Auteur d’un doublé resplendissant Mardi soir contre le Barça, l’Europe s’éveille enfin à l’étendue du talent phénoménal de Paulo Dybala. Le diamant brut bianconero continue tranquillement son chemin vers ce qui pourrait faire de lui l’un des meilleurs joueurs du monde. Statistiquement en deçà par rapport à la saison passée, lui valant par ailleurs quelques critiques, où se situe réellement le niveau de celui que Max Allegri décrit comme étant un « Futur Ballon d’Or » ? Derrière le Mask, retour sur ce gamin de Laguna Larga qui respire le Football vrai.
Quand les filets du Stadium tremblent, c’est comme un rituel. Une course euphorique et passionnée vers l’un des coins du green avec ces fameuses chaussettes baissées à mi- mollet, la main collée sur la partie inférieure d’un visage d’ange pour former un masque qui ne laisse apparaitre que les yeux d’un buteur au sang-froid. Une voix qui résonne ; « Ha segnato, il numero ventuno…. !!» et une fois la joie passée d’un stade qui hurle son nom à sa gloire, Paulino lève les yeux et les bras vers les étoiles, une pensée systématique à son père parti trop tôt, lui qui rêvait de voir son fils briller sur les plus beaux terrains de football du monde. C’est ainsi que s’écrit le mythe de la Joya.
« MESSI CHI ? »
Paulo fait partie de ceux qui font chavirer le cœur des romantiques du football. Dans la lignée des grands joueurs qui ont porté le numéro 21 à la Juventus, il incarne la classe. Dybala c’est un toucher de balle inspiré et à la mesure juste. Ce sont des contrôles qui anesthésient un ballon nerveux avec une précision chirurgicale. C’est aussi des enroulés du gauche aux courbes si généreuses qu’elles t’en feraient pâlir de jalousie une playmate. Il n’est qu’amour lorsqu’il tâte le cuir, son petit gabarit lui donne un centre de gravité très bas, permettant des percutions folles et des dribbles chaloupés qui poussent généralement ses adversaires dépassés à jouer ses chevilles ou ses tibias, voire même les genoux pour les plus vexés.
Forcément un tel profil rappelle celui d’un autre Argentin, lui aussi petit gabarit gaucher, un joueur quintuple Ballon d’Or pas trop connu que l’on nomme Lionel Messi. Cette comparaison qui lui colle à la semelle est évidemment flatteuse, mais Paulo veut être Dybala avant toute chose, et s’efforce d’écrire sa propre histoire avec la Juventus, l’institution qui lui permet aujourd’hui de briller et de se dévoiler aux yeux de l’Europe comme étant l’un des tous meilleurs joueurs, en battant à l’aide d’un doublé ce même Messi et son FC Barcelone avant que « Dottor » Chiello vienne alourdir la note avec un 3e but. Reste un match retour à disputer, et une compétition à remporter pour cesser d’être dans l’ombre de la Pulga.
MAKING OF GLADIATOR
Statistiquement moins imposant que l’année dernière, Paulo n’a inscrit « que » 8 buts cette saison en Serie A, en plus de 6 assists. Pas de quoi provoquer un lynchage public mais quand même suffisant pour se retrouver sur la rampe des critiques, ajoutez à cela un penalty décisif raté contre Donnarumma en Supercoupe d’Italie à Doha et c’est déjà le bûcher qui s’enflamme.
Les raisons de ce coup de « moins bien » sont pourtant multiples, la première est sans doute inhérente à l’arrivée de Gonzalo Higuain l’été dernier. Pipita concentre à lui seul 21 buts de Serie A à l’heure actuelle, ce qui laisse forcément moins de place à Paulo pour exister en tant que buteur protagoniste comme il l’était la saison passée.
Deuxième raison à cela, une vilaine déchirure musculaire l’a tenu éloigné pendant de nombreuses semaines cet hiver, alors qu’il était en pleine bourre (4 buts en 4 matches). Surtout, son rôle dans le schéma tactique d’Allegri a changé. Utilisé en ailier, parfois même en 10, il décroche beaucoup de sa ligne d’attaque pour venir défendre, à l’instar de Mandzukic côté gauche. Sa technique, ses capacités à protéger la balle, à dribbler et à distribuer le jeu offensif sont autant d’éléments clé permettant d’éclaircir le jeu Bianconero. Un travail de sape qui n’apparait pas en statistiques mais qui se veut vital tant il profite à ses coéquipiers, dont un certain Gonzalo Higuain, forcément à qui il a délivré 2 passes décisives pendant les 2 dernières journées de championnat.
Copains comme cochons argentins
Alors oui, en statistiques pures et dures, Paulo est moins impressionnant que l’année dernière, en revanche son apport dans le jeu et son importance sur le terrain n’ont peut-être jamais été aussi grands. A 23 ans, et alors qu’il possède encore une énorme marge de progression, il porte sur ses épaules des responsabilités qui incomberaient à un joueur cadre rodé à l’expérience, et ce, au sein de la Juventus, l’un des plus grands clubs du monde. Au même âge, certains ont encore du mal à regrouper deux chaussettes au motif identique.
QUELLES LIMITES ?
En interview post-match, Gigi lui-même à déclaré « Paulo a connu une évolution exponentielle ces deux dernières années […] En parlant de temps à autre avec des amis ou des dirigeants, à propos de grands joueurs, cela fait un moment que je dis que Dybala fait aisément partie des 5 meilleurs joueurs au monde. Pour moi, ce n’est pas absurde de dire qu’il fait même partie des 3 meilleurs. »
Si Gigi le dit, c’est déjà amplement suffisant pour que ça soit un fait avéré ! Mais en toute objectivité, au vu de son apport dans le jeu, sa vision au-delà de la moyenne et sa technique incroyable, Dybala fait effectivement déjà partie des meilleurs joueurs du monde.
Béni par Dieu le Père
Mais ce n’est pas qu’une question de performance sportive. Le garçon a de l’intelligence et un cœur énorme, ça se voit et ça se sent, tant il transmet sur et en dehors du terrain une image positive d’un garçon au cœur serein, loin de l’archétype d’un jeune pétri de talent mais au mental sclérosé par le star system du football business. Sans doute le résultat de l’influence de sa famille qui habite avec lui à Turin qui doit sans doute veiller à ce qu’il garde les pieds sur Terre, mais cette lucidité est aussi l’oeuvre des grands cadres italiens du club, dont Claudio Marchisio qui l’a pris sous son aile dès son premier jour en Bianconero, et qui mieux que Il Principino pour transmettre le fameux Stile Juve ?
Ne lui manquent que quelques buts cette saison pour être absolument irréprochable, on lui souhaite que ce doublé contre Barcelone le galvanise jusqu’à la fin de saison et lui permette d’atteindre des nouveaux sommets. Ce que l’on souhaite surtout, c’est de le voir continuer fort et longtemps avec la Juventus, à la conquête de titres et de trophées.
D’ailleurs en parlant de trophées, il parait que cette année, il y en a un plutôt sympa à soulever du côté de Cardiff…