Lors d’une longue interview accordée au journal « La Gazzetta dello Sport », Cristiano Ronaldo est revenu sur plusieurs aspects de sa carrière. Des clubs par lesquels il est passé, à son nouveu défi du côté de l’Italie en passant par sa rivalité légendaire avec l’Argentin Lionel Messi, nous avons pu à travers cet échange en savoir un peu plus sur le joueur Portugais, nouvelle star de la Juventus.

« Ici, nous sommes une équipe, ailleurs… »

10 Juillet – 10 Décembre, 5 mois sont passés depuis l’annonce du transfert à la Juve. Après 150 jours, quel est ton avis sur la Juve, Turin, l’Italie ?

« Je suis très heureux d’être ici, la ville est très jolie, les tifosi sont très affectueux et la Juventus est un club fantastique, avec une organisation exceptionnelle. Ici, les joueurs sont humbles, ils travaillent beaucoup. Oui, mon impression jusqu’à présent est fantastique ».

Y a-t-il des joueurs qui impressionnent plus que d’autres ?

« Ce ne serait pas juste d’en citer seulement quelques-uns, mais je peux dire que c’est le meilleur groupe pour lequel j’ai joué. Ici, nous sommes une équipe, ailleurs il y a toujours quelqu’un qui se sent plus grand que les autres alors qu’ici, ils sont tous sur la même ligne, ils sont humbles et veulent tout gagner, Si Dybala ou Mandzukic ne marquent pas, tu les vois quand même heureux, ils ont le sourire. Pour moi, c’est très bien, je ressens la différence. A Madrid aussi ils sont humbles mais ici, je sens qu’ils le sont plus. C’est très différent de Madrid, ici c’est plus une famille ».

D’ici février, il risque d’y avoir une confrontation contre le Réal Madrid en Champions League. S’il était possible de choisir, oui ou non ?

« Pour moi, c’est égal. Le passé est le passé, maintenant je veux gagner pour la Juve, je dois défendre ses couleurs et le reste ne compte pas. Si on jouait contre le réal, je chercherais à donner le maximum ».

« La Juventus n’a pas besoin d’autres joueurs »

On parle souvent de Marcelo, Isco et d’autres ex-coéquipiers à la Juve. Aimerais-tu avoir l’un d’entre-eux ici ?

« Je vois que vous parlez de James, Bale, Asensio mais honnêtement, la Juventus n’a pas besoin d’autres joueurs. Vous devez parler avec le président. Sur le futur, je ne sais rien. Marcelo est fort, nous ouvrons les portes aux bons joueurs et Marcelo en fait partie ».

Il y a eu un moment durant lequel le choix de la Juve s’est révélé être le meilleur possible ?

« J’avais de nombreuses options, je ne dirais pas lesquelles mais j’en avais. J’ai pensé que la Juve était un club stable, avec une histoire. Elle a disputé deux des quatre dernières finales de Champions League, elle a gagné le championnat sept fois d’affilé. J’ai pensé à ce que j’ai ressenti quand j’ai joué ici, l’atmosphère. Ce sont de petits détails qui font une grande différence. La stabilité, l’approche du président, des supporters. Maintenant je suis sûr à 100% qu’il s’agissait de la meilleure option ».

Quelles sont les principales différences entre la Juventus, Manchester et le Réal ?

« La mentalité en général en Italie est différente, ici les équipes sont plus préoccupées par défendre que par attaquer. L’organisation aussi est différente, comme la mentalité. En Espagne, c’est plus relax, ici vous êtes plus concentrés, sérieux, vous travaillez plus dur. »

A propos d’Allegri, à quel niveau se situe-t-il par rapport aux autres entraîneurs que tu as pu avoir ?

« C’est difficile à dire, je travaille avec lui depuis peu. Ce que je peux dire, par contre, c’est qu’il est très professionnel, sérieux. C’est un grand entraîneur et une personne très amusante. Une de ses meilleures qualités est qu’il parle directement, il donne des noms. Il ne dit pas des choses en laissant les gens se demander de qui il parle. Une fois, il a dit à l’un d’entre nous : « Ne dribbles pas, ton travail est de courir et penser ». Il est très honnête. Tu peux penser « Oh, il ne peut pas dire ça », mais lui, il le dit. Et puis il te sourit’ te prend dans les bras, il est très intelligent, professionnel et amusant en même temps ».

A la fin de l’entraînement, vous organisez souvent des compétitions, des duels. Vous le faites aussi avec Allegri ?

« Non, jamais. Je le fais avec Dybala, Mandzukic, Khedira et 99% du temps je gagne, cela peut être quelques euros ou une bouteille de vin. Dans le vestiaire, j’ai une collection avec trois bouteilles et 200-300 euros ».

« J’aimerais que Messi vienne en Italie »

L’autre duel, le duel éternel avec Messi, il est gagné ?

« Ce n’est pas un duel entre Messi et moi. Je fais mon travail, j’ai eu du succès dans tous les clubs et c’est la chose la plus importante. Je n’aime pas quand ils me comparent aux autres, ce n’est pas juste, Les chiffres parlent, si vous regardez les statistiques, vous verrez. Moi j’ai montré que je pouvais avoir du succès avec tous les clubs et l’équipe nationale, je n’ai rien à plus rien à prouver. J’ai également changé de vie, je suis sorti de ma zone de confort, j’ai accepté ce défi et tout s’est bien passé. J’ai cru en moi et prouvé aux gens que je suis encore un joueur incroyable ».

Paradoxalement, Messi ne manque-t-il pas à CR7 maintenant ?

« Non. Peut-être que je lui manque moi… J’ai joué en Angleterre, en Espagne, en Italie, au Portugal, en équipe nationale, au contraire lui est resté en Espagne. Peut-être qu’il a plus besoin lui de moi… Pour moi, la vie est un défi, j’aime être et rendre les gens heureux. J’aimerais qu’il vienne en Italie, un jour. Fais comme moi, acceptes le défi. Cependant, si il est heureux où il est, je respecte cela : c’est un joueur fantastique, un homme bon mais ici il ne me manque rien. C’est ma nouvelle vie et je suis heureux ».

Dans cette nouvelle vie, il est possible de gagner la Champions… ou peut-être plus qu’une seule ?

« Ce n’est pas un sport individuel, je suis sûr de mon potentiel mais le sport reste collectif, Je dis toujours que la Champions ne peut pas être une obsession, il faut y penser avec tranquillité ».

C’était comme ça aussi à Madrid ?

« Au Real, il y a eu beaucoup d’années sans gagner, et la Decima était une grande obsession. Au contraire, c’est peut-être au moment où tu peux gagner que tu te relâches mentalement. La Champions est un rêve ? Oui, nous la voulons tous, mais nous devons y arriver pas à pas. Regardez les matchs contre United, si cela avait été un quart de finale nous serions sortis. Il faut un peu de chance, le bon moment, les détails. »

Ce week-end, il y a le derby contre le Torino. Après quelques mois, quelle impression as-tu de ce match ?

« Un magasinier m’a dit ce matin « s’il-vous-plaît , gagnez contre le Torino, sinon ma nonna …» J’ai réalisé que les Juventini refusent de perdre deux matchs : contre l’Inter et contre le Torino. Un derby, c’est toujours beau et nous devons gagner ».

« Ici à la Juve j’apprends des choses différentes »

Parlons de Cristiano en tant que joueur et en tant que personne. En quoi dois-tu encore t’améliorer ?

« Sur le terrain, je cherche à m’améliorer à tous les niveaux, si tu ne t’entraînes pas, tu perds le « truc ». Ici à la Juve j’apprends des choses différentes en termes physiques, émotionnels, au niveau de la mentalité. Par exemple, je m’adapte encore à Mandzukic, Dybala, Douglas Costa, et tous les autres. »

En Italie, nous avons une image de Ronaldo comme d’un footballeur parfait, on ne parle jamais de défauts. Quels sont-ils sur et en dehors du terrain ?

« C’est difficile. Sur le terrain, j’essaye toujours d’améliorer ma forme physique, d’apprendre à faire les choses justes. L’autre jour, j’avais une douleur au dos car j’avais porté beaucoup de poids, ils m’ont dit « essaye cet exercice » et la douleur est partie. Je me suis dit « Hey, je connais très bien mon corps, lui il me conseille un exercice et il marche. ». Cela signifie qu’on peut toujours s’améliorer ».

Et en dehors du terrain ?

« Personne n’est parfait, à moi c’est peut-être arrivé avec la patience. Il y a 6-7 ans, je n’étais pas très patient, mais je me suis amélioré. Des défauts ? Je ne sais pas, j’en ai c’est sûr mais… peut-être que je m’améliore avec l’âge ».

« Si je pensais avoir tout gagné, je serais paresseux »

Quand Cristiano Ronaldo a-t-il compris qu’il était Cristiano Ronaldo ?

« Des fois, mes amis et ma famille me disent : « hé, tu sais que tu es Cristiano Ronaldo ? Tu ne peux pas faire ça. » Il m’arrive de l’oublier, mais c’est une bonne chose. Si je pensais avoir tout gagné, d’avoir des sous et du succès, je serais paresseux et je ne travaillerai pas si dur. Je préfère ne pas le savoir, des fois c’est mieux d’oublier que je suis Cristiano ».

A propos de la famille, quel rapport as-tu avec les enfants, les petits tifosi ?

« Je cherche à être gentil avec tout le monde, mais des fois c’est difficile, surtout en Italie. Parfois, les gens me voient au feu (tricolore) et, sils me reconnaissent, arrêtent la voiture et viennent pour faire une photo. Je ne suis pas la meilleure personne au monde, mais j’essaie d’être respectueux, surtout avec les enfants. Les enfants sont spéciaux, innocents ».

Cristianinho, Eva, Mateo et Alana Martina savent-ils que papa est aussi connu ?

« Cristiano Junior le sait, il joue à la Juve, perçoit la pression et il aime ça. Il sait que papa est une star et il est content. Des fois, il me demande « Je peux amener deux amis italiens à la maison ? », je lui dis que oui et il me répond « Mais tu dois être là, car ils veulent faire une photo. » Tout ceci fait partie de mon voyage en tant que père. Cristianinho veut être comme moi, les autres sont encore plus petits mais bientôt ils sentiront cette pression ».

Les enfants italiens se demandent des fois ce que mange Ronaldo, comment il fait pour être aussi fort. Que peux-tu leur répondre ?

« J’essaie de manger sainement, d’éviter les sucreries. Je ne bois pas d’alcool et les trois choses les plus importantes sont les suivantes : dormir, manger et bien s’entraîner ».

Enfant ou adulte, quel a été le moment le plus dur de ta vie ?

« Quand mon père est mort, en 2005. Maintenant il est heureux, au ciel et il voit tout. Cela a été très dur mais c’est la vie, c’est comme ça ».

Et ces rumeurs sur un mariage… vraies ou fausses ?

« Pas encore, j’explique tout. Je vais à l’église chaque semaine. Je suis catholique et j’y vais pour remercier Dieu pour ce qu’il me donne. Je ne demande rien, dieu merci j’ai tout, simplement je le remercie pour protéger ma famille, les amis. Je change d’église toutes les semaines car à Turin tu peux choisir, il y en a tellement. Cette fois, un paparazzi m’a vu et a pensé que j’allais me marier, Cela viendra dans le futur, mais pour le moment ce n’est pas dans mes plans ».

La dernière demande pour la dernière déception : le ballon d’or. A quel point est-il important pour toi ?

« Je pense que je le mérite tous les ans, je travaille pour cela, cependant si je ne le gagne pas ce n’est pas la fin du monde. Je respecte la décision. Sur le terrain, j’ai tout fait pour le gagner, les chiffres ne mentent pas, mais ne pensez pas que je suis moins heureux si je ne le gagne pas. J’ai des amis fantastiques, la famille, je joue dans un des meilleurs clubs du monde, vous pensez que je vais à la maison et que je pleure ? Bien évidemment que je suis déçu, mais la vie continue et je travaillerai encore plus dur. Je félicite cependant Modric, il le mérite, mais l’an prochain nous nous verrons à nouveau et je ferai tout pour être encore là. Compris ? ».

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