Gianluigi Buffon, toi qui m’a fait aimer le football, merci pour tout. Après une exclusion d’un match monumental de ta part qui ressemble à une fin de cycle, les tifosi de la Vieille Dame te remercient pour tout ce que tu leur as apporté. Tu as porté cette équipe dans les bons moments comme dans les mauvais, et tu es le reflet du football romantique que je regrette tant. Aujourd’hui, j’écris pour te remercier, de ma part et de celles de millions de supporters à qui tu vas manquer. Nous profiterons de tes derniers matchs et de ta folle grinta jusqu’aux derniers instants, les larmes prêtes à couler lorsque tu quitteras le rectangle vert pour de bon.
Mon premier regard…
Comme beaucoup de jeunes français, je t’ai connu lors d’un match particulier. La finale de la Coupe du Monde, en 2006. Mon idole, Zinedine Zidane, se retrouvait face à toi, le plus grand gardien du monde, impitoyable. Ce soir-là, tu nous as enlevé un rêve à nous, les français. Zidane face à un but pratiquement vide depuis l’angle où il se trouve, il va marquer c’est sûr. En même temps, qui pourrait arrêter ça ? Toi. Aussi impensable que cela puisse paraître, tu as arrêté ce tir, une manchette dont le monde entier se rappellera, dont l’Italie entière est encore fière aujourd’hui. Pendant six ans, je n’ai plus aimé le foot, je ne regardais plus, je ne voulais pas faire comme tout le monde, et rien de spécial ne m’attirait dans ce sport.
…et six ans plus tard
Tu ne m’as pas laissé le choix. Six ans plus tard, le 25 mars 2012, je tombais amoureux de ce sport inimitable qu’est le football. Je regardais un match de la Juve pour la première fois. 2-0 contre l’Inter, Del Piero et Caceres. Mais toi, surtout. Toi, qui avait gagné la Coupe du Monde et qui a décidé de rester dans son club lors de la descente en Serie B l’année d’après. Même si le départ de Del Piero en aura traumatisé beaucoup, cela n’a pas eu tant d’effet sur moi (je connaissais la Juve depuis quelques mois seulement). Malheureusement, je sais déjà que ta retraite sera le pire moment de football de ma vie. Tu as toujours été présent dans le football pour moi, et regarder des matchs de la Vieille Dame sans son Gigi sera une sensation au goût bien trop amer pour ne pas me marquer.
L’un des derniers romantiques
« Un vrai gentleman ne quitte jamais sa dame » – Alessandro Del Piero
Tu l’as visiblement bien compris. Leader de cette équipe bianconera depuis 17 ans, tu es passé par absolument tous les chemins : descente en Serie B, désillusions, cauchemars. Mais aussi les trophées, les victoires, les grands moments du club auxquels tu as beaucoup contribué. Parmi les cauchemars auxquels je fais allusion, beaucoup sont très récents et concernent un trophée bien particulier, le seul qui manque à ta glorieuse collection. Ce trophée, cette fameuse coupe aux grandes oreilles, tu aurais pu la gagner avec une autre équipe. Tu en as décidé autrement, préférant la fidélité aux performances personnelles. Tu es l’exact définition de l’amour du maillot, du romantisme dans le football. Après ton départ, celui de Totti, d’Iniesta… ce romantisme pourrait bien disparaître totalement. En plus de cela, tu as toujours eu un truc supplémentaire par rapport aux autres, une grinta et une rage de vaincre même dans les pires moments. Plus grand gardien du monde, tu as été côtoyé par de nombreux clubs, mais tu es toujours resté. Tu as pris les mots de Del Piero pour toi, et n’a jamais quitté ta dame.
The Wall
Si Donald Trump mettait vraiment en marche son projet de mur, prépare toi à recevoir plusieurs appels de sa part. Si j’ai bien retenu quelque chose de tes performances, c’est qu’aucun gardien ne t’arrive à la cheville, et que ta carrière est monumentale. Une Coupe du Monde, un Euro, une Ligue Europa, huit Scudetti, quatre coupes d’Italie, six Supercoupes, quatre fois déclaré meilleur gardien du monde… et les lignes pourraient être plus longues. Si l’arrêt qui m’a le plus marqué restera celui face à Zizou, la liste pourrait continuer très longtemps. Les débats resteront présents et chacun voudra défendre son gardien. Cependant, si l’on regarde objectivement l’intégralité de ta carrière et les multiples arrêts improbables que tu as pu faire, on sait bien que tu fais partie des plus grands joueurs du monde à ce poste. Pour moi et probablement l’intégralité des tifosi, tu resteras le meilleur, légende.
Un rêve qui ne deviendra jamais réalité
Ce soir, tu sors par la grande porte.
Penalty ou pas, c’est impossible de savoir : l’action est trop rapide, des arguments pour, des arguments contre. Ce n’est pas le sujet. C’est la 93ème minute et tu vois ton rêve de Ligue des Champions s’échapper pour la dernière fois. Alors il faut évidemment comprendre ta réaction. Tu restes homme, même si on l’oublie parfois. Malgré certaines critiques sur les réseaux sociaux, rappelons que tu as été ovationné par le public madrilène, rejoignant Pirlo et Del Piero parmi les joueurs de la Vieille Dame qui l’avaient déjà été. Allegri a même déclaré en conférence de presse « Depuis 20 ans Buffon est un exemple et il l’a été en dehors et sur le terrain. Pour une fois, dans une situation difficile, il a eu un relâchement. Je comprends tout à fait ». La sentence est terrible et une légende de ton envergure ne mérite pas cela. Tu as sorti des arrêts venus de nulle part à 40 ans, dans un match retour infernal au Santiago Bernabéu, partant plus que jamais à la conquête de l’unique trophée qu’il te manque. Mercredi soir, nous avons vécu une soirée historique de football, en partie grâce à toi.
Même si tu pars disqualifié de la Coupe du Monde et de la Ligue des Champions, il est impossible d’oublier 20 ans d’une carrière aussi extraordinaire que la tienne. Les tifosi n’oublieront jamais, et le monde continuera à parler de toi comme le plus grand gardien du monde. Nous allons maintenant profiter huit matchs qu’il te reste parmi nous, avant de te voir raccrocher les gants.
Gigi Buffon, il mio idolo, ciao.
Buffon est et restera toujours dans mon coeur, je t’aime pour l’éternité et suis très fière de toi ! !!!!