Il est une idole à Cordoba, en Sicile et bien évidemment à Turin. Les éloges viennent de partout où il est passé mais malgré tout, Paulo Dybala ressent le manque des rues argentines, là où se sont forgés ses rêves.

« Ca me manque tout le temps, mais avec le temps tu t’habitues à une autre vie. La première année en Italie était la plus difficile, mais à présent je suis à la quatrième saison ici et c’est comme si ma vie s’était formée ici. Mes amis me manquent, ma maison, Laguna Larga, ma famille, tout ce qui était autour de moi et que je n’ai pas pu prendre. A Turin je suis bien, les gens me traitent bien et me font sentir à mon aise. Les choses vont très bien, mais je viens d’un petit endroit où tout le monde m’aimait et ça, ça me manque. Laguna Larga est ma maison et peu importe où je vivrai j’y retournerai toujours. J’y ai grandi, mes amis et ma famille y vivent, j’y ai fait mes premiers pas et j’ai commencé à jouer au football là-bas. Je n’oublierai jamais les gens qui m’ont aidé à réaliser mon rêve, je les connais presque tous, c’est comme une maison. Le trophée le plus beau, c’est retourner à la maison. »

Entre tous les maillots reçus de joueurs lorsqu’il jouait à Palermo, le plus précieux est celui reçu des mains de Gianluigi Buffon. Un véritable trésor, à tel point que quand on lui demande, Paulo répond qu’il a le maillot du meilleur gardien qu’il n’a jamais vu de sa vie. Même à la Playstation, Gigi était toujours le gardien de ses équipes, aujourd’hui il est son compagnon d’équipe.

« J’ai eu l’opportunité de le connaitre cette année. C’est un leader incroyable, ça se remarque tellement quand c’est lui dans les cages, il fait la différence. C’est une personne très importante pour nous et l’histoire du football. Quand j’étais petit, il me plaisait déjà et maintenant que je le vois tous les jours, je pense qu’il fait partie des meilleurs gardiens de l’histoire, peut-être même le meilleur. »

Quel est le bilan de ta première saison à la Juventus ?

« Nous avons tout donné, plus ou moins comme je me l’étais imaginé quand je suis arrivé le premier jour à Turin. Tout s’est très bien passé, même si j’aurais préféré aller plus loin en Champions League. D’un point de vue personnel, je suis très heureux parce que j’ai atteint les objectifs que je m’étais fixé»

Quand tu as signé ton contrat, quelles sensations as-tu ressenti?

« Je savais que ça n’allait pas être facile, c’était un pas très important dans ma carrière de signer dans un club aussi grand que la Juventus, après tous les efforts que j’ai fait pour atteindre mes objectifs. Arriver dans une société européenne aussi grande, qui veut gagner, c’est le rêve de tous joueurs. Le jour où l’on m’a dit que j’allais signer le contrat, j’ai ressenti beaucoup de sensations difficiles à expliquer. Ce n’est pas quelque chose qui arrive tous les jours. »

Pourquoi tu as choisi le numéro 21, numéro emblématique dans l’histoire de la Juventus ?

« Endosser le maillot de la Juve est déjà un poids considérable, au vue de ce que le club représente en Italie et dans le monde. A l’Instituto, je jouais toujours avec le numéro 9, à Palerme aussi. Mais quand je suis arrivé à la Juventus, le 9 était déjà pris par Morata qui voulait continuer avec ce numéro. Andréa Pirlo venait à peine de quitter le club, lui était une idole, mais j’ai quand même voulu prendre le 21 qui est un numéro important, comme le 10, dans l’histoire de la Juventus. C’était comme me mettre à l’épreuve, je voulais expérimenter le poids du maillot avec ce numéro qui représente tant ici. Je me suis défié moi-même et je suis très content de l’arrivée. Avoir marqué autant de buts et avoir gagné le championnat m’a retiré un gros poids. »

De l’extérieur, tu sembles très ami avec Paul Pogba. Comment c’est de faire partie d’un effectif rempli d’étoiles ?

« Depuis l’intérieur, je partage des moments divers jour après jour, on vit d’une manière différente de ce que pense l’extérieur. Tout le monde les voit comme des grands joueurs et ils aimeraient mieux les connaitre, je me sens privilégié. Faire partie d’un vestiaire avec des gens comme Buffon, Evra, Pogba, Barzagli, Bonucci… je dois nommer trop de compagnons car ils sont tous très importants. Ils ont tant gagné dans leur carrière. Je me sens très bien et j’éprouve des sensations belles et étranges à la fois. C’est ce dont je rêvais enfant, je voulais savoir comment c’était et maintenant que je peux le vivre de près c’est très différent. Parfois on ne s’en rend pas compte, tellement de gens voudraient être à ma place. »

Le fait que l’on parle de toi comme un candidat au Ballon d’Or, ça te fait espérer ?

« Je crois que c’est encore un peu tôt et ce serait exagéré de parler maintenant du Ballon d’Or pour moi. Actuellement, il y’a tellement de joueurs qui vivent de grands moments dans les meilleurs clubs au monde. Je me réjouis des éloges des gens et je les utilise pour obtenir encore plus de confiance en moi et continuer à travailler. Evidemment, comme tous les joueurs qui en rêvent, grâce aux efforts et au travail je réussirai à gagner le Ballon d’Or un jour, mais il est encore trop tôt pour en parler. Les objectifs s’atteignent en travaillant. »

Quel rapport avec l’équipe nationale d’Argentine ?

« Jouer avec le maillot albiceleste… peu de choses peuvent se comparer à ça dans les ambitions footballistiques, parce que quand j’ai fait mes débuts contre le Paraguay, j’ai ressenti des sensations que je n’avais jamais vécu dans ma vie. J’avais les mains moites, ça ne m’était jamais arrivé, pas même à la Juventus. Jouer pour son pays est une chose sans égal : tu représentes ton pays, les meilleurs joueurs du monde jouent ensemble et tu es là où tu as rêvé d’être. Quelque chose de difficile à expliquer. »

C’était comment de rencontrer Messi ?

« Très bien, c’est mon idole. C’était spectaculaire de faire partie de la Nazionale, j’ai cherché à prendre le maximum tout en sachant que je devais faire les choses petit à petit. Quand j’y suis, j’en profite pour apprendre les ruses du métier de tous les grands joueurs qui y sont. »

Ton surnom, la Joya, te plait il ?

« Oui, à Palerme il n’était pas très utilisé mais depuis que je suis à la Juventus tout le monde m’appelle comme ça, même mes compagnons. Par exemple, avant le coup d’envoi d’un match, Bonucci m’incite sur le terrain « Allé, Joya, nous devons gagner. » Et moi je me mets à rire. Ce qui me plait dans ce surnom c’est son originalité, il n’y a pas beaucoup de de joueurs qui sont appelés ainsi. Chaque fois que l’on s’adresse à moi de cette façon, je souris, c’est pour ça que ça me plait tant. »

Tu es resté très humble, comme quand tu étais un petit garçon. Comment tu fais pour ne pas changer avec toutes les tentations donne la renommée ?

« Je crois que ça vient du mode de vie dans lequel m’a fait grandir ma famille, pas seulement mes parents mais aussi mes frères après la mort de notre père. Mais aussi le traitement que m’a réservé l’Instituto de Cordoba. J’ai toujours cherché à évoluer sur cette voie, je ne dois pas changer mon mode de vie seulement parce que je joue en Europe. Il faut être celui que l’on est. Ma famille m’a enseigné à être humble et gentil avec les gens, je l’étais petit et je continuerai à le faire dans le futur. »

Tu t’étais imaginé arriver où tu es arrivé ?

« Oui, mais pas aussi rapidement. Tout est allé si vite, j’ai toujours rêvé arriver à ce niveau mais je ne m’étais pas imaginé être à la Juventus à 22 ans, après trois années à Palerme. Mais je me suis toujours imaginé réussir dans le football, c’est ce que j’ai le plus désiré. »

Tu penses retourner jouer en Argentine ?

« Pour le moment non, j’espère avoir une longue carrière en Europe. Mais si je me sens encore bien physiquement, dans le futur ça me plairait de jouer en Première division d’Argentine. Ce serait un rêve de jouer à la Bombonera ou dans le stade de l’Independiente, ou du Racing. Pour le moment j’y ai déjà joué avec l’Instituto, mais j’aimerais faire un match en première division. »

Pour le moment, tu lis un livre sur Guardiola. Ca te plairait d’être entrainé par lui un jour ?

« C’est un technicien qui a démontré ces années, surtout à Barcelone, que son style de jeu est excellent. Et à des joueurs comme moi ça rend certainement les choses plus faciles. Le livre de Guardiola, c’est un cadeau d’un ami et j’ai commencé à le lire. De Pep j’admire le jeu très efficace, mais le mode de jeu de Simeone me plait également. C’est l’exact opposé de celui de Guardiola mais il a réussi à éliminer le Bayern de la Champions. »

Ca signifie quoi pour toi la famille ? Pourquoi à chaque fois que tu marques tu lèves les bras vers le ciel ?

« En réalité, je ne lève les bras que deux fois au ciel : quand je rentre sur le terrain, je demande à mon père de me donner la force, et si je marque je le remercie, parce que de là-haut il m’aide beaucoup, certainement. Dans ma vie, ma famille représente tout. J’ai réussi à réaliser le rêve de mon père, qui était de voir un de ses fils devenir un joueur professionnel, je l’ai fait pour ma mère aussi, qui a tant souffert. Et même si elle ne le montre pas, elle continue de souffrir pour la disparition de mon père, comme mes frères et moi. Je fais tout pour elle. »

Définis en une phrase l’Instituto, Palermo et la Juventus

« L’Instituto est comme une mère qui m’a aidé à grandir et m’a tout appris. Palermo est comme la première fille que tu rencontres, alors que la Juventus représente ma fiancée. »

Pour finir, choisis les trois buts les plus émouvants de ta carrière

« Sans aucune doute le premier but avec L’Instituto, contre l’Aldovisi. Ensuite … C’est difficile comme question… Comme second but, je choisis celui que j’ai fait contre Milan à San Siro avec le maillot de Palerme. Et pour le dernier, mon premier but avec la Juventus, lors de la Supercoppa contre la Lazio. J’en ai choisi un pour chaque club où j’ai joué, pour ne faire du tort à personne (il rit, ndr). Et si je devais en mettre un quatrième, j’espère que ce serait un but avec le maillot de l’Argentine. »

Source : El Grafico & Vecchia Signora

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