Quand on parle de défense, on parle de charnière. Elles sont nombreuses à avoir marqué leurs époques et lorsque l’on évoque un nom, son compère vient tout de suite à l’esprit. Prenons un exemple : si je vous dis « Nesta », vous me répondez « Maldini ». Si je vous dis « Pujol », vous me répondez « Pique ». Et ainsi de suite. Mais, toute règle à son exception.

Si je vous dis « Chiellini », vous n’allez pas répondre de suite. Il vous sera difficile de répondre « Bonucci » avec certitude et fluidité dans la voix, car ça serait mettre de côté celui qui fera que l’on nomme la défense turinoise la « BBC », celui qui complète les 2 autres par son sens du jeu. Barzagli, ne peut pas être mis de côté puisque nous avons bien affaire à un trio. Peut-être le moins médiatique des 3, mais à coup sûr le plus intelligent.

Après 8 ans et demi de carrière dans la maison Bianconera, nous nous devons de revenir sur sa carrière et rendre hommage à ce joueur et cet homme extraordinaire.

Le grand parmi les petits

Barzagli, c’est avant tout un parcours professionnel discret, mais pas des moins important. Il commence par rejoindre le club de sa région local de Rondinella Impruneta et après un court passage à l’AC Pistoiese, il sera remarqué par Ascoli en 2001, évoluant en Serie C. Dès sa première saison, il remportera le championnat et évoluera alors en Serie B. Cette année en seconde division lui permettra de rejoindre le Chievo Vérone et d’intégrer l’élite en jouant en Serie A en 2003. Alors que tout va très vite déjà pour l’Italien, Palerme décide d’acheter le joueur en 2004 pour jouer un cran au-dessus encore. 2004 sonne comme le début d’une grande carrière : il devient champion d’Europe espoir et ses performances l’amènent à être appelé en Nazionale pour la première fois.

Fini pour lui de voyager entre les clubs, il restera 4 ans en Sicile où il vivra l’une des meilleures périodes du club avec une qualification 3 années de suite en coupe de l’UEFA. Barzagli s’impose comme un défenseur solide et fait bien évidemment partie du groupe en 2006 lors de la Coupe du Monde. Il ne jouera qu’un match titulaire contre l’Ukraine en quart de finale où il profitera de la blessure de Nesta et de la suspension de Materazzi pour se faire une place.

Alors que tout semble lui sourire en Italie, en 2008 il décide de partir pour l’Allemagne et le club de Wolfsburg, un choix très étonnant, car il était annoncé à la Fiorentina avec insistance. En Allemagne, il sera un pilier de la défense des loups et remportera la Bundesliga, premier et seul championnat pour le club à ce jour.

À 29 ans, il aura eu une carrière où il se sera imposé comme déterminant pour chacun de ses clubs. Il aura réussi à être la base des défenses de clubs de moyenne importance. Barzagli, c’est le joueur fiable par excellence, le joueur sur qui on peut s’appuyer d’en n’importe qu’elle équipe qui veut jouer les places européennes ou en remplaçant de luxe dans un grand club. Mais en janvier 2011, sa carrière va prendre un nouveau tournant que même lui n’avait pas imaginé.

Le bon (la brute et le truand)

Arrivé dans le Piémont pour seulement 300 000€, Barzagli sera tout de suite intégré dans l’équipe, mais ne pourra rien faire pour sauver la saison marquée par une deuxième septième place consécutive. L’année d’après, Conte prend le poste d’entraineur pour redresser la Vieille Dame et vient avec une idée claire : il veut installer un 4-2-4. Chiellini est déjà considéré comme un pilier du club, Bonucci et Barzagli sont alors en concurrence pour la seule place de titulaire disponible. Sauf que Conte se rend bien compte qu’il ne peut pas mettre sur le banc l’un des deux joueurs et décide de jouer en 3-5-2. C’est à ce moment-là que la « BBC » est née, que la Juve renait.

Lorsque Bonucci est le relanceur et Chiellini le garde du corps athlétique, Barzagli est le stoppeur intelligent. La complémentarité des trois est évidente, mais Barzagli impressionne par son placement et sa propreté sur chaque duel. Son rôle ? Aider au mieux Léonardo dans les phases défensives pour que celui-ci s’occupe un maximum des phases de possession pour organiser le jeu. Andrea n’est pas le joueur vicieux qu’est Giorgio, il n’est pas non plus le joueur élégant qu’est Léonardo, il est le joueur qui fera le geste juste pour reprendre le ballon. Barzagli tacle très peu, car il n’en a pas besoin la plupart du temps. Il n’est jamais en retard dans les duels et joue dure sur l’homme. Il fait partie des derniers de son espèce, de ce qu’on appelle « les stoppeurs à l’ancienne ».

Si la Juve revient au premier plan, c’est bien grâce à eux. En 2012, ils réussissent l’exploit de faire une saison sans défaite. Mais la Juve ne joue pas toujours en 3-5-2 et Barzagli ferait-il les frais d’un changement de tactique ? Et bien non ! En Italie, Prandelli n’hésite pas à intégrer Barzagli et placer Chiellini sur le côté gauche dans une défense à quatre et iront jusqu’en finale. Pendant ses 8 ans de succès, les changements tactiques n’auront pas réussi à le mettre définitivement sur le banc, car Andrea sait se montrer important. Même s’il n’est pas titulaire, Barzagli reste une arme redoutable : Allegri a très souvent fait rentrer l’italien en fin de match pour tenir le 1-0. Dans notre époque récente où les équipes ne savent plus vraiment tenir un score, quand « Barzaglione » rentrait en jeu, c’était fini. Le coach le savait, les tifosi le savaient, les adversaires le savaient. Il aura eu des pépins physiques lors de la saison 2014-2015, mais reviendra en fin de saison pour amener l’équipe en finale de Ligue des Champions. Barzagli est un joueur qui fait les choses, qui se montre serein, qui est fiable. Mais si le joueur est superbe, l’homme est extraordinaire.

Rigueur et bon vivant

Andrea est un animateur du groupe, c’est très souvent lui qui commence les blagues dans le vestiaire. Cependant, il n’est pas du genre à se mettre en lumière lorsque les caméras sont braquées sur lui. Il parle très peu aux journalistes, se montre très peu présent sur les réseaux sociaux. En termes de communication, il est là aussi un joueur à l’ancienne. Mais Barzagli reste surtout un professionnel, qui a toujours répondu présent sur le terrain, n’a jamais déçu, n’a jamais eu un mot plus haut que l’autre sur la direction ou les tifosi. Il a un rôle de leader silencieux, lorsqu’il prend la parole, c’est pour une bonne raison.

Lors du premier entrainement de Dybala, sur un exercice de courses, l’Argentin se permettait de ne pas sprinter sur les dernières phases du parcours. Barzagli, en tant que leader, le reprend et lui dit « ici, on est à la Juve, donc tu dois te donner à fond jusqu’à la fin ». C’est à ce moment-là que la Joya a compris où il était. Depuis le premier jour, ils sont d’ailleurs très proches malgré la différence de génération, comme le montre l’image où l’Argentin porte le maillot de son ami sur le dos.

Lors de la saison 2011-2012, tous les joueurs de champs ont marqué sur la saison, sauf Barzagli. Alors lors d’un match contre l’Atalanta, un penalty est donné au Bianconeri. Les supporteurs demandent à ce que le défenseur tire le penalty. Placé en défense comme toujours, les joueurs lui demandent de le tirer également. Il aura marqué son premier de ses deux buts sous le maillot turinois, pour marquer un peu plus l’histoire.

Barzagli prend aujourd’hui sa retraite. Il aura marqué le club, car il est la représentation de la Bandiera Bianconera. Professionnel, fiable, propre, exemplaire, intelligent et bien d’autres qualificatifs encore. Partout où il est passé, il aura permis à son équipe d’évoluer. Il aura amené des clubs comme Palerme ou Wolfsburg à des niveaux jamais atteints dans leur histoire. À la Juve, il aura fait partie de ceux qui ont ramené le club à sa place. Après Buffon, Marchisio et Lichtsteiner l’année dernière, c’est à son tour de quitter le rectangle vert. Si Chiellini et Bonucci sont toujours là, on ne peut pas oublier Barzagli.

Jamais deux sans trois.

On ne divise pas jeu et résultats ! Lotta et non mollare mai...

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