Gonzalo Higuain est à la une du Corriere Dello Sport ce 20 mai. Le Pipita, qui vient d’être élu MVP de l’année par les internautes de Juventus.com, se confie longuement au quotidien sportif italien. Extraits choisis.

L’Argentine et l’Italie se ressemblent beaucoup. C’est vrai selon toi ?
« Oui, énormément. En fait, je pense que c’est le pays d’Europe qui lui ressemble le plus. C’est totalement vrai. Il y a un lien du sang, conséquence de l’émigration et peut-être un lien sentimental. Nous nous ressemblons beaucoup dans la manière de vivre le football aussi, c’est quelque chose qui génère beaucoup d’émotions pour les Argentins et les Italiens ».

Les deux façons de jouer se ressemblent ?
« Je ne sais pas. Pas tant que ça je pense, pour moi ce sont deux façons de jouer différentes pour l’histoire, la tactique et l’environnement. Ce qui les réunit c’est qu’ils sont tous les deux compétitifs et passionnels ».

Comment as-tu commencé à jouer au football ?
« J’ai commencé alors que j’étais enfant. J’avais cinq ou six ans. J’ai grandi dans une famille de football. Mon père, Jorge, était un défenseur de qualité. Il a joué à River et à Boca. Depuis que je suis enfant, je respire l’odeur du cuir et j’ai suivi mon père dans toutes ses aventures footballistiques. Je suis né en France parce que Papa jouait là-bas. C’est avec du pain et un ballon que j’ai grandi. Mon rêve le plus grand était de devenir un joueur professionnel. Par chance, j’y suis arrivé mais je n’ai pas fini. Je veux faire tellement plus. Les rêves se réalisent et ils en créent d’autres. Je n’ai jamais pensé que j’étais arrivé à destination, il faut toujours voyager, chercher. Le port le plus beau est celui qu’on n’approche pas et qu’on rêve d’atteindre ».

Tu as presque tout gagné. Quels rêves te restent-ils ?
« Il en reste encore beaucoup, il doit toujours en rester beaucoup. Dans vingt jours, il y a la Ligue des Champions et ensuite la prochaine Coupe du Monde. Je dois encore progresser et atteindre ces objectifs. Maintenant, la chose que j’espère le plus est de conclure de manière positive cette année merveilleuse que je réalise avec la Juventus ».

Depuis que tu as arrivé à la Juve, tu as changé un peu ta façon de jouer. Tu te sacrifies plus, tu reviens plus, tu joues un peu plus comme un playmaker qu’un avant-centre de pure race.
« Quand je suis arrivé, je me suis retrouvé à jouer dans une stratégie qui était nouvelle pour moi. C’était la première fois de ma vie que je jouais comme ça donc c’était difficile. Après la défaite à Florence, le mister a décidé de changer le schéma, de mettre le 4-2-3-1. Dès le moment où il l’a fait, il a demandé à ceux qui jouaient en attaque de se sacrifier plus. C’était la condition pour ne pas fragiliser et exposer l’équipe. Il nous a dit que pour utiliser tout notre talent technique, il était nécessaire de se sacrifier. On se l’est mis en tête et nous avons voulu, pu et su le faire. C’est aussi pour cela que j’ai changé ma façon de jouer et je ne crois pas que ce soit un hasard si nous avons atteint autant d’objectifs historiques avec le talent et le sacrifice. C’est grâce à la conscience de tous d’être une équipe très forte. Mais il ne faut jamais, et je dis bien jamais, cesser de s’en convaincre ».

Qu’est ce que tu as trouvé de différent à la Juve par rapport aux autres équipes ?
« Toutes les équipes ne se valent pas. J’ai eu la chance de jouer sept ans à Madrid, dont la structure, la rigueur et la modernité ressemblent à la Juve. J’ai joué trois ans à Naples et je remercie la ville pour tout ce qu’elle m’a donné. Maintenant, j’ai eu la chance de venir à Turin. Ca a été un choix plus que normal parce que je voulais venir ici pour atteindre un objectif important et nous en sommes proches, très proches. Nous sommes à un pas de conclure une saison fantastique. Mais nous devons le savoir et avoir la détermination nécessaire pour achever les derniers mètres d’une course qui a commencé au mois d’août. A cette époque, nous voulions, et rêvions un peu, de gagner la Ligue des Champions. Nous ne sommes plus qu’à un pas, mais nous devons achever le travail ».

Tu te rappelles du moment où tu as compris que la Juventus te voulait vraiment ?
« Ca a été difficile. J’ai entendu des rumeurs, que la Juve pouvait payer la clause. Mais je ne le croyais pas et en effet, ça a été un choix très très compliqué et difficile. Mais, dès le jour où j’ai compris qu’ils me voulaient à ce point, j’ai dit on arrête d’attendre et on prend une décision. Parce que dans la vie si on ne prend pas de risques, on ne fait rien d’important. Et moi, ce risque, j’ai voulu le prendre. Les faits, les résultats italiens et internationaux de la Juventus cette année, montrent que j’ai bien fait. Je suis une personne faite ainsi, c’est mon caractère ».

Et tu ne manques pas de caractère…
« Pas seulement du caractère, je n’ai pas peur. Je me suis dit que je devais le faire et je l’ai fait. Ce n’était pas un choix facile mais je devais le faire. Parce que c’était une étape importante de mon parcours professionnel et humain. J’aime les défis et j’essaie de les remporter ».

Quels sont les caractéristiques d’Allegri ?
« Je connaissais déjà le mister avant. Il a remporté le championnat avec d’autres équipes et c’est un entraîneur qui transmet l’envie de gagner. Il m’a donné la confiance nécessaire pour jouer à mon meilleur niveau. Et il m’a un peu changé, il m’a enseigné la manière de non seulement me sacrifier plus mais progresser tactiquement ».

Quelle est ton opinion sur la faute de Glik ? J’ai eu l’impression que c’était un geste volontaire, avec l’intention de faire mal et donc intolérable.
« Je n’ai pas de mots. C’est quelque chose qui n’a aucun sens, aucune raison, aucune dignité. Tout le monde a vu qu’il l’a fait exprès et il n’a pas eu l’honnêteté, ni à ce moment ni après le match, de venir s’excuser. Ma ça ne m’intéresse plus parce qu’il ne m’intéresse pas. Bueno, je suis désolé pour lui qui a voulu me faire mal et qui n’a pas réussi ».

Dybala et toi êtes un coupe bien assorti, magnifique à voir. Vous me rappelez Sivori et Charles. Sivori était tout petit, Charles était très grand. Vous êtes un couple parfait ?
« Je me sens très bien avec lui. C’est vrai, c’est la première fois qu’on joue ensemble autant de matchs et je me trouve bien avec Paulo. Nous vivons tout cela avec beaucoup d’engagement et, ensemble, beaucoup de joie ».

De l’extérieur du terrain, tu as pourtant toujours l’air mélancolique.
« Je suis comme ça dans tout ce que je fais. Je suis transparent : si je vais bien, tu le vois. Si je vais mal, tu le vois aussi. Je n’aime pas avoir deux visages, tous les deux faux, donc tout cela exprime peut-être ce que ma mère m’a enseigné : tout faire avec un maximum de passion. Pour moi la vie est avant tout la santé, ensuite évidemment il y a le football. Si quelqu’un se sent mal par rapport à lui-même, il ira mal à la fois dans le football et la vie ».

Le Real Madrid est l’adversaire que tu voulais?
« Ce sera un match spécial et ce sera une rencontre face à une très grande équipe. Une équipe qui est habituée à jouer ce genre de matchs. Donc, dans ma conception du football et de la vie, c’est une rencontre très plaisante. Et nous espérons la gagner ».

A ce propos : la peur de gagner existe-t-elle dans le football ?
« Je pense plutôt que c’est la peur de perdre qui existe, pas de gagner. Ou en tout cas je ne la connais pas. Comment on peut avoir peur de gagner ? C’est la chose la plus belle qu’on peut ressentir. L’adrénaline d’avoir atteint un but, un objectif. Comme ça peut l’être après la Coppa italia, le sixième Scudetto ou la Ligue des Champions. L’adrénaline sert à gagner, pour perdre en revanche, il faut la peur ».

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