S’il n’a pas forcément trouvé la formule tactique gagnante comme les saisons précédentes, Massimiliano Allegri a conquis un 4ème doublé consécutif à l’aide de choix forts.
Pas de formule gagnante…
Malgré un effectif qui ne cesse de se transformer, Massimiliano Allegri n’a jamais été à court d’idées pour maintenir le cycle de victoires de son équipe. A son arrivée à la Juventus, il reprend le groupe de Conte et y ajoute sa patte en instaurant une défense à 4 et en plaçant Arturo Vidal meneur de jeu derrière les attaquants. La saison suivante, voyant les difficultés que son équipe rencontre et l’inefficacité de Hernanes en numéro 10, il replace ses joueurs dans leur zone de confort avec le retour au 3-5-2. Nouveau changement quelques mois plus tard avec un 4-2-3-1 que personne n’a vu venir et un Mandzukic réinventé en ailier gauche. Cette année, Max Allegri a tenté six modules différents : 4-2-3-1 ; 4-3-3 ; 3-4-2-1 ; 4-2-3-1 ; 4-1-4-1 et 3-5-2. Sans jamais trouver la formule véritablement gagnante. Mais le mister a plus d’un tour dans son sac et pour faire la différence, il a su jouer sur les individualités.
L’évolution du XI titulaire de la Juve depuis 2011-12 et les recrues de chaque saison. [Gazzetta] pic.twitter.com/1TyXzx8Pfc
— FrSerieA (@FrSerieA) 15 mai 2018
… Mais des choix payants
Mandzukic n’est pas le seul joueur transformé par Allegri. A l’arrivée de Pjanic à la Juve, le mister assure qu’il sera le regista du futur. Si les premières prestations sont peu concluantes, le choix est payant sur le long terme. Cette année, s’il a peiné à réinventer un module tactique proposant un jeu convaincant, il a fait la différence en misant à nouveau sur les qualités individuelles de certains joueurs. En début de saison, il utilise Blaise Matuidi pour faire varier le module du 4-3-3 en phase défensive au 4-2-3-1 en phase offensive. Il replace Kwadwo Asamoah en latéral gauche dans une défense à quatre et n’hésite pas à non plus à l’utiliser dans une défense à trois comme récemment contre Bologne. Le titulaire au poste, un Alex Sandro en grande difficulté, voit ses qualités physiques et techniques réemployées en ailier offensif. Un choix qu’il avait déjà exercé avec son compatriote Dani Alves. Il accorde à Douglas Costa une grande liberté tactique, lui permettant de déséquilibrer les défenses adverses à droite et à gauche dans le même match. En cette fin de saison, Cuadrado recule en latéral droit pour lui permettre d’apporter le surnombre en phase offensive.
Les changements gagnants, c’est aussi ce qui a fait la force d’Allegri durant toutes ses années : Morata entre et marque en finale de Coppa, Zaza buteur décisif contre le Napoli ou encore Pjaca déterminant contre Porto pour ne citer que quelques exemples marquants. Le Mister n’a pas perdu sa lucidité cette année. Il élimine Tottenham en grande partie grâce aux entrées de Lichtsteiner et Asamoah, en maintenant Sandro. Contre la Sampdoria, il remplace Pjanic blessé par un Douglas Costa qui fait tout de suite la différence avec trois passes décisives. Plus récemment, contre l’Inter, il lance Dybala pour la dernière demi-heure. Deux passes décisives pour l’Argentin et un rôle clé dans la conquête d’un match décisif pour le Scudetto.
On dit de lui qu’il divise le vestiaire. C’est peut-être parce qu’il fait ses choix indépendamment du statut des joueurs. Leonardo Bonucci peut en témoigner, lui qui avait assisté à un huitième de finale de Ligue des Champions depuis la tribune après avoir remis en cause l’autorité de son entraîneur. Cette année, il n’a pas hésité à mettre des leaders sur le banc lorsque c’était nécessaire. Dernier exemple en date avec l’exclusion du Pipita en finale de Coppa Italia.
Le jeu, c’est bien. La victoire, c’est mieux
Alors l’idée n’est pas de dire qu’Allegri ne commet aucune erreur. Il passe à côté de son match aller contre le Real. Il se montre trop timide contre le Napoli et le paie avec un but dans les dernières secondes. De ses changements gagnants, il admet parfois « corriger [ses] propres erreurs ». Il a douté aussi, entre le module et sa remise en cause après une défaite à Gênes contre la Sampdoria : « J’ai toujours trouvé la solution et je finirai par le faire cette année aussi ». Mais il est malgré tout déterminant dans l’évolution de la Juve.
Au-delà du palmarès et ses deux finales de Ligue des Champions, il s’adapte systématiquement aux transformations de son effectif. Il étudie les joueurs et leur ouvre de nouveaux horizons. Il ne pratique certainement pas le plus beau jeu d’Italie mais ne perd jamais de vue que son objectif est la victoire et pas le spectacle. Un concept que Sarri n’a peut-être pas su appréhender sur la dernière partie de saison pour empêcher la Juventus de gagner alors que son Napoli, à bout de souffle, ne parvenait plus à produire le jeu léché qu’on lui connaissait. « Le plus difficile dans le football, c’est de conjuguer le beau jeu à l’obtention des titres » rappelait Allegri la semaine dernière.
Ils disent de lui
Si certains joueurs ont du mal à s’entendre avec lui, Dani Alves et Leonardo Bonucci par le passé, Alex Sandro et Claudio Marchisio à en croire certaines rumeurs cette année, d’autres lui sont reconnaissants et se verraient bien poursuive avec lui.
Blaise Matuidi : « C’est un entraîneur exceptionnel. Il a beaucoup de mérite. C’est un très grand tacticien et il a cette capacité à nous transcender ».
Mario Mandzukic : « C’est un des meilleurs entraîneurs d’Europe (…). Je suis heureux de pouvoir travailler avec lui. C’est quelqu’un qui sait écouter ses joueurs ».
Miralem Pjanic : « Moi, je voudrais qu’il reste parce que je me sens bien avec lui et il m’a fait progresser ».
Douglas Costa : « Grâce à Allegri, j’ai compris l’importance des ailiers dans la phase défensive. Il a fait de moi un joueur meilleur »
Gianluigi Buffon : « C’est une Juve redessinée par l’intuition de notre entraîneur. Parfois, il fait ces prouesses, je ne sais pas d’où ça lui vient mais ça lui réussit bien. Il faut vraiment féliciter Allegri ».
Kwadwo Asamoah : « Il est très bon et est toujours proche des joueurs, sur le terrain et en dehors. Il aide beaucoup ceux qui jouent et aussi ceux qui sont moins souvent sur le terrain. Je suis convaincu que nous pouvons encore faire beaucoup de chemin avec lui ».
Et maintenant ?
Dans les prochaines heures, Massimiliano Allegri rencontrera la direction pour parler de son avenir. Terrassé par la défaite de Cardiff, le mister avait été tout proche de quitter la Juventus l’été dernier. Cette année, lassé d’être constamment remis en cause par une partie de l’opinion publique et la presse, il pourrait peut-être décider de quitter la Juve sur un énième triomphe. Si tel devait être le cas, il faudra beaucoup de ressources à son successeur pour faire mieux… Ou même tout simplement aussi bien.