C’est officiel. Nous avons le tableau final de la Ligue des Champions, et la Juventus connaît son adversaire. L’Ajax Amsterdam, encore en lice après avoir terminé deuxième de son groupe derrière le Bayern Munich sans concéder une seule défaite, s’est hissé en huitièmes de finale et, après un résultat presque injuste à la Cruyff Arena, a renversé la situation pour sortir le club champion d’Europe. Si le tirage paraît clément, l’adversaire est à ne pas prendre à la légère et la double-confrontation à laquelle nous allons assister s’annonce passionnante. Surtout lorsque l’on sait que les deux clubs se connaissent déjà, et ont un passé commun historique…

L’Ajax et la Juventus se sont rencontrés à plusieurs reprises, et ce toujours en Coupe d’Europe : Europa League ou Ligue des Champions, les deux équipes se sont croisés à douze reprises sur le rectangle vert. Avec six victoires, quatre matchs nuls et seulement deux défaites, la Juve a un certain avantage dans l’historique des confrontations. Quant aux qualifications et aux victoires, elles vont toutes dans le même sens : la Juventus n’a jamais été éliminée par l’Ajax en Coupe d’Europe. Jamais ? Une exception confirme malheureusement la règle, puisque le 30 juin 1973, lorsque les deux clubs légendaires se retrouvent en finale, c’est l’équipe de Cruyff qui s’impose 1-0 et qui soulève la coupe aux grandes oreilles. Cependant, 23 ans plus tard, lorsque la finale de la plus prestigieuse des compétitions réunit à nouveau les deux équipes, la Juventus a bien l’intention de s’imposer coûte que coûte, pour oublier cette triste finale perdue des années auparavant. Le 22 juin 1996, le Stadio Olimpico de Rome accueille deux clubs qui vont se disputer le titre de champion d’Europe.

Spoiler : cet article se finit bien. / Crédits photo : Juventus FC

Un contexte favorisant la tension

Si les deux clubs se sont rencontrés auparavant en finale, cela fait, à ce moment-là, plus de 18 ans que ces équipes ne se sont pas affrontées, la dernière confrontation datant de 1978 (remportée par la Juventus aux tirs au but). Toutefois, les deux clubs impressionnent l’Europe et font parler d’eux : d’un côté, la Class 95 est l’actuelle équipe championne d’Europe, qui a réussi à conquérir le continent grâce à une équipe de jeunes joueurs excessivement talentueux et motivés. De l’autre, la Juventus a réalisé le doublé Coppa Italia Scudetto la saison précédent cette finale, à l’heure de l’apogée de la Serie A. De plus, les bianconeri comptabilisent trois finales de Coupe UEFA sur les six dernières années, dont deux remportées. Forcément, la Vieille Dame fait peur et le duel qui s’annonce laisse penser que la rencontre sera historique et mémorable pour le football, dans une compétition faite de moments intenses et passionnés comme ceux-ci. Alors que cela fait neuf ans que la Juventus n’a pas senti l’odeur de la Ligue des Champions, son retour tonitruant et son parcours de brute fait peur à beaucoup : en phase de poules, le club écrase Dortmund 5-2 sur les deux rencontres, fait 3-0 contre Bucarest et 8-1 contre les Rangers, se hissant tranquillement à la tête du groupe. Les quarts de finale opposent le Real aux bianconeri, qui s’en tirent avec un 2-1 sur la double confrontation puis s’impose 4-3 contre le FC Nantes, laissant un message de domination sur l’Europe. L’Ajax n’a cependant pas à rougir, puisqu’en tant que champion de la compétition en titre, le club d’Amsterdam part largement favori.

La composition de la Juventus lors du grand soir / Crédits photo : Juventus FC

Un match légendaire

C’est donc en cette chaude soirée du 22 juin 1996 que le Stadio Olimpico accueille deux géants d’Europe qui ont pour but de soulever, une nouvelle fois, la coupe aux grandes oreilles. L’équipe de Lippi, sur le papier, est énorme : Peruzzi aux buts avec Torricelli en latéral droit et Pessotto à gauche qui viennent soutenir la charnière Ferrara – Vierchowood. Au milieu, l’indémodable Conte – Sousa – Deschamps est aligné par Lippi, qui ne change pas ses habitudes. En attaque, le trio Ravanelli – Vialli – Del Piero fait peur à voir et est particulièrement menaçant. L’Ajax est un gros concurrent aussi : Van der Sar, les frères De Boer, Litmanen et Davids, entre autres, renforcements les rangs des héritiers de Cruyff.

Enfin, après le traditionnel hymne de la compétition et sous un bruit assourdissant créé par les supporters, la rencontre débute, à sens unique. La Juventus rentre directement dans le match, alors que l’Ajax a du mal à s’y mettre. Le trio offensif multiplie les occasions, mais Ravanelli manque deux fois le cadre. Cependant, juste avant le quart d’heure de jeu, la domination de la Juventus est enfin récompensée : alors qu’un ballon bianconero arrive sur Franck De Boer dans la surface, Ravanelli déboule à toute allure pour tenter de profiter du mauvais contrôle du hollandais. Cependant, Van der Sar l’a vu et fait une sortie osée. Lui et De Boer se jettent des bâtons dans les roues et s’emmêlent complètement les pinceaux, et Ravanelli en profite pour récupérer le ballon perdu. Pratiquement de l’autre côté de la ligne de sortie de buts, il tente le tout pour le tout en frappant en direction des cages, et le temps s’arrête quelques instants. Le stade ne respire plus et voit ce ballon qui se dirige vers les buts, avec Sonny Silooy élancé à ses trousses pour le dégager. Lorsqu’il y parvient, c’est trop tard : le ballon a franchi la ligne et la Juventus mène 1 à 0. Les tifosi explosent de joie et le stade rugit ; après plusieurs années sans voir la compétition, le rêve du titre est permis pour les bianconeri. La rencontre est calme pendant la demi-heure qui suit, les deux défenses répondant tout le temps présentes et ne laissant rien passer. C’est juste avant la mi-temps, à la 41ème minute, que l’inévitable Litmanen trouve le chemin des filets et vient faire douter la Vieille Dame. La mi-temps vient ensuite, et permet aux deux clubs de souffler. Au retour des vestiaires, c’est le feu sur le terrain : les occasions se multiplient pendant les dix minutes suivant la reprise, avant que le match ne se ferme et ne laisse aucune place aux attaquants des deux clubs. L’entrée de Di Livio et Padonavo ne change pas grand-chose, et sans grand évènement jusqu’au coup de sifflet finale, les deux équipes filent en prolongations. La tension est à son comble : la Juventus doit à tout prix s’imposer, elle qui pourrait réaliser l’exploit de remporter une compétition dont elle a été absente pendant dix ans. La prolongation est du même acabit que la fin de match, montrant de gros signes de fatigue dans les deux camps. C’est donc à la 120ème minute que se termine ce match, sur le score nul de 1 – 1, et les deux équipes se dirigent vers le point de penalty pour procéder à l’insoutenable séance de tirs au but. Edgar Davids, que le destin nouera à la Juventus l’année suivante, s’élance et rate son tir. Explosion de joie chez les tifosi qui y croient. Ferrara, lui, marque le sien, et tous les joueurs qui suivent également. A 3 – 2, c’est Silooy, l’homme qui a failli empêcher le premier but de la Juve, qui s’élance… et qui rate. C’est la délivrance : un seul but offrirait le titre à la Vieille Dame. Jugovic, rentré juste avant la mi-temps, prend la lourde responsabilité de tirer ce penalty. Le stade frissonne, Van der Saar aussi, et tous les amoureux de la Vieille Dame ne peuvent plus respirer. Finalement, il parvient à cadrer et faire trembler les filets. La Juventus est championne d’Europe après dix ans d’absence dans la compétition, et Marcello Lippi vient de réaliser ce qu’il qualifie aujourd’hui de « son plus beau souvenir ». Il y a 25 ans, la Juventus a réussi à réaliser un exploit qu’elle tente de reconquérir depuis, sans succès.

Marcello Lippi et le trophée tant convoité / Crédits photo : Getty

Cette finale rappelle de nombreux (bons) souvenirs aux amoureux de la Vieille Dame, qui ont vu la Juventus de Lippi soulever le trophée le plus prestigieux du football en club. Dernière finale remportée à ce jour, elle a laissé des traces chez les tifosi qui ont vécu ce moment, et fait rêver les plus jeunes qui n’ont pas encore eu l’occasion de voir la Juventus soulever ce trophée tant convoité. De quoi motiver les joueurs d’Allegri pour se qualifier en demi-finales ? Nous l’espérons bien évidemment grandement, mais l’Ajax est un club avec un lourd héritage et à prendre très au sérieux : rien n’est joué d’avance et l’équipe devra tout donner pour tenter d’aller plus loin. Demander conseil à Marcello Lippi pourrait aider…

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here