Penser qu’on peut traiter l’affaire Ronaldo comme n’importe quelle polémique de notre championnat est aberrant. 

Ronaldo n’est pas seulement Ronaldo : c’est avant tout un être humain impliqué dans une histoire dramatique, pas seulement pour lui mais aussi pour celle qui l’accuse. L’affaire a explosé ces derniers jours après que des détails nauséabonds aient été révélés pour satisfaire la curiosité malsaine d’un public toujours désireux de tout savoir et tout juger. Au point d’en oublier qu’on parle là de vrais personnes, et pas du dernier épisode de Game Of Thrones… Et les gens se laissent ainsi facilement aller à des discussions de comptoir (où le bar est désormais un réseau social) pour condamner sans procès ou innocenter sans argument l’une des deux personnes touchées par cette sombre affaire. En résumé, pour les anti-juventini, Cristiano Ronaldo est d’ores et déjà un violeur en série. Pour les bianconeri les plus coriaces, Kathryn Mayorga est une femme de petite vertu en quête d’argent. Quelle est la vérité ? Nous n’en savons rien et ce n’est certainement pas notre rôle de le dire.

S’en tenir aux faits ou vendre du papier, telle est la question !

Mais s’il est encore admissible que les ignorants prennent parti selon qu’ils supportent ou non la Juventus, ce qu’on peut voir dans la « presse » sportive italienne est en revanche beaucoup plus insoutenable. Si on est habitué au manque de partialité des quotidiens italiens, on arrive encore à se surprendre de les voir traiter cette affaire comme s’il s’agissait d’une polémique pour un carton rouge oublié ou un pénalty ignoré. Avec leur lot de professionnels de la communication auto-déclarés, de pseudo experts en droit qui se laissent aller à des affirmations sidérantes. Ainsi, tandis que le Corriere Dello Sport tourne en dérision Ronaldo avec des unes ‘putaclic’ (pour être sûr de convertir cette affaire en un bon gagne pain), Tuttosport tente de sous-entendre l’innocence de CR7 en se réappropriant en première page les propos de sa soeur sur les réseaux sociaux ou une réaction du Premier Ministre portugais. Et dans les deux cas bien sûr, on ignore totalement la victime présumée. Elle n’est qu’une marionnette d’un cirque médiatique qui se réjouit d’avoir un sujet aussi virulent à traiter durant la trêve internationale. Journalisme vous avez dit ? On dirait plutôt des tifosi à qui on aurait confié une arme de désinformation massive…

 COUPABLE !

NON COUPABLE ! 

Cette affaire reflète bien ce qu’est devenu le traitement des informations dans la société actuelle : tout le monde parle de tout, tout le monde écrit sans n’avoir aucune compétence ou connaissance. Problème de médicament ? On s’improvise expert en médecine. Un pont s’écroule à Gênes ? On s’improvise expert en architecture etc… Et ainsi les fake news prolifèrent. En faisant toujours une distinction entre les fake news destinées à générer du trafic et fidéliser le plus grand nombre de lecteurs possibles et les fake news créees inconsciemment par des personnes qui ne réalisent pas la portée de leur propos. La première catégorie est un business, reposant sur des unes choc et des éditoriaux à charge qui satisferont la faim des anti ou des pro selon le camp choisi. La seconde catégorie est une dérive des réseaux sociaux.

A la justice de trancher

Alors faudrait-il ne pas en parler du tout ? Evidemment que non. Cristiano Ronaldo est trop célèbre pour que l’affaire soit passés sous silence. Le mouvement #MeToo et la chute associée de célébrités comme Harvey Weinstein ou Kevin Spacey a pris trop d’ampleur pour que ce genre d’affaire soit simplement ignoré. Ce que l’on dénonce, ce n’est pas de livrer l’information telle qu’elle est, mais de trop souvent la traiter avec la même superficialité qu’une erreur d’arbitrage. Beaucoup trop d’opinions sans qu’on voit assez le mot « présomption d’innocence ». Dans ce genre d’affaires, cessons de penser comme des tifosi et commençons à raisonner comme des humains. Avant de porter une accusation, mettons-nous une seconde à leur place (en oubliant certes un instant la richesse infinie de Cristiano Ronaldo) et demandons-nous comment nous réagirions ? Alors cessons un peu d’alimenter le cirque médiatique qui cherche à s’enrichir grâce à cette affaire : cliquons moins mais cliquons mieux !

En conclusion, voilà juste un rappel de ce qu’on sait aujourd’hui de cette affaire :

Ronaldo n’est pas coupable.
Ronaldo n’est pas innocent.
Ronaldo, à ce jour, est au coeur d’une affaire nébuleuse qui sera éclaircie par les magistrats.

Kathryn Mayorga n’est pas une pute.
Kathryn Mayorga n’est pas une victime.
Kathryn Mayorga, à ce jour, est au coeur d’une enquête née d’une plainte pour viol présumé.

Et voilà le mot le plus important à utiliser dans cette affaire : présumé. A la justice maintenant de faire son travail.

 

Inspiré du papier de Luca Marelli : L’INSOPPORTABILE SUPERFICIALITÀ DEL GIUSTIZIALISMO: LA VICENDA RONALDO

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