Sous – côté mais très estimé par les tifosi, Stephan Lichtsteiner, qui a labouré son couloir droit durant 7 ans tel un engin agricole avant un semis, vient de faire ses adieux à Turin qui l’a vu remporter de nombreux titres. Exemplaire, Stephan l’a été. Le mental ? Il l’incarne lui – même. Des sacrifices. Beaucoup. Il en connaît le ressenti. Le Suisse était un homme de devoir, il est arrivé comme latéral droit en 2011, il quitte la Juve avec le statut de Légende du club. Cet article sera un hommage à cet Homme avec un grand H, une véritable lettre d’amour et à contrecœur, de remerciement. Une page se tourne mais le mythe du « Swiss Express » restera à coup sûr dans nos mémoires.
Retour sur une carrière en Noir et Blanc.
Lichtsteiner, l’offensive à tout va
1er Juillet 2011, la Juventus annonce l’arrivée d’un certain latéral droit nommé Stephan Lichtsteiner. Celui qui était un joueur de la Lazio va donc commencer à écrire son histoire en noir et blanc et ce dès son premier match dans le couloir droit de la Vieille Dame, en inscrivant le premier but du nouveau stade de la Juve, alors nommé Juventus Stadium.
Stephan Lichtsteiner c’est en effet d’abord le sens du but. Le goût de l’offensive. Avec le Suisse la Vieille Dame a vraiment effectué un pas, et même un saut en avant qualitativement parlant. Combien de chevauchées se sont terminées par une occasion de but ou même par un but ?
Des actions à vous citer on en a trop. On va en sélectionner quelques-unes mais Dieu sait que c’est difficile. Son but sur une passe de Pirlo face à l’Inter en 2014 est magnifique, ou encore contre la Lazio lorsqu’il traverse le terrain de long en large pour aller marquer : témoignent de son envie et de son appétence pour l’offensive. Il a également marqué à la manière d’un pur 9, comme lors de Juventus – Parma où sa reprise de volée, tellement pure, a rendu la moitié des attaquants de Serie A jaloux.
Loué par Antonio Conte pour ses qualités de contre-attaquant, Stephan Lichtsteiner a incarné et incarne les nouveaux genres de latéraux : portés vers l’avant, techniques et qui enchaînent les allers – retours. C’est sa nature, et il a parfaitement réussi à la coupler avec celle de la Juventus.
Combien de ses chevauchées ont rythmées mes samedis et dimanches devant la télé, à le regarder galoper sur un terrain ? Combien de fois lui ai-je hurlé « Mais centre ! » devant mon écran ? Combien de fois ai – je pu me dire « il est moins bon, il devrait moins jouer » ? Et combien de fois m’a-t-il fait mentir ?
Il est infatigable et incroyable de force mentale, et ça je vais vous le prouver.
Un guerrier de la première heure
Guerrier, c’est son deuxième prénom. Stephan Guerrier Lichsteiner. Lui, c’est le genre de gars que tu emmènes à la guerre sans problèmes. Il est comme ça le Steph’. Il n’a jamais rechigné à la tâche et ça on le sait. Infatigable dans son couloir, le « Swiss Express » a su donner de sa personne sur ses interventions défensives ou offensives.
Son caractère est tel qu’il est devenu un cadre dès sa première année à la Juventus. A sa première conférence de presse, il a d’emblée donné le ton : « Je suis là pour gagner ». Un pur joueur Da Juve. Il enchaînera en déclarant « J’ai toujours été un combattant. Perdre m’énerve. Mon tempérament m’a parfois joué des tours, mais c’est ma nature. »
Comment ne pas l’aimer ? Toute sa carrière Stephan Lichtsteiner a su se nourrir des critiques et autres controverses pour faire taire les mauvaises langues. Et toute sa carrière Lichtsteiner a su faire grandir son mental en acier.
Un mental à toute épreuve
Son mental parlons-en. Remis en question plusieurs fois, le Suisse a toujours su surmonter les difficultés qu’il a rencontré. Il aurait également pu se satisfaire des trophées qu’il a remporté ; il n’en est rien. Insatiable, sa faim de victoires est immense, même après tous les trophées qu’il a gagné avec les bianconeri : 7 Scudetti, 4 Coppa Italia et 3 Supercoppa. Il ne lui aura manqué que la Ligue des Champions dont il aura atteint la finale 2 fois avec la Juve.
Stephan on le sait tous aurait pu être capitaine de cette équipe turinoise. Pas un match sans recadrer un coéquipier qui n’aurait pas assuré, pas un match sans le voir replacer ses collègues sur coup de pied arrêté. Gros tempérament on vous dit.
Pourtant tout n’a pas été toujours simple non plus avec la concurrence, surtout en 2016 : l’arrivée de Dani Alves a été un coup dur pour lui. Son statut de titulaire en puissance était complètement ébranlé. Non sélectionné cette saison là pour la phase de poules de la Ligue des Champions (celle d’après également d’ailleurs), avant de faire son retour dans la liste pour la phase finale, il ne s’est jamais plaint de son sort. Non Stephan a préféré travailler en silence.
Daniel Gygax son ancien coéquipier à Lille et dans l’équipe Nationale Suisse le décrit sûrement le mieux : le numéro 26 turinois avait « en tête d’aller très haut. Il était très fort mentalement ».
Cette concurrence avec Dani Alves a été forte mais « il n’a jamais rien lâché et il a toujours su répondre présent […] Pour moi c’est la plus grosse carrière du football Suisse ». Et croyez-le ou non, il n’exagère pas.
« Sa force c’est sa stabilité mentale. Il ne connaît pas de hauts ni de bas. Il a toujours su s’adapter à l’environnement ou à ses coéquipiers ». Ça ne lui fait pas peur au Stephan.
Qui aurait cru qu’après son opération du cœur le 2 octobre 2015, le Suisse aurait joué un mois après en Ligue des Champions contre Mönchengladbach et en se permettant même d’égaliser pour la Juve. But qui par ailleurs sera élu le plus beau en Europe. Depuis ce jour, on a su que cet homme est providentiel.
Stephan laissera une trace dans le vestiaire turinois, comme peut en témoigner la déclaration d’Andrea Barzagli : « Ensemble, nous avons gagné, combattu et on a sourit. Tu étais un grand compagnon de voyage. Tu resteras un ami. Bonne chance Stephan. »
Pas toujours récompensé malgré ton investissement, tu es un modèle de joueur qui possède le Stile Juve, et ça c’est indéniable. Lorsque tu es arrivé, le côté droit Turinois était orphelin d’un véritable latéral droit. Tu auras à toi tout seul rétabli et remis en ordre ce poste. On ne retrouvera peut – être jamais un joueur comme toi et de ta trempe. Parfois tangué oui, mais on ne t’oubliera pas Stephan. Tu auras tout au long de ces 7 années établi ta légende, et tu es rentré dans l’histoire d’une Juve victorieuse et dont on se souviendra.
Le « Swiss Express » quitte la gare de Turin après 7 ans,
Merci Stephan pour toutes ces années passées chez nous.