Pour vous, lecteurs et lectrices de Stile Juve, Romain Bortolotto (@RomBto) a répondu à nos questions. Ancien rédacteur chez Calciomio et surtout fervent tifoso de la Juventus, il n’a pas hésité à répondre favorablement à notre requête. Le programme vous le connaissez déjà : Représentativité, image et actualité de la Juventus.
Quand je vous dis « Juventus » qu’est ce qu’il vous vient à l’esprit ?
« Pour moi ce qu’il me vient tout de suite à l’esprit c’est mon grand-père, mon père, toute ma famille…ça a toujours été « Juventus, Juventus, Juventus » donc je n’ai pas trop eu le choix. Je pense aussi forcément aux couleurs…beaucoup de défaites aussi ! (rires), en finales de la Ligue des champions quand j’étais plus jeune…et Roberto Baggio aussi ! Voilà. »
Que représente la Juventus pour vous ?
« De manière très intime, moi ça me fait vraiment penser à mon grand-père qui est parti et que je n’ai pas trop connu. C’est lui qui me ramenait souvent des maillots ou des casquettes tout ça quand il revenait d’Italie…du coup je rattache vraiment la Juventus à lui, à tout ça. J’ai été estampillé Juve grâce à lui donc la Juventus c’est mon grand-père pour moi. »
Quel est ton meilleur souvenir lié à la Juventus ? Le pire ?
« Mon meilleur souvenir avec la Juventus, c’est étrange, mais c’est la relégation. De voir tous ces champions qui sont restés, ça m’a vraiment marqué…Del Piero, Nedved, Trezeguet, Camoranesi, Buffon…tout ceux-là. C’est vraiment un grand souvenir d’avoir suivi cette saison en Serie B. C’était une vraie fierté de voir des mecs comme ça se sacrifier pour le club et « perdre » une année sur des récompenses individuelles…toutes ces choses « à la con » auxquelles on pense aujourd’hui un peu trop. Du coup, c’était beau je trouve…malgré que ça fasse mal c’était beau.«
« Après mon pire souvenir, et ben… Nedved son deuxième carton jaune ! (rires), et la finale face au Milan qui a suivi. Cela a été horrible…horrible, parce que quand il a pris son deuxième carton jaune je crois que l’on a tous compris que c’était foutu (rires). Malgré que voilà, c’est la Juve est ça ne lâche pas, il y a comme eu une petite…je ne sais pas…je crois qu’on a tous compris que c’était foutu à ce moment-là. »
Quelle a été la Juventus (toutes époques confondues) la plus impressionnante qu’il t’a été donné de voir jouer ?
« Celle de Lippi en 2003…mais j’hésite aussi avec celle de Capello avec Zlatan, avec Cannavaro…tous ces mecs que l’on a retrouvé en finale de coupe du monde par la suite. C’est là que tu te rends compte : « Houa, p** on avait vraiment une équipe de fou ». Rien ne pouvait nous arriver même si on jouait super mal (rires). C’était vraiment solide sur toutes les lignes. Je crois qu’il y avait aussi Emerson au milieu ? Des mecs qui ont été au top de leur carrière chez nous à la Juve. C’était fou. Au final, je dirais peut-être Capello…même si Lippi je le préfère 1000 fois à Capello !«
Quel est ou a été le joueur (toutes Juve confondues) qui représente le plus la Juventus ?
« Je pense que la plupart des gens te diront Del Piero. C’est le travail, l’humilité et le mec n’a, je crois, jamais fait un écart. C’est le joueur un peu « intouchable ». Moi après il y en a un qui m’a aussi vraiment marqué c’est Nedved. Même s’il n’a peut être pas cette symbolique des joueurs italiens ayant joué pour la Juve, c’était vraiment le mec sur lequel on pouvait compter, le « charbonneur », le mec qui était décisif tout le temps, tout le temps au « taquet »…et puis cette chevelure au vent (rires)…c’était magique ! Et puis aussi la belle histoire avec son transfert et les fourberies de Raïola…Nedved un peu à part malgré tout même si Del Piero sera pour toujours un peu au-dessus.«
Que représente la Juventus pour le football italien ? Européen ?
« Pour le foot italien je pense que c’est le club phare. C’est aussi le côté un peu tradition tout ça. Quoi dire d’autre…il y a aussi toutes ces histoires avec l’usine, le sud et ces gens un peu attaché à la Fiat…ça reste important et c’est clivant pour tout le monde. Après pour moi la Juve c’est LE club d’Italie mais je pense que c’est le cas pour beaucoup de monde. »
« Au niveau européen, ça fait mal hein (rires)…ça fait super mal ! Pour moi au début tout ce que j’ai associé à la Juve ça a été un peu douloureux. Déjà l’époque Baggio lors de la coupe du monde 1994…c’était déjà une défaite au penalty ! Ensuite, ça s’est enchaîné avec toutes les finales de la Juve que l’on a tout le temps perdu…quasiment…donc oui, la Juventus en Europe ça représente pour moi de la souffrance. Du coup pendant une période, je crois inconsciemment, je me disais que c’était surtout la Serie A qu’il fallait gagner. Point barre. Je crois qu’inconsciemment j’étais vraiment blasé. Il y a toujours cette dernière marche…on n’y arrive pas et tu as l’impression qu’à chaque fois qu’on y parvient l’équipe se liquéfie. »
Que pensez-vous des changements opérés par le club visant à faire de la Juventus une marque mondiale ? (nouveau logo, futur maillot domicile peut être sans rayure, maillot basket…)
« Bizarrement, moi je m’en fout un peu. Tout ce que je vois c’est qu’on continue de gagner, tout le temps. Finalement je pense que c’est quand même un peu ça qui compte, c’est ça l’adn de la Juve. Après, c’est vrai que ça fait un peu bizarre…on perd un peu les symboles tout ça mais on a un président qui est incroyable. Il anticipe chaque évolution…je pense au stade, je pense à tous les partenariats qu’il crée un peu partout…de casser un peu les codes, de faire de la Juventus une marque et d’être capable d’aller chercher un joueur comme Ronaldo…je pense qu’il avait vraiment tout anticipé. On peut le critiquer sur pleins de choses mais quand tu fais le bilan, tu te dis « p** le mec il est fort ! ». La Juventus c’est Agnelli, donc quelque part si quelqu’un doit faire bouger les choses c’est bien lui. En tout cas, il le fait vraiment bien jusqu’à présent et moi ça me va. Tant pis si au passage on égratigne quelques personnes. S’ils aiment la Juventus ils s’en remettront.«
La Juventus peut-elle remporter la Champions League ?
« Pour moi honnêtement si on l’a gagne pas cette année, je ne sais pas quand on va pouvoir le faire. Ronaldo est là, il est peut être un peu vieux, mais il est encore au top. C’est vrai que si on ne la gagne pas là, avec une année en plus dans « les pattes » pour lui ce sera peut être un peu plus difficile. Je me dis que bon…si on l’a gagne pas là…et pourtant je suis pas quelqu’un de super optimiste à la base…surtout en Europe…mais tu sais que pour moi si on arrive en finale cette année on la gagne. J’en suis persuadé mais je me dis aussi qu’à tout moment on peut se taper un quart pourri et sortir d’une façon horrible. Si on arrive en finale on la gagne mais je me dis aussi que si on y arrive, se sera difficilement voire on se fera même éliminer avant. C’est ambigu mais ce serait très Juve.«
La Juventus peut-elle faire la passe de 10 scudetti ?
« Vu comme on est parti je ne vois pas comment on pourrait s’arrêter-là. J’ai l’impression que l’on a mis le dernier étage de la fusée cette année. En plus, cela va encore plus se développer dans les années qui vont arriver.«
Qui est l’anti-Juve en Italie cette année ?
« Quand je vois la concurrence à côté de nous je ne sais pas trop quoi te dire. J’ai l’impression que le Napoli ils ont beau dire ce qu’ils veulent, ils sont un peu limités et touchent un peu le plafond. La Roma ça ne fait pas bander, désolé hein ! Le Milan j’ai l’impression qu’il brasse dans le vent…l’Inter honnêtement…je crois qu’il y a quelque chose qui se passe à l’Inter et au final je ne vois peut être que eux pour essayer de venir nous chercher. Peut être pas cette année, mais pourquoi pas l’année prochaine. En plus, ils nous ont pris notre cyclope préféré (rires), et avec des moyens financiers revus à la hausse, l’image qu’il conserve en Europe et davantage de stabilité dans le club, je ne vois qu’eux pour venir nous déranger.«