Guido Vadalà, Ouasim Bouy, Vajebah Sakor, Andrès Tello, Younes Bnou Marzouk, Sergio Buenacasa, José Francisco Cevallos Jr, Elvis Kabashi, Richmond Boakye, Stefano Beltrame ou encore Davide Lanzafame. Certains de ces noms ne vous disent peut être rien. Tous ces joueurs sont pourtant passés, à un moment ou un autre, par la case Juventus et son équipe primavera. Le problème, c’est qu’aucun de ces joueurs n’a percé dans l’équipe première. Pourquoi ? Comment ? Nous allons tenter d’y voir plus clair.
Plafond de verre ou problème de niveau ?
Les jeunes de la Primavera ne font plus l’ascenseur social vers les cimes de l’équipe première. C’est un fait. Mais d’où provient cette problématique ? Est-ce le fait d’un problème récurrent de niveau ou est-ce ce que l’on appelle le plafond de verre ? Peut-être que le soucis est tout autre ? A chaque époque sa légende. Aujourd’hui Cristiano Ronaldo vampirise toutes les attentions et autrefois Del Piero, Pavel Nedved ou David Trezeguet en faisaient de même. Que dire aussi du fait que la Juventus ne laisse que très peu de miettes à ses jeunes italiens ? Ce n’est pas un secret, les bianconeri ont toujours trop couvé leur graines quitte au final à ne pas leur laisser assez de lumière pour pousser et grandir. Enfin, il suffit aussi de voir le niveau actuel affiché par la Squadra Azzurra pour comprendre le déficit de talent (ou de confiance) qui touche la botte et ses institutions. Le niveau général du football italien semble ne vivre que sur ses acquis et tend en plus à ne pas vouloir se transformer.
Un autre problème peut aussi être noté : Les copropriétés. En effet, ce désormais ex phénomène italien de prêt des joueurs, notamment les jeunes, était une véritable mort à la progression. Sous prétexte de garder la main mise sur un fort prospect, la Juve cédait alors nombre de ses jeunes poulains à 50% partout ci et là en Italie. Un nombre effarant de prêt qui masquait en fait un manque criant de travail dans le monitoring des jeunes. L’accumulation des prêts n’a laissé que très peu de chance à tous ces jeunes pousses mortes-nées. La fin soudaine et prématurée de ce système lors de l’été 2014 a porté l’estocade finale au destin de nombreux jeunes. En réglant vite et mal l’ensemble de ses copropriétés, la Juventus a préféré gagner quelques euros au détriment de l’aspect sportif futur.
Comme une mauvaise rengaine, ces maudites copropriétés ont été remplacées au pied levé par la multiplication des prêts avec option de rachat et même de contre-rachat ! Inutile de dire que ce nouveau prétexte n’augure encore rien de très bon pour la jeunesse même s’il est à noter la création d’une équipe Juventus U23 pouvant se révéler être un bon moyen de donner un peu de temps de jeu sous pavillon Juve aux « meilleurs » jeunes du club. Une expérience « d’homme » qui peut s’avérer être significative au travers des rudes et âpres matchs de Serie C.
Il ne fallait pas rater le train passé en 2006 !
Le tournant pour de nombreuses carrières a-été indubitablement la saison post Calciopoli. La Juventus n’a eu d’autres choix que de repartir presque de zéro en s’appuyant sur de nombreux jeunes. Une chance inespérée. Un arc-en-ciel dans le brouillard. Ainsi, Paolo De Ceglie, Sebastian Giovinco, Matteo Paro, Felice Piccolo, Antonio Mirante et Claudio Marchisio de la Primavera ont eu la possibilité de jouer plus ou moins avec une certaine continuité en Serie B. C’est aussi à ce moment-là que de jeunes joueurs comme Giorgio Chiellini ou encore Valeri Bojinov et Raffaele Palladino débutent véritablement avec la Juventus.
Non, il ne fallait pas rater le train de 2006. Le problème, c’est que ce train n’est plus jamais revenu en gare. Pis, seul Marchisio a su profiter véritablement de cet ascenseur social afin de devenir tour à tour une pièce maîtresse du dispositif et une légende de la Juventus. Le dernier des Mohicans (en attendant peut-être Spinazzola ?). La restructuration du club a donc eu deux aspects diamétralement opposés. Elle a laissé une porte entrouverte à un moment pour de nombreux jeunes de la Primavera mais a aussi conduit le club à prendre des décisions drastiques quant au projet sportif et économique. Le renouveau était en marche. La Juventus se devait de revenir vite et fort sur le devant de la scène footballistique et nationale puis européenne. Andrea Agnelli succédera à Jean Claude Blanc et reprendra donc les reines du club en compagnie de Conte, Marotta et Paratici. La suite on la connaît.
Les problématiques d’une Juventus « galactique » et le cas Moïse Kean
La Juventus d’aujourd’hui ne laisse que très peu de place à l’amateurisme et à la vraisemblance. C’est désormais plus que jamais une marque mondiale, un club qui compte et qui nourrit de grands projets. Cette course au mondialisme et cette obligation de résultats immédiats ne laisse presque aucune marge de manœuvre à la Juventus. C’est marche ou crève. Soit bon tout de suite ou tais-toi à jamais. Un peu comme la maison Stark de la célèbre série Game Of Thrones, des têtes vont encore tomber dans la maison Juventus. C’est certain. Exemple concret : Moïse Kean qui cristallise ce phénomène du quitte ou double. Au-dessus du lot durant le dernier Euro avec les azzurrini, le buteur italien est aujourd’hui comme Sissi : face à son destin.
Doit-il rester dans l’effectif et attendre un départ de Dybala ? Doit-il rester dans l’effectif est continuer d’engranger de l’expérience aux côtés de Ronaldo et consorts ? Doit-il au contraire s’en aller en prêt ailleurs afin d’exploser pour de bon ? En a-t-il seulement envie ? Est-il prêt pour le grand bain d’une expérience à l’étranger ? A la Juve de faire le bon choix le concernant. Pour autant le choix est cornélien. A-t-il les épaules pour jouer dans cette Juve « galactique » ? Le cas échéant, ce serait bête, dans 3 ou 4 ans, de le voir exploser ailleurs à la manière d’un Verratti et de devoir le rapatrier pour plus de 100 millions d’euros. Outre le travail de fond sur les prochaines arrivées, les rôles et choix de Paratici et Nedved vont ici être déterminant également.
Au fait, que sont devenus la plupart de ces joueurs ?
Guido Vadalà : Le « nouveau Messi » n’a jamais passé la vitesse supérieure. Malgré quelques bonnes prestations avec la Primavera, le jeune argentin joue à ce jour dans l’équipe d’Universidad Concepcion au Chili. Amen.
Ouasim Bouy : L’un des poulains de l’ogre Mino Raiola n’a jamais explosé aux yeux du grand public malgré des passages à Hambourg ou au Panathinaïkos. Aujourd’hui, il joue au PEC Zwolle en Eredivisie.
Vajebah Sakor : Le « nouveau Davids » n’a jamais eu le début d’une ressemblance avec le pittbull néerlandais. Si vous désirez avoir des nouvelles de lui c’est du côté de Göteborg en première division suédoise qu’il faut regarder.
Andrès Tello : Réputé explosif et très bon techniquement, le jeune international colombien n’arrête pas de se faire traîner ci et là dans l’antichambre du championnat italien. Après un passage prometteur à Cagliari il exerce désormais à Benevento en Serie B.
Younes Bnou Marzouk : Chipé contre toute attente au FC Metz il y a de cela quelques années, on attendait beaucoup de lui. Grand dribbleur, il avait notamment donné le tournis à Ogbonna lors du match d’avant-saison Equipe Primavera-Equipe A. Perdu des radars, il évolue désormais à Malte dans la formation de Sliema Wanderers.
Sergio Buenacasa : Arrivé de la Masia avec l’étiquette de futur très grand buteur, le buteur ibérique est aoujourd’hui en D2 espagnole du côté de Majorque.
José Francisco Cevallos Jr : Milieu offensif équatorien, bon balle au pied, il n’a fait qu’un aller/retour à la Juve. Lokeren en D1 belge a aujourd’hui le plaisir d’accueillir son talent.
Elvis Kabashi : L’albanais a longtemps été un joueur très prometteur au sein de la Primavera. Talent gâché ou manque de chance, il est à ce jour sans club après un passage à Livorno.
Richmond Boakye : Solide attaquant ghanéen, il devait être celui qui porterait les reines de l’attaque bianconera. La fin des copropriété en 2014 l’a poussé prématurément vers la sortie. Après une longue traversée du désert, il semble aujourd’hui s’épanouir du côté de l’Etoile Rouge de Belgrade.
Stefano Beltrame : Buteur intéressant, italien, fort prospect, le jeune Beltrame n’a jamais explosé. Encore sous pavillon Juventus, il est prêté à Den Bosch en D2 hollandaise.
Davide Lanzafame : Enfin, notre liste non exhaustive de talents gâchés se termine par Lanzafame. Joueur de caractère, il possédait tous les atouts nécessaires pour exprimer son talent avec la Juve. Il a même eu la chance d’effectuer quelques apparitions avec l’équipe A. Or, les années 2010 correspondent avec un renouveau de la Juve ce qui annihile ses possibilités. Aujourd’hui, il continue son tour de Hongrie et fait le bonheur du Ferencvaros.