Ce vendredi, à 20h45, les bianconeri ont rendez-vous sur la pelouse du Stadio Artemio Franchi contre leurs rivaux de toujours. En effet, la Viola recevra la Vieille Dame dans un match plein de tension, comme à chaque fois que ces deux équipes se retrouvent sur la pelouse. Mais d’où vient cette rivalité ? Quels sont les éléments qui l’ont alimentée ? On vous propose de revenir sur les différents moments ayant construit cette rivalité presque aussi vieille que les deux clubs.
Les confrontations à retenir
Beaucoup de matchs et de dates ont entretenu le conflit perpétuel entre les deux clubs.
7 octobre 1928 : Juventus 11 – 0 Fiorentina
Quoi de mieux que le premier match ayant opposé les deux équipes pour parler de cette rivalité historique ? Alors que la Fiorentina a dû rassembler ses joueurs amateurs pour cette rencontre, la Juventus, déjà vieille de plus de trente ans, n’a eu aucune pitié. Elle a en effet fait trembler les filets de l’équipe adverse 11 fois, et n’a rien laissé passer dans les siens. Une humiliation dont les tifosi de la Viola se rappellent encore, puisque c’est la pire défaite de l’histoire de leur club.
22 février 1953 : Juventus 8 – 0 Fiorentina
Encore un match humiliant pour la Viola, qui, 25 ans plus tard, se fait à nouveau écraser par la Vieille Dame. Si les bianconeri ne mènent que 2-0 à la mi-temps, c’est sans compter sur la blessure de deux joueurs adverses. A cette époque, les remplacements sur blessure sont interdits. A 11 contre 9, la Juve termine le travail sans faire les choses à moitié, et marque 6 buts en seconde période. Les tifosi de la Fiorentina reprocheront très longtemps à la Juve de ne pas avoir été clémente contre des amateurs en 1928, et de ne pas avoir respecté la blessure de deux joueurs un quart de siècle plus tard. C’est par ailleurs la seconde pire défaite de l’histoire du club.
1990 : finale de la Coupe UEFA.
Match aller : Juventus 3 – 1 Fiorentina
Match retour : Fiorentina 0 – 0 Juventus.
Les deux clubs sont connus pour leur rivalité historique, et se retrouvent face à face en finale de celle qu’on appelait la C3. L’Europe les regarde, et les deux clubs ont une réputation à défendre. Au match aller, sur le terrain de la Vecchia Signora, celle-ci prend une avance certaine en l’emportant 3-1 contre le club rival. Celui-ci doit donc l’emporter 2-0 ou de plus de 3 buts pour remporter le trophée. Un problème majeur intervient toutefois : le stade de la Fiorentina est en travaux. C’est donc au Partenio d’Avellino, lieu rempli de tifosi bianconeri, que se jouera l’ultime rencontre. Les deux équipes se neutralisent, et la Vieille Dame remporte le trophée, sous les yeux de l’Europe. La Fiorentina est à nouveau humiliée.
17 mars 2012 : Fiorentina 0 – 5 Juventus
Nous sommes à l’époque de l’invincible Juve d’Antonio Conte, qui a déjà gagné le scudetto de l’année précédente, et qui semble vouée à remporter celui-ci. Les deux équipes ont rendez-vous au stade Artemio Franchia pour un match au sommet… qui prend une tournure étonnante. En effet, la Viola est incapable de répondre aux multiples attaques de la Vieille Dame qui s’amuse et s’impose sans broncher en territoire ennemi. C’est la défaite la plus large du club à domicile. La Juve est décidément la bête noire de la Viola.
20 octobre 2013 : Fiorentina 4 – 2 Juventus
Les victoires ne doivent cependant pas aller que dans un sens ! Bien des années après la première humiliation infligée à la Viola, c’est à la Vieille Dame de subir. Alors qu’elle mène 2-0, les joueurs bianconeri miment des mitraillettes vers les tifosi de la Fiorentina, pour ridiculiser leurs adversaires. Cependant, un certain Giuseppe Rossi ne trouve visiblement la blague pas drôle du tout, et décide de se réveiller. A la 66ème minute, il marque un penalty. 10 minutes plus tard, il fait à nouveau trembler les filets de la Juve, puis laisse Joaquin prendre le relais et marquer à la 78ème. La Viola mène donc 3-2 à ce moment du match, mais Rossi ne s’arrête pas là : à la 80ème, il marque un troisième but et crucifie la Vieille Dame, l’humiliant pour la première fois.
Des propos marquants, parfois choquants
« Mieux vaut être deuxièmes qu’être des voleurs ! »
C’est ce qu’ont scandé les tifosi de la Viola le lendemain d’une journée intense, pendant laquelle la Juve a remporté son 20ème Scudetto, en 1982. En effet, cette dernière journée devait désigner le vainqueur, et les deux équipes avaient encore toutes leurs chances. La Fiorentina se déplace à Cagliari mais n’arrive pas à se départager du club sarde qui s’accroche jusqu’au bout et décroche un match nul avec un score final de 0-0. En revanche, la Juve, elle, se déplace à Catanzaro et Brady transforme son penalty en seconde période. La Vieille Dame est donc championne. Cependant, les tifosi de la Viola crient au scandale en estimant que la Juve a « acheté » son trophée, et défilent donc dans les rues de Florence se plaignant du sacre de la Vecchia Signora.
« J’ai vu Boniperti manger des cacahuètes en tribunes, on aurait dit un mafieux américain ». Franco Zeffirelli, supporter de la Fiorentina connu de tous les tifosi, attaque le président de la Juventus, toujours lors du sacre de la Juventus cette année-là. Les deux hommes se retrouveront donc au tribunal, et Zeffirelli sera condamné pour diffamation. Cependant, il n’avait pas dit son dernier mot et hurle alors « Mieux vaut être mort que supporter de la Juve ! ».
« Ils ne sortiront pas vivants du terrain. Ce sera un massacre. Aujourd’hui, les gens savent pourquoi la Juve est haïe à Florence. Mais nous gagnerons ce match 2-0. » Cette phrase pleine d’amour a été déclarée par des tifosi de la Viola, avant le match retour de la finale de la Coupe UEFA en 1990. On rappelle donc que la phase aller avait été remportée 3-1 par l’équipe de la Vieille Dame.
Une rivalité qui peut aller trop loin
Nous sommes en 1985, lors de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions, quelques heures avant la victoire et le sacre de la Juventus. Au début du match opposant Liverpool à la Vieille Dame, des tribunes s’effondrent sous le poids des supporters. Bilan total : 39 morts et 454 blessés. Depuis ce jour, le « drame du Heysel » (portant son nom du stade dans lequel a eu lieu l’accident) est resté dans le cœur des tifosi de la Juve comme l’un des épisodes les plus dramatiques de l’histoire du club. Que vient faire la Viola dans cette histoire ? Depuis cet épisode, certains supporters florentins arborent fièrement des tee-shirts ou des pancartes avec l’inscription « -39 » dessus, en référence au nombre de supporters bianconeri morts ce jour-là. Cette rivalité est parfois insensée.
Roberto Baggio, symbole de rupture
La Juventus vient de remporter la finale de la Coupe de l’UEFA de 1990 contre son club rival. Le lendemain, c’est un coup de tonnerre : Roberto Baggio est transféré de la Fiorentina vers la Vieille Dame. L’information n’est pas vraiment bien reçue par les tifosi de la Viola, qui manifestent dans la rue, rebellés contre leur club. Pendant deux jours, la propriété des Pontevello (propriétaires de la Fiorentina) est encerclée, et les manifestations font plus de 50 blessés et 54 personnes sont arrêtées. Un an plus tard, Baggio revient sur son ancien terrain, avec les couleurs de la Juve. Tireur habituel de penalty, il refuse de tirer celui accordé à la Juve, alors menée 1-0. Le score restera celui-ci jusqu’au coup de sifflet final, le remplaçant n’ayant pas transformé son penalty. Au moment de sortir du terrain, Baggio ramasse une écharpe de la Viola par terre. Le ballon d’or 1993 déclare plus tard « Vous serez toujours dans mon cœur ».
Le transfert de Bernardeschi, de quoi alimenter la rivalité ?
Après le transfert de Juan Cuadrado en 2016, c’est au tour de Bernardeschi de rejoindre la Juve au cours de l’été 2017, pour 40 millions d’euros. Ayant déjà joué contre les bianconeri sous son ancien maillot, il se retrouvera dans la situation inverse vendredi. Il sera par ailleurs probablement titulaire, puisque la puissance offensive de la Juventus est limitée en ce moment. Marquera-t-il contre son ancien club ? Ce serait un moyen d’alimenter un peu plus ce conflit entre les deux clubs, qui n’est pas près de s’arrêter.
« Juve, le match de demain sera ton Waterloo. »
C’est ce qu’a déclaré Giovanni Simeone, numéro 9 de la Fiorentina, juste avant le match de demain. Une belle comparaison avec la guerre ayant causé la perte de Napoléon pour provoquer la Vieille Dame et lui rappeler l’intensité toute particulière de ce match. On vous donne rendez-vous demain, à 20h45, pour savoir quel club l’emportera. Oubliez tout prétexte, parce que Fiorentina – Juve, c’est immanquable.