Le transfert de Higuain envers la Juventus alors qu’il était une bandiera du Napoli restera historique tant il a déchaîné les tifosi azzurri. Il n’était pourtant pas une première. Il y a 45 ans, José Altafini a été le premier à être surnommé « Core ‘ngrato », autrement dit cœur ingrat en dialecte napolitain.

Du Milan au Napoli, puis à la Juventus

Brésilien naturalisé italien, José Altafini a marqué l’histoire de la Serie A. Il évolue d’abord à l’AC Milan, où, entre 1958 et 1965, il dispute 205 matchs et inscrit 120 buts. Capable de marquer dans n’importe quelle position, il est alors considéré comme le digne successeur de Gunnar Nordahl. « Je dois tout à Milan. J’aurais peut-être gagné plus ailleurs mais cette société, qui m’a permis de gagner deux Scudetti et une Coupe des Clubs Champions, m’a tout appris » déclarera-t-il à la fin de sa carrière.

En 1965, Achille Lauro, le président du Napoli, décide d’investir pour son club. Il recrute deux références du championnat en attaque : Omar Sivori, légende de la Juventus et José Altafini. Le duo fait rêver le San Paolo. Altafini, pour sa part, inscrit 71 buts en 180 matchs. En 1972, alors qu’il a 34 ans et qu’il est vu comme un joueur en fin de carrière, il s’engage avec la Juventus, déjà grande rivale du Napoli à cette époque.

A Turin, il est un remplaçant de luxe pour Bettega et Anastasi mais son pari est gagnant. A sa première saison, en 23 apparitions en championnat, il marque 9 buts soit un de plus que Bettega et Causio et trois de plus qu’Anastasi, à qui il grappille de plus en plus de temps de jeu.

« José core ‘ngrato »

Avec la Juve, il remporte deux autres Scudetti, un premier en 1973 puis un second, en 1975, qui va faire couler beaucoup d’encre. Le 6 avril 1975, la Juventus accueille le Napoli au Stadio Comunale de Turin pour un match au sommet. La fin du championnat approche et les bianconeri n’ont que deux points d’avance sur les azzurri, qui rêvent du Scudetto. Les napolitains se déplacent en masse à Turin, à tel point qu’ils semblent majoritaires (environ 30 000 sur 60 000 spectateurs présents). Altafini est ainsi conspué pendant tout le match. Pourtant, c’est lui qui va donner la victoire aux bianconeri, en toute fin de rencontre. Un but qui mettra un terme aux espoirs de titre de son adversaire.

« Quand je suis entré sur le terrain, ils m’ont sifflé. Je les ai punis » déclare-t-il à la presse après le match. « En tout, j’ai touché cinq ballons : j’en ai perdu deux, j’en ai sûrement passé deux autres et surtout, j’en ai mis un au fond ». Quelques jours plus tard, sur les portes d’entrée du San Paolo, la menton « José core ‘ngrato » apparaît. Les Napolitains garderont une rancœur éternelle envers celui qui les aura fait briller pendant 7 ans mais qui les aura sûrement privé d’un titre avec les couleurs de la Juventus.

« Higuain m’a libéré »

Le parallèle avec Gonzalo Higuain est évident. A quelques heures du retour du Pipita au San Paolo, La Repubblica a interrogé le Brésilien sur son transfert : « Ils m’ont appelé core ‘ngrato pendant toute ma vie. Gonzalo Higuain m’a libéré d’une malédiction » déclare-t-il. « La première fois que je suis retourné au San Paolo avec le maillot de la Juventus, ce fut terrible. Ils m’ont sifflé à mort. Je ne l’ai jamais oublié ». Dimanche soir contre le Napoli, Gonzalo Higuain sait à quoi s’attendre.

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