Andrea Agnelli est le protagoniste de Tuttosport aujourd’hui. Le quotidien turinois lui a réservé quatre pages au cours desquelles il détaille la politique du club, sur le plan sportif et surtout extra-sportif. Première partie d’une interview qui confirme que la société est entre de bonnes mains.

Président Agnelli, partons de Cardiff : la défaite a-t-elle changé quelque chose ?
« Alors, reprenons mes dernières paroles après le match. Le sens était le suivant : évaluons la saison dans sa globalité. Nous sommes très fiers de toutes les personnes qui ont travaillé à la Juventus et qui ont participé à la conquête du sixième titre consécutif et la troisième Coppa Italie de suite. Nous sommes fiers de ce que nous avons fait. La Champions League est une compétition européenne durant laquelle passer à côté de seulement 20 minutes peut être déterminant. Mais juger une saison pour 20 minutes serait une erreur ».

Il y a eu des frictions à la mi-temps ?
« Absolument pas. Aucune friction. Comme pour tous les matchs, je suis descendu dans les vestiaires avant le match, à la mi-temps et après. Je vais toujours dans le vestiaire. Et je suis témoin oculaire. A Cardiff, il n’y a eu aucun différend, aucune bagarre ».

Alors que s’est-il passé en seconde période, d’un point de vue tactique ?
« J’ai des compétences spécifiques dans d’autres domaines. Mon rôle est la gestion annuelle de mes dirigeants pour ce qu’ils font durant la saison. Les 20 minutes sur le terrain sont analysées par les entraîneurs. Parce que si nous devions évaluer les 90 minutes à Turin contre le Barça, nous aurions des raisonnements différents. On ne peut pas juger une saison sur ses 20 dernières minutes ».

Une Juve légendaire donc, qui a gagné son sixième Scudetto de suite et la troisième Coppa Italia de suite.
« Nous ne comprendrons le vrai sens de ce qui a été accompli que dans de nombreuses années. Pour moi, ce n’est qu’un point de passage. Ca représente la base sur laquelle construire les sept prochaines années. La beauté du sport réside dans le fait que chaque saison, on repart de zéro. Et les 97 points d’écart accumulés sur nos dauphins les années précédentes ne comptent plus. Si tu gagnes, tu repars de zéro. Si tu perds, tu peux réessayer ».

Le modèle à suivre pourrait être celui du Real Madrid de Florentino Perez ? Acheter des champions qui entraînent des rentrées d’argent qui les remboursent.
« Le Real Madrid fait sûrement rêver mais je dois regarder le modèle entrepreneurial et je dois penser aux différentes réalités qui existent en Allemagne, en Espagne, en Angleterre. Si j’imagine un modèle d’organisation, j’observe tout de suite celui allemand. Si je pense au stade, je regarde l’Angleterre. Si je pense aux flux commerciaux, au musée, aux autres activités comprenant un parcours émotionnel, le Barça me vient à l’esprit. Il faut rester nous-même en observant l’élite européenne. Nous voulons transmettre une nouvelle identité à nos tifosi, à ceux qui vivent en Italie et en Europe, au même titre que ceux qui sont en Orient ou en Amérique, avec des produits qui peuvent être plus orientés lifestyle ».

Pouvez-vous nous expliquer plus en détails comment un tel projet se concrétise ?
« Il faut observer avec attention ceux qui nous suivent. En Italie, plus de 14 millions de personnes, en Europe 50, dans le monde 350. Mais il faut cependant distinguer les sympathisants des vrais tifosi. Nous aurons une manière différente de nous positionner par rapport au consommateur bianconero. Du projet de restauration Juventus à certaines activités commerciales sous franchise en Asie et en Amérique. De manière à ne pas seulement avoir l’élément distinctif du grand champion, mais aussi proposer le club comme référence. Le nouveau store inauguré au Stadium représente un modèle important de ce monde Juventus qui s’élargit. Maintenant, en sortant du musée, on entre directement dans le store de la Juventus, l’un des plus grands en Europe. L’internationalisation part toujours de notre maison mais c’est le monde qui nous intéresse ».

Pour ces raisons, le stade aurait-il besoin d’un agrandissement d’au moins 10 000 places ? Et puis, considérez-vous qu’il est nécessaire de changer de politique sur les billets en augmentant le prix ?
« Non, aucune extension. Nous avons construit le stade qu’il fallait en se basant sur une étude très soignée. 3 000 ou 4 000 places de plus ne changent rien. Ce serait plus significatif de parler de 20 ou 25 000 places supplémentaires. Mais lors de la conception, nous avons fait le choix d’un stade de 42 000 places : ajouter 20 000 places serait une erreur. Nous avons une infrastructure en permanence à guichets fermés depuis qu’elle est ouverte. Avec 95-96% de taux de remplissage par match, nous sommes sur la moyenne allemande, c’est ce que nous voulions ».

Mais un cercle vertueux de victoires ne créerait pas un intérêt et donc une participation plus importante ?
« Si nous suivions ce raisonnement, nous devrions construire un autre stade. Mais pour le moment, nous ne sentons pas cette exigence. Ce sera important, en revanche, d’appliquer la bonne politique de prix, en rapport avec le spectacle. Le modèle à suivre est l’Angleterre ».

La Juventus, dans un championnat comme la Liga, serait au niveau du Real, en Premier League au niveau des meilleurs. La Serie A ne limite pas un peu les bianconeri ?
« Non, ce n’est pas comme ça car je ne vois pas de championnats avec des dynamiques très éloignées des nôtres. Le niveau de notre tournoi est élevé, à l’intérieur il y a un championnat de premier et de second niveau. Et un de troisième rang. Certes, les Milanaises ont manqué à l’appel mais regardons ce qu’il se passe à l’étranger. En France, il y a globalement trois équipes, en Allemagne encore moins et en Espagne aussi. Seule l’Angleterre est différente puisque six-sept clubs se disputent le titre. Dès l’année prochaine, l’Italie aura de nouveau quatre places en Ligue des Champions, notamment grâce à la Juve. Et j’espère que derrière nous, les Milanaises réapparaîtront ».

Bien que le nombre de supporters de la Juventus augmente, les réseaux sociaux génèrent des discussions violentes, de véritables campagnes de haine contre les couleurs bianconere. Est-il normal que les joueurs aussi soient impliqués ?
« Dans 99% des cas, on ne s’affronte qu’avec des avatars ou des personnages virtuels. Répondre à DeltakaK4 ou ForzaJuve ou ForzaNapoli a peu de sens. Le développement des réseaux sociaux du côté des joueurs, au moins en ce qui nous concerne, est suivi et géré. Il faut rester attentifs à l’utilisation des réseaux sociaux. Si je pense aux Chiellini, aux Buffon ou encore aux Barzagli qui ont grandi sans cela puis aux Dybala ou aux Kean qui sont des digital natives, je me rends compte qu’il y a de nombreuses différences ».

A suivre…

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