette année peut-elle être la bonne ? Il est sans doute trop tôt pour le dire. Trop d’incertitudes sur les capacités de cette Juventus dans les mains de Sarri mais trop d’incertitudes aussi sur le niveau de nos concurrents principaux : entre un Real en reconstruction, un Bayern qui semble stagner ou encore un Liverpool en apparent état de grâce mais dans un championnat qui ne lui laisse aucun répit etc… En résumé, la Juventus doit démarrer chaque saison avec l’objectif de la gagner et la conscience d’avoir fait les efforts nécessaires pour y arriver durant l’été. Comme l’a récemment dit Sami Khedira, « On ne peut pas se cacher sinon on ne sera pas crédible : on n’achète pas Ronaldo ou De Ligt pour sortir en quarts ou en demi-finales ». Mais si le caractère imprévisible de la compétition, entre condition physique, blessures ou décisions arbitrales, ne doit pas transformer cet objectif en obsession, un état des lieux du projet sportif sera peut-être nécessaire en cas d’échec répété en quarts de finale.

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