C’est officiel depuis samedi soir, la Serie A est redevenue le championnat le plus corrompu de la planète ! Faute à la Juve, qui d’autre ? Tout le monde sait que les gobbi trichent, bénéficient de faveurs arbitrales, une vraie mafia du football qui depuis 6 ans ou plus tue toute la crédibilité du championnat. Mettons désormais les appréciations de comptoir de côté, et tâchons d’analyser l’arbitrage d’Inter-Juve de la façon la plus objective possible.

Le but « hors jeu » de Douglas Costa

Le fait de jeu : Un bon derby au parfum de scandale, ça se commence tôt. 10e minute donc, Douglas Costa réceptionne un centre de Cuadrado et fusille Handanovic pour l’ouverture du score. Si la position de départ du buteur brésilien est totalement licite, c’est la potentielle déviation de la tête de Blaise Matuidi que l’on interroge, laquelle rendrait le but hors-jeu – donc invalide.

La décision de l’arbitre : But valide
Le verdict : But valide
Il aura fallu une bonne minute de vérifications mais Daniele Orsato valide le but à l’aide de la VAR. Si son existence ne fait toujours pas que des fans, l’outil fait passer le taux d’erreurs d’arbitrage par match de 0,32 à 0,05 comparé à la saison dernière et se révèle donc fiable. Et si l’on souhaite quand même remettre en question le jugement d’Orsato, le ralenti ne permet pas d’identifier de façon claire et nette une déviation effective du ballon par Blaise. Au mieux, le ballon lui frôle la crête. Les 5 cm de brousaille capillaire du Charo ne suffisent pas à détourner le ballon pour en faire un assist clair et décisif. A part le marquage approximatif de Candreva, rien de criminel sur cette action donc.

Le « carton rouge sévère » de Vecino

Le fait de jeu : Quelques minutes après avoir concédé le premier but, Mario Mandzukic et Matias Vecino se disputent un ballon perdu dans un duel de gladiateurs. Le croate possède un temps d’avance et joue le ballon, tandis que le joueur de l’Inter peine à freiner son élan et signe le tibia de Mandzukic avec le plat du crampon. Orsato distribue la biscotte de circonstance avant de revenir sur son jugement après consultation de la VAR : C’est rouge. Décision qui parait « sévère », car elle met l’Inter à 10 très tôt dans le match.

La décision de l’arbitre : Rouge
Le verdict : Rouge pourpre, même !

Mais comment ne pas mettre rouge sur cette action quand on voit l’état du tibia de Mandzukic ? L’action se déroule en pleine vitesse, Vecino a toutefois le temps de prendre l’information et décider d’éviter le croate par un saut, mais laisse trainer volontairement son pied et cherche la collision. Non seulement la faute est volontaire mais elle est aussi dangereuse et atteint à l’intégrité physique de Mandzukic. A moins qu’il fallût une jambe qui fait crac afin d’avoir la dose de sensass’ suffisante pour sortir le rouge ?

Le tampon de Skriniar sur Higuain

Le fait de jeu : La Juve cherche à enfoncer le clou après son premier but. Khedira dévie pour Higuain, lequel Skriniar vient au duel contre l’argentin mais oublie complètement de jouer le ballon. La gonfle file tranquille vers Matuidi qui marque, mais but hors-jeu vérifié par la VAR.

La décision de l’arbitre : But invalidé puis remise en jeu pour l’Inter
Le Verdict : But invalidé MAIS penalty pour la Juve

Si la VAR se concentre avant tout -à raison- sur la position de Blaise au départ du ballon passé par Khedira, elle oublie totalement l’intervention repréhensible de Skriniar sur Higuain. L’Interiste ne s’intéresse jamais au ballon sur l’action et envoie Higuain sur les roses, pourtant prêt à frapper et en position tout à fait régulière, lui.

Le “High Knee” de Pjanic

Le fait de jeu : à 2-1 pour l’Inter et sur une remise de la tête de Brozovic, Mire Pjanic et Rafinha se disputent le ballon sur un duel aérien. Déjà sanctionné d’un jaune, le bosnien n’est pas en avance et arrive genou à hauteur de poitrine sur l’interiste. Les nerazzurri se ruent sur Daniele Orsato pour réclamer le scalp du Bosnien par un second jaune, mais c’est Danilo D’Ambrosio qui en hérite pour avoir mené campagne.

La décision de l’arbitre : Jaune pour D’Ambrosio
Le verdict : Il y avait jaune pour D’Ambrosio mais surtout second jaune et rouge pour Pjanic
Bel élan, détente pas trop mal, bonne posture… Sans doute que ce genou à hauteur de torse aurait été applaudi à Raw ou Smackdown, mais le geste régale moyen sur un terrain de football. Alors oui, Mire aurait dû écoper d’un second jaune et sortir à la suite de cette intervention. A sa décharge, on pourra se dire que le bosnien n’est pas impliqué sur les deux buts qui donneront la victoire à la Juve ensuite. Après, allez savoir si les bianconeri auraient fini à 11 si D’Ambrosio n’avait pas commencé à pester avant même que l’arbitre n’esquisse le moindre geste…

Le « placage » de Cancelo sur Matuidi

Le fait de jeu : Début de seconde période, Matuidi s’avance (ou plutôt enjambe comme il peut) l’aile de la surface Interiste, cherchant l’espace pour centrer, Skriniar le marque à la culotte et le déséquilibre dans un premier temps avant que Cancelo ne finisse d’intervenir sur un tacle debout ferme, accompagné d’une poussette qui jette le français au sol.

La décision de l’arbitre : Renvoi 6 mètres
Verdict : Pas penalty, mais…
S’il faudra sans doute regarder l’action plusieurs fois, on voit que l’intervention au pied de Cancelo est régulière puisque son tacle touche le ballon puis déséquilibre Matuidi. En revanche la poussée derrière est totalement dispensable, mais siffler peut paraître sévère, encore plus dans un derby ou ça joue forcément viril. De la même façon, le déséquilibre provoqué par Skriniar est indéniable mais pas assez marqué pour siffler penalty dans ce contexte.

Le tampon de Skriniar sur Higuain, acte II

Le fait de jeu : Un peu comme les videurs de boîte de nuit, le slovaque avait décidément énormément de boulot ce Samedi soir. Un métier qui a sûrement inspiré le défenseur central lors de son intervention sur Higuain dans les toutes dernières minutes du match. Bien lancé en profondeur, Pipita pensait s’offrir un face-à-face contre Handanovic avant que Skriniar ne vienne lui mettre un bon gros tampon. L’arbitre ne bronche pas.

La décision de l’arbitre : Rien, nada
Verdict : Faute et carton rouge
Si elle a bien lieu en dehors de la surface, c’est une faute flagrante du slovaque et une exclusion pour annihilation d’occasion de but. Il vient littéralement dégommer Higuain sans jamais s’intéresser au ballon, deux fois dans le même match. C’est à se demander quel sport il pratique.

Conclusion : Arbitrage à appréciation VARiable

On l’a vu, des erreurs ont été commises en défaveur des deux partis. Alors où est le souci, pourquoi toute cette stigmatisation, et pourquoi la Juve ?

Avec l’instauration -très critiquée- de la VAR, la Serie A s’est mise à la conquête de l’erreur zéro, une utopie tant qu’il y aura des humains sur un terrain de football. Si l’utilisation de la vidéo permet effectivement de limiter le nombre d’erreurs commises sur un match ou une saison, elle n’aura jamais la prétention de faire disparaître l’intégralité des inégalités.

L’homme n’est pas parfait et les sports qu’il invente non plus, qu’on le veuille ou non le football aura toujours sa part d’aléatoire, de décisions qui peuvent en servir certains au détriment d’autres. Cette part dont certains sont d’ailleurs friands, ces mêmes gourmands de scandales qui fustigent la VAR en l’accusant de tuer cette part de spectacle, de ternir un sport aux inégalités aussi frustrantes qu’enthousiasmantes. Ces retournements de situation qui dessinent au sein même des compétitions ces fameuses rivalités et les amertumes plus ou moins saines tout au long des semaines, des saisons, et des années.

Dans un esprit théâtral, l’Inter était samedi soir la petite résistante siégeant du côté du bien, alliée du héros Napolitain, tous deux opposés au tyran maléfique Juventino, dont il faut terminer le règne despotique. C’est une lutte qui régale un championnat qui n’a plus connu le suspense depuis longtemps, relancé par le miracle accompli par le Napoli lors de sa venue au Stadium. Parce qu’il faut trouver un talon d’achille au géant, et parce que tous les leviers sont bons à lever, l’arbitrage en faveur de la Juve est devenu au fil des années un classique du récit. Parce qu’une équipe qui gagne énerve, frustre, et qu’on va lui chercher les poux sur la moindre action tandis que pour une autre équipe, les mêmes faits sont parfaitement banalisés et « font partie du foot ». Mais quand c’est la Juve, le tir à balles réelles n’est jamais à négliger si par chance, l’une d’entre elles parvient à percer le cuir et se fraie un chemin dans les entrailles pour semer le doute ou la rumeur. La perte d’équilibre peut si vite arriver.

Puis il y a toujours cet enjeu économique. Remplir des stades rompus au suspense. De l’espoir à cultiver et entretenir, ça fait vendre des maillots. Puis faire du scandale c’est facile, ça prend quelques lignes sur un papier qui, par conséquent, se vend beaucoup, ça fait du clic, des likes, du trafic important sur des grosses pages internet blindées de pubs qui rapportent. Stigmatiser les faveurs de la Vieille Dame est un business dont on ne soupçonne pas l’ampleur. Surtout qu’elles permettent aux équipes adverses de totalement s’émanciper de toute remise en question.

 Ils détestent tous la Juve. Mais bon sang, qu’est ce qu’ils feraient sans elle…

Entre p'tits ponts lyriques et tacles à la jugulaire. S'est déjà fait les croisés à l'auriculaire gauche. Deux fois.

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