Mardi soir au Stadium, la Juventus jouera une partie de son avenir en Champions League en s’opposant au FC Barcelone dans une affiche au sommet, remake de la finale de 2015. Acheté pour une somme que beaucoup jugent encore excessive, c’est pourtant pour ce genre de rencontre que Gonzalo Higuain a été recruté, destiné à faire passer un cap à la Juve en C1. Moqué pour son présumé moral en carton-pâte dans les grandes affiches, c’est l’occasion ultime pour « Pipita » de faire taire ceux qui, malgré ses 21 buts en championnat, n’ont pas oublié les 90 briques balancées au pied du Vésuve pour le faire venir à Turin et l’attendent désormais au tournant Européen.
Fier d’une saison historique sur le plan personnel avec 36 pions plantés en Serie A, Gonzalo n’est pourtant pas arrivé en odeur de sainteté du côté de Vinovo, l’été dernier. Il faut dire que tout prenait l’allure d’une mauvaise blague ; 90 millions (!!) claqués sur -certes- le meilleur buteur de l’histoire de la Serie A, mais quasi-trentenaire, provenant du Napoli qui plus est, et avec un ventre bedonnant pour couronner le tout ? La « pancetta » d’Higuain a fait le tour de la planète football, moquée, pointée du doigt… C’est vrai qu’à ce prix-là, ça paraissait quand même cher le kilo. Mais ça, c’était avant. 21 pions plus tard, c’est tout le Juventus Stadium qui chante les exploits de « Pipita », et de la paire formidable qu’il compose avec son compatriote et désormais ami, Paulo Dybala encore auteur d’une passe décisive pour Gonzalo contre le Chievo, samedi dernier.
Quand Gonzalo et Paulo ont une plus belle complicité de couple que toi
La Juve voit désormais la vie en « HD » avec sa nouvelle paire, grâce à laquelle ses ambitions prennent elles aussi une nouvelle résolution, et si tout semble aller pour le mieux sur le plan national avec un sixième scudetto d’affilé qui pointe le bout de son nez et une troisième finale consécutive de Coppa Italia à jouer en Juin, le véritable enjeu annuel de la Juve se trouve sur les terres européennes. L’obstacle des huitièmes de finale de Champions League a été franchie avec calme et maîtrise, mais le parcours relativement serein de l’équipe jusqu’ici ne nous indique pas réellement à quel niveau situer cette Juventus cru 2016/2017.
Il fallait un test, ça tombe bien : Un Barça auteur de la plus grande remontada de l’histoire de la coupe aux grandes oreilles se dresse sur le passage, et cette fois, il faudra bien plus que simplement gérer le match pour espérer rêver d’une demi-finale. Et c’est justement là que tous les regards se tournent vers Gonzalo Higuain, que l’on attend en héros providentiel, lui qui est si décisif en championnat.
TEST YOUR MIGHT
On ne va pas se mentir, (très) rares sont les joueurs à avoir réussi à planter plus de 20 buts en 31 matches de Serie A lors de leur toute première saison en bianconero. A ce stade, seuls deux joueurs ont réussi à faire mieux que lui : Felice Borel lors de la saison 1932-1933 avec 24 buts, et John Charles saison 1957-1958 et ses 27 réalisations. Ça date, et ça permet de constater qu’Higuain participe volontiers à assoir la suprématie incontestable de la Juve sur la botte. C’est désormais en Champions League que l’on attend le plus de lui, car c’est là où le fameux « retour sur investissement » des 90 millions sera le plus important. Jusqu’ici auteur de 3 buts dans la compétition, on veut ce Gonzalo crevant la faim de buts que l’on voit chaque week-end, le même qui martyrise les défenses de Serie A depuis 3 saisons. Un cap à franchir important pour la Juve, mais aussi pour lui, que l’on accuse volontiers de psychologiquement faible lors des rencontres à gros enjeux.
Entre ses ratés mémorables en finale de Coupe du Monde 2014 et en finales de Copa America éditions 2015 et 2016, et loin d’être réputé pour être un tueur en joutes européennes, Pipita ne s’est pas forgé une réputation de champion au sang-froid imperturbable. Peu lui coûte ce qu’en dit la plèbe, Gonzalo ne s’est pas privé pour refroidir sèchement un stade San Paolo en ébullition en plantant deux buts lors de la double confrontation contre des Napolitains remplis d’amertume qui lui promettaient l’enfer. Et pour éteindre un volcan de 60 000 personnes comme le San Paolo, faut être un vrai bonhomme.
« Oui oui, j’ai éteint toute cette tribune bruyante, là-bas ! »
LE GONZALO NOUVEAU
Le fait est, Higuain a franchi un cap en signant à la Juventus. Une étape importante de sa carrière qui lui permet désormais de mettre tous les trophées à portée de mains, en jouant les premiers rôles au sein du projet sportif du club. Son éclat rayonnant en championnat doit maintenant servir à le faire briller en Europe, afin de définitivement ranger l’entièreté des tifosi Juventini dans sa poche. Le challenge se pose pour l’Homme mais aussi pour le champion, jouer les premiers rôles dans la conquête du plus grand des titres européens permettrait à Pipita d’inscrire son nom en doré sur la plaque des tout grands, là où s’effacent les ardoises, les débats, et même les petits ventres pansus de pré-saison.
Le périple de l’un des plus grands exploits de l’Argentin, né à Brest, ne fait que commencer et le destin a décidé de le faire passer par la périlleuse case Blaugrana, lui, l’ancien Merengue. « #ItsTime » harangue la Juve à ses tifosi. Oui, il est temps que dans toute l’Europe raisonnent trois syllabes : « GON – ZAAA – LOOOO ! ! ! »