Le froid était hivernal. La salle de presse peu comble. On parle d’une époque où la Juve échoue en phases de poule d’Europa League devant City et le Lech Poznań. Nous sommes en Janvier 2011 et le club vient de faire signer celui qui allait devenir l’un des tout meilleur défenseurs centraux de la planète football, le tout pour à peine la moitié d’un million d’euros. Il fut l’une des premières pierres posées par Andrea Agnelli à l’immense édifice qu’est redevenue la Juventus d’aujourd’hui. En ce 8 Mai, on souhaite un bon anniversaire à Andrea Barzagli. Hommage.
Sa carrière en club décolle véritablement à Palerme en 2004, ses bonnes performances en rosanero lui valent même d’être du voyage en Allemagne qui verra l’Italie broder sa 4e étoile sur la maglia azzurra. Bah oui, sachez-le, avec son match et demi joué en mondial dont une titularisation en quart contre l’Ukraine, Barzagli est un Champion du Monde. Suite à sa riche expérience sicilienne, et snobbé par les grands d’Italie, il part s’offrir une pige allemande à Wolfsburg, avec qui il obtient son tout premier trophée avec le titre de champion de Bundesliga 2009 remporté avec les Loups en ayant joué tous les matches.
LA REVANCHE DU ROC
En Janvier 2011, le flair de Marotta fait déjà des siennes ; bientôt néo-trentenaire et désireux de retrouver ses terres italiennes, Barzagli se laisse tenter par la Juve et son projet de renaissance mené par un autre Andrea, Agnelli, nouvellement président du club. Quand il signe son premier contrat bianconero, Barza n’est pas encore « La Roccia ». Il vivra le reste de la saison 2010/2011 qui verra la Juve finir à une triste 7e place, mais offre déjà des motifs de satisfactions ainsi qu’une grosse assurance pour les années à venir.
Les 4 (vrais) fantastiques.
Puis arrive Antonio Conte, qui visse le toscan en défense centrale aux côtés de Bonucci et Chiellini dans un 3-5-2 qui va façonner la légende de la « BBC ». Avec ses deux comparses, Barzagli forme la meilleure défense d’Europe de la saison 2011/2012, avec seulement 20 buts encaissés en 38 journées de Serie A, et, forcément, un premier Scudetto à la clé dans une saison où la Juventus ressort invaincue en championnat. Ça méritait bien qu’on lui laisse transformer le tout dernier penalty de cette saison contre l’Atalanta, et des surnoms affectifs mais puissants, inamovible comme un « Roc », et infranchissable comme un « Mur ». Dans la foulée, Andrea retrouve la Nazionale avec qui il se hisse jusqu’en finale de l’Euro 2012. La suite de l’histoire est dans la continuité. Après 3 scudetti remportés avec Conte, l’arrivée d’Allegri sur le banc ne change pas grand-chose aux habitudes de la garde bianconera, sauf que les performances sur la scène européennes se succèdent et, après 2 apparitions sur ces 3 dernières années dans le top gratin européen et après avoir couché le Barça chez lui, la reconnaissance pointe enfin le bout de son nez, là ou des Ramos ou Piqué -à qui il n’a rien à envier- sont reconnus depuis des années.
INDESTRUCTIBLE
Au top de sa forme, Andrea Barzagli est un défenseur redoutable au sens de l’anticipation hors du commun. Du haut de son mètre 87 et de ses quelques 87 kilos, il possède un physique robuste qui lui permet d’être dur sur l’homme. Il est pourtant un défenseur à l’élégance certaine, aux tacles glissés engagés mais maîtrisés (Moyenne de 0,6 fautes par match sur 6 saisons), ses relances sont plus propres que des pompes neuves et ses interventions plus rassurantes que le câlin d’un grand frère. De la défense qu’il forme avec Bonucci et Chiellini, il est certainement le plus constant de la bande sur les 6 dernières années, même si paradoxalement, il est celui qui est le moins en vue des trois. Andrea c’est aussi ce grand travailleur de l’ombre, il est de ceux qui n’aiment pas l’UV des spots voués à cramer la peau des stars. Il fait son taff, il le fait bien, il laisse le reste au folklore. L’apanage des grands princes.
« Allez, la photo pour le souvenir, dépêche après je retourne taffer »
Il y a bien quelques vilaines blessures, une au talon, puis une luxation de l’épaule en fin d’année dernière qui l’on tenu éloigné des terrains pour des périodes plus ou moins longues, mais qu’importe si certains disent qu’il n’en reviendra pas, le Mur repousse le venin et déjoue les pronostics en affichant constamment son meilleur niveau depuis maintenant bientôt 6 ans. La suite s’écrit dans les semaines qui suivent pour Andrea. Un match retour contre Monaco, et on l’espère, un match à jouer sur le toit de l’Europe à Cardiff, lui qui était de l’équipe qui a échoué en 2015 contre le Barça sur cette terre Allemande qui lui a beaucoup offert.
On a tous une vision différente d’un mur. L’histoire vous dira qu’il faut les faire tomber. Un président américain vous dira qu’il faut en ériger. Buffon a dit que la Juventus devrait cloner le sien et ne jamais s’en séparer. Une « Storia di un Grande Amore » réciproque entre la vieille dame et son plus beau roc, d’autant que ce dernier a déclaré il y a un an de cela, qu’il « regrette de ne pas avoir quelques années en moins afin de pouvoir rester plus longtemps à la Juventus ». Oui, définitivement, il est de ces défenseurs qui se font rares, ceux qui en plus d’être particulièrement excellents, ont de la classe à revendre.
Made in Italia. Auguri, Campione.