La Juventus a été la première, et à ce jour la seule, société à se lancer dans les équipes B. Il était donc logique qu’elle accueille la semaine dernière à l’Allianz Stadium une conférence sur le sujet.
Seconde Squadre, dall’ #AllianzStadium uno sguardo al futuro ➡️ https://t.co/ks3J9VM1Or pic.twitter.com/VMH3wA24PG
— JuventusFC (@juventusfc) 15 mars 2019
Bien que le projet soit un peu tombé à l’eau l’été dernier, lorsque la Juventus U23 a été la seule équipe B à voir le jour, Francesco Ghirelli, le patron de la troisième division italienne, a réaffirmé son soutien au projet : « Nous voulons enfin être la ligue de la formation des jeunes, en passant des paroles aux actes. Les Secondes Equipes sont partie intégrante de notre mission de formation et un des outils pour faire progresser de jeunes joueurs pour la Nazionale. La Juventus a le mérite d’avoir entrepris cette route et je dois souligner le style, l’attention et le respect avec lequel elle s’est comportée envers notre ligue. Maintenant, nous devons écouter son retour d’expérience et réfléchir sur les perspectives d’avenir ».
C’est donc le président Andrea Agnelli qui est intervenu sur ce sujet qui lui tient à cœur. « Notre espoir est que les composantes du football italien puissent trouver la voie pour suivre ce parcours. La Juventus s’est insérée dans la réalité de la Lega Pro avec la volonté de contribuer à son développement en termes de visibilité et de présences au stade, en amenant notre expérience au niveau commercial. Maintenant, je crois qu’il est fondamental de mettre en application les décisions prises l’été dernier, en créant une plate-forme qui permette l’arrivée d’autres équipes, en définissant une limite d’âge claire pour les joueurs impliqués, de manière à ce qu’ils puissent représenter un bassin important pour nos sélections nationales ».
Morata et Nicolussi Caviglia comme exemples
Surtout pour défendre le projet, Andrea Agnelli a pris l’exemple de Hans Nicolussi Caviglia, qui a fait ses grands débuts en équipe première il y a quelques jours. « Hans Nicolussi pourrait jouer en Primavera. Un championnat qui, comme me l’a expliqué Marotta, n’est plus formateur pour un talent comme Nicolussi. Ces dernières années, nous avons toujours utilisé le même exemple : c’est Alvaro Morata. Quand nous l’avons recruté, c’était encore un joueur de la Castilla (équipe B du Real ndlr) mais quand il arrive ici, il avait déjà une dizaine de présences en Liga et 4 ou 5 en Ligue des Champions, parmi lesquelles une finale gagnée. Donc, c’est un garçon en phase de formation qui a déjà accumulé des expériences importantes. C’est évident que si nous voulons des joueurs prêts pour ce genre de matchs, ils doivent les vivre. Contre l’Atletico, Nicolussi était sur le banc et il a vécu l’expérience d’un huitième de finale avec les grands. Il faut garder un oeil sur ce qui se passe au niveau international. Il ne faut pas toujours inventer de nouvelles recettes, parfois il suffit juste de copier. Les équipes B existent dans toute l’Europe, seule l’Angleterre fait exception. Je considère que pour qu’un jeune de 19, 20 ou 21 ans progresse, il doit prendre des coups d’un joueur de 35 ans. C’est ça qui le fera grandir ».
Demetrio Albertini, président du secteur technique de la Fédération, a également rappelé que « dans l’effectif de l’Allemagne Championne du monde en 2014, 16 des 23 joueurs étaient passés par les équipes B. Une donnée qui monte à 20 sur 23 pour l’Espagne, gagnante en 2010. La Serie C est un championnat formateur ». Dans le reste de l’Europe, exception faite de l’Angleterre où un championnat Under 23 est disputé, toutes les grandes nations du football ont déjà des équipes B depuis de nombreuses années. L’Italie doit donc s’inspirer de ce modèle.
Générer un cercle vertueux
Federico Cherubini, qui supervise toutes les équipes de la Juventus, a souligné qu’aujourd’hui, « nous sommes les derniers en Europe pour le nombre de joueurs formés par les clubs et qui arrivent en Serie A. Cela s’explique par le fait qu’une fois l’expérience en Primavera terminée, il y a pour les joueurs une sorte de vide comblé soit par un départ en prêt, soit par une prolongation en Primevera en tant que hors-quota. Les Equipes B pourraient faire disparaître ce vide et alimenter un cercle vertueux : les clubs auraient plus de joueurs leur appartenant, moins de prêts et ils pourraient donc alimenter leur propre patrimoine ». Andrea Agnelli a également fait de la réduction des prêts un argument en faveur des secondes équipes, alors que la FIFA s’apprête à réglementer un peu plus cette forme de transferts, et très probablement la limiter.
« Nous devons renforcer le concept de formation et les Équipes B sont un instrument à tenir sous haute considération, a conclu Giuseppe Marotta, conseiller fédéral et maintenant Directeur Général de l’Inter. Elles ne sont pas seulement importantes pour la progression des joueurs mais aussi pour les formateurs. En Espagne, on a vu que Guardiola ou Luis Enrique ont commencé par entraîner l’Équipe B. Et le discours peut s’élargir aux staffs, aux préparateurs et toutes ces composantes. Il n’y a donc qu’à espérer que la Fédération accorde une grande importance à la formation du talent. Et que le Secteur Technique devienne l’université du football italien de demain ».