Pour sa première titularisation avec la Nazionale, Mattia Caldara s’est rappelé aux bons souvenirs des tifosi de la Juve qui ne l’auraient pas observé cette saison à l’Atalanta.
Caldara e Matuidi ??#FranciaItalia pic.twitter.com/XXD7LL2YAn
— VecchiaSignora.com (@forumJuventus) 2 juin 2018
Un test positif contre la France
Préparer l’avenir, c’est l’objectif de Roberto Mancini pour les trois matchs amicaux que la Nazionale dispute avant de clore une bonne fois pour toute le pire chapitre de l’histoire de la Squadra Azzurra. Pour ce faire, le nouveau sélectionneur italien a cherché à donner de l’expérience internationale à certains des joueurs les plus prometteurs du vivier italien. Contre la France, Rolando Mandragora (dont on reparlera très certainement cet été), Domenico Berardi et Federico Chiesa étaient alignés. En défense centrale, Mattia Caldara a lui aussi connu sa toute première titularisation aux côtés de Leonardo Bonucci.
Passées quelques minutes de flottement, sûrement dues à l’émotion, le défenseur central a ensuite tenu bon face au trio international français (Dembélé, Griezmann et M’Bappé), qui aura surtout fait craquer la Nazionale en passant par des côtés mal couverts par notre De Sciglio à gauche et D’Ambrosio à droite. Propre et élégant, Caldara a fait preuve de personnalité pour envoyer un message clair à la Juventus : il est prêt à faire le saut de qualité.
Tous les choix de Caldara sont intelligents et justes alors qu’on se fait atomiser derrière. Crack absolu et confirmé
— R (@RaphaDelpiero) 1 juin 2018
Un défenseur »cérébral »
Révélation de la saison 2016-2017, Mattia Caldara était attendu au tournant cette année alors qu’il était officiellement un joueur de la Juventus. Une année qui a confirmé le gros potentiel du défenseur central et laissé entrevoir de nouveaux progrès. Touché au dos, l’Italien a eu du mal à trouver de la continuité cette saison mais lorsqu’il était disponible, Gasperini a toujours misé sur lui. Et pourtant la concurrence de Palomino, nouvelle révélation du côte de l’Atalanta, n’était pas des moindres. Titulaire 24 fois cette saison en championnat, Caldara n’a connu que deux fois le banc de touche, dont une fois à la première journée alors qu’il n’était pas encore prêt physiquement. Brutalement touché après un choc contre Batshuayi lors de l’élimination en Europa League face à Dortmund, l’Italien a ensuite toujours été titulaire pour son retour sur le terrain lors du rush final.
Si ses 187 centimètres et ses 80kg font de lui un joueur puissant -mais encore un peu trop lent-, Mattia Caldara est plutôt ce qu’on appelle un joueur propre. Ses défauts athlétiques sont parfaitement compensés par une excellente qualité dans le placement, l’occupation de l’espace et l’anticipation des actions adverses. Qualifié de défenseur « cérébral » sa compréhension du jeu impressionne et se montre digne d’un vétéran de la Serie A. Une intelligence qu’on remarque vite lorsqu’on observe son alignement : il piège régulièrement les attaquants adverses en remontant d’un pas pour les mettre hors-jeu. On l’a encore vu cette semaine contre la France.
Sur le terrain, cette lecture se traduit par 1,9 interceptions par match cette saison soit autant que Chiellini et beaucoup mieux que Barzagli et Rugani (0,8). Une statistique bien en dessous de 3,4 par match qu’il affichait en mars 2017, lorsqu’il était en pleine possession de ses moyens physiques. Tactiquement, c’est un joueur intelligent, bien façonné par le génie tactique de Gasperini, capable de jouer aussi bien dans une défense à quatre qu’à trois. Une polyvalence qui enchantera Allegri.
Un joueur qui »pèse » en attaque
Partisan d’une défense plutôt agressive, le système de Gasperini aura également permis à Caldara de progresser dans l’utilisation de son corps. Défenseur plutôt propre, il s’est amélioré dans la gestion des contacts physiques et a encore une bonne marge de progression dans le domaine. Décrit comme un garçon humble et tranquille, Caldara admire la grinta de Chiellini (dont il avait un poster dans sa chambre) mais reconnaît ne pas en avoir autant sur le terrain. Attentif et réfléchi, il dit s’inspirer plutôt de Nesta dans le jeu (d’où le choix du numéro 13). Mais pour réussir à la Juve, Caldara devra se montrer plus agressif et savoir prendre de risques. Ne pas forcément attendre l’attaquant en se basant sur ses qualités intellectuelles mais aussi aller le chercher plus haut et faire preuve de personnalité.
Caldara c’est aussi une présence importante dans la surface de réparation adverse. Auteur de 7 buts pour sa première saison en Serie A et de 3 buts dans cet exercice, la plupart de ses réalisations ont été marquées de la tête et sur coup de pied arrêté. Il a démontré un certain sens du placement et aussi de grandes qualités dans le jeu de tête. Dans les airs, Caldara ne souffre pas tant de la comparaison avec Benatia : l’Italien tourne à deux duels aériens remportés par match contre 2,4 pour le Marocain. Techniquement, il se montre assez habile et capable d’utiliser ses deux pieds. On attend par contre de lui une vraie progression dans les longs ballons, une qualité qui manque à la Juventus depuis le départ de Bonucci.
Une année utile
Au final, le choix de la Juventus d’avoir laissé Caldara cette saison à l’Atalanta est payant. Le joueur paraît beaucoup plus apte à faire le saut de qualité que ne l’était Daniele Rugani. Mieux connu par les attaquants de Serie A et fort de ses premières expériences en Europe, il a pu enrichir son intelligence de jeu et progressé dans la gestion du physique. Un point que Massimiliano Allegri saura améliorer ultérieurement quand on voit les progrès de Rugani en la matière. Tel qu’on le voit, Caldara a le potentiel pour devenir le nouveau défenseur central titulaire de la Vieille Dame. Mais voilà, la Juventus c’est autre chose que l’Atalanta, sans vouloir manquer de respect aux lombards. Il faudra donc voir comment l’Italien vivra le changement de réalité. « Je pense avoir progressé énormément ici à Bergame, disait-il en fin de saison. Mais je dois encore progresser au niveau mental, surtout en vue de l’année prochaine qui sera une année encore plus importante. Il faudra se montrer prêt lorsque l’entraîneur comptera sur moi. (…) Je devrai m’acclimater le plus vite possible car à la Juventus, il n’y a pas de temps pour l’échec ».