Connu pour être le seul sélectionneur à ne pas avoir qualifié l’Italie à la Coupe du Monde jusqu’au fiasco Ventura, Alfredo Foni a pourtant été une légende de la Juventus en tant que joueur. En ce jour qui célèbre son 107ème anniversaire, nous lui rendons hommage.

Pas mal pour une doublure

Né le 20 janvier 1911 à Udine, la carrière d’Alfredo Foni débute dans le club de sa ville natale. En 1929, il rejoint la Lazio puis Padova en 1931 et enfin la Juventus en 1935. Il est recruté comme doublure du latéral droit Virginio Rosetta, autre légende de la Juventus et qui débutait alors sa douzième année sous les couleurs de la Vieille Dame. Il est aussi considéré comme une solution valide en cas de problèmes dans le couloir gauche, occupé par Umberto Caligaris. Pourtant, lors de sa première saison à la Juventus, Foni cumule plus de temps de jeu que ses deux coéquipiers en fin de carrière. Il alterne ainsi les matchs à gauche et à droite, contribuant ainsi à offrir le cinquième et dernier Scudetto du mythique Quinquennio d’Oro de la Juventus. Il remporte alors, et sans le savoir, son seul titre de Champion d’Italie.

Un record hors-norme, surtout pour un défenseur

Le palmarès d’Alfredo Foni avec la Juventus n’a rien d’impressionnant : un titre de Champion d’Italie (1935) et deux Coupes d’Italie (1938 et 1942). Il écrit en revanche l’histoire avec la Nazionale en étant d’abord sacré Champion Olympique à Berlin en 1936 puis Champion du Monde en 1938. Mais si Alfredo Foni est bien entré dans l’histoire de la Juventus, c’est pour un record qu’on imaginait alors imbattable : 229 matchs consécutifs. Un exploit aujourd’hui mais qui l’était déjà à l’époque tant la sévérité des arbitres italiens était redoutée. Malgré son rôle de défenseur, Alfredo Foni n’a, comme Gaetano Scirea quelques années plus tard, jamais été suspendu.

Ce record, long de sept championnats, débute en un jour historique, le 2 juin 1935, lorsque la Juventus remporte à Florence le match lui offrant le cinquième Scudetto consécutif. Il prend fin le 31 janvier 1943, lors d’un derby contre le Grande Torino. La semaine suivante, Alfredo Foni ne figure pas sur la feuille de match. C’est la guerre qui l’empêche de prolonger ce record : l’Italie est alors bombardée et Foni est convoqué par l’armée à Rome. Une convocation qui signe pratiquement l’arrêt de sa carrière tant le latéral a peu joué par la suite. Il quitte la Juventus en 1947 pour Chiasso et prend sa retraite au terme de la saison qui suit. Son record est finalement brisé une trentaine d’années plus tard par le mythique Dino Zoff. Le portier compte 330 matchs consécutifs au compteur mais dans le rôle bien différent qu’est celui de gardien, moins exigeant physiquement et moins exposé aux coups et blessures.

« C’est juste ton devoir »

Appelé à commenter son record de nombreuses années plus tard, Alfredo Foni délivre un témoignage démontrant à quel point le football a changé depuis cette ère de modestie : « Quand j’étais sur le point de battre le record de présences en championnat, je l’ai fait savoir au vice-président de la Juventus, le « Baron » Mazzonis. Je m’attendais à un encouragement ou un compliment. Mais le baron m’a répondu que tout ce qu’il voyait, c’est qu’il me réglait toujours mon salaire et donc qu’en battant ce record, je n’aurais fait que mon devoir. Je suis resté bouche bée. J’ai tourné les talons et je m’en suis allé ».

Un attaquant reconverti

Resté dans l’histoire comme l’un des défenseurs les plus précis de l’histoire de la Juventus, Alfredo Foni n’était pas vraiment un prédestiné aux tâches défensives. Utilisé comme attaquant à la Lazio, il ne marque pas les esprits et se convertit progressivement en latéral. Une métamorphose qu’il achève en rejoignant la Juventus, après avoir été testé au milieu, sur les ailes et une nouvelle fois en attaque. Le mythique journaliste Gianni Brera dira de lui « qu’il jouait vraiment bien, parfois avec agilité. De son pied droit, il adressait de long ballons puissants, son extérieur du pied était un délice ».

C’est son manque de fantaisie qui le fait reculer jusqu’à la ligne défensive et aussi une faible habilité à marquer des buts. Dans la presse, on le définit « comme un joueur calme et mesuré, parfois un peu trop, il dose avec intelligence ses passes. Il crée parfois des occasions mais agace le public parce qu’il en manque d’autres excellentes ». Malgré son record de présences à la Juventus, il ne marquera jamais un but dans le jeu. Ses réalisations ont toutes été inscrites sur penalty.

Si son sens du but pouvait donc laisser à désirer, son jeu défensif ne laissait en revanche aucune place à la critique. Toujours placé au bon endroit au bon moment, il avait cette capacité à temporiser et laisser son équipe reprendre ses esprits. Son compère de toujours à la Juventus et en Nazionale, Pietro Rava, avec qui il a gagné les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde raconte : « Je jouais avec beaucoup d’élan et de force. Mais lui, il avait une technique supérieure, un grand calme et une sérénité extraordinaire ».

Décédé un dimanche de 1985 en Suisse, une semaine après son 74ème anniversaire, l’histoire dit qu’il a juste eu le temps de voir les buts d’un championnat qui lui tenait tant à coeur… 

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