Quand on pense à Marchisio, on se souvient du gamin turinois, bianconero dans le sang qui aspirait à devenir une légende dans son club de cœur. Quand on pense à Marchisio, on se souvient du travailleur de l’ombre qui composait l’un des meilleurs milieux de terrain du monde. Mais quand on pense à Marchisio, on pense aussi à une carrière gâchée par les blessures et aux coups du sort qui l’ont assailli à chaque fois qu’il semblait remonter à la surface. Nous on y pense, au contraire du principal intéressé qui n’a jamais cessé de travailler, de s’entraîner, et d’y croire. Sa très bonne entrée dimanche dernier nous fait espérer que cette fois, c’est la bonne. En tout cas, lui n’en doute pas une seconde.
Un Petit Prince toujours plus en forme
Il fut, dimanche dernier, l’un des meilleurs joueurs sur le terrain d’après les notes attribuées par la presse. Entré en tout début de match après la malheureuse blessure de Matuidi, Marchisio s’est révélé précieux dans le jeu turinois, parvenant, à coup de passes millimétrées, à faciliter la vie de ses coéquipiers. Et lui-même se rend compte du progrès: «Je me sens bien: je ne jouais plus depuis un petit mois et contre Sassuolo, je suis entré sans même avoir eu le temps de m’échauffer. J’ai même demandé à Chiellini de me laisser une dizaine de minutes pour bien rentrer dans le match. Je n’ai pas besoin de prendre plus de confiance, mais d’enchaîner les minutes jouées pour me sentir bien».
Marchisio a le sens du sacrifice, et qu’importe s’il joue peu, il est prêt à saisir sa chance dès qu’Allegri fera appel à lui: «Maintenant que je suis à nouveau à disposition, ce sera à moi de m’entraîner comme je l’ai toujours fait, avec la même envie et la même détermination que d’habitude afin d’avoir ma chance». On croirait entendre les paroles d’un tout jeune, les paroles de Bernardeschi par exemple, qui doit lutter pour s’intégrer. Et avoir conscience que rien n’est acquis, c’est peut-être déjà un grand pas.
Pas le droit à l’erreur
Durant son très bon match, le Principino s’est notamment distingué grâce à une sublime passe décisive à destination de Higuain: «A chaque fois que nous, les milieux de terrain, nous avons la balle, Higuain nous la demande toujours. Nous sommes obligés de lui expliquer que ce n’est pas si simple. Mais cette fois, il avait fait un beau mouvement, donc je la lui ai donnée. Après, c’est lui qui a réussi à passer le gardien et à contrôler le ballon. Il est en grande forme et doit rester concentré et continuer ainsi parce qu’il est déterminant pour l’équipe et que nous n’avons encore rien gagné».
Mais attention, pour Marchisio comme pour le reste de l’équipe, pas question de se contenter de cette belle perfomance:«Maintenant, nous devons mettre de côté notre belle prestation contre Sassuolo afin de commencer à penser à la Fiorentina. Nous savons que se déplacer là-bas est toujours très difficile, il faudra rester bien concentré».
Le match contre la Viola, c’est vendredi. Et il sera impératif de ramener les trois points à Turin afin de rester sur les traces du Napoli qui lâchera difficilement sa première place au classement. «Nous sommes en train de réaliser une grosse saison et le septième Scudetto d’affilée est l’un de nos trois objectifs», explique Marchisio.
Et il se rend bien compte que si la Juve n’a pas encore su prendre une option sur le titre, ce n’est pas par manque de qualité mais bien parce que le Napoli réalise, de son côté, une saison fantastique. «[Il] a très peu changé ces dernières années, et a gagné en expérience. Cette équipe est en train de réaliser un parcours impressionnant et même si nous savons que ça ne va pas être facile, n’oublions pas que l’écart est minime et que tout peut changer d’un moment à l’autre», continue-t-il.
Pas facile de penser à vendredi surtout quand on sait que la Juve entre dans un moment clé de sa saison avec la réception des Anglais de Tottenham mardi au Stadium. «Nous entrons dans la période la plus compliquée de la saison. Cependant, nous devons penser à chaque match l’un après l’autre: nous n’avons pas droit à l’erreur».
Si les deux équipes ne se sont jamais rencontrées en compétition officielle, rappelons nous qu’elles s’étaient affronté l’été dernier. La rencontre s’était terminée sur le score de 2-0 en faveur des Anglais. «En plus d’un joueur comme Harry Kane, ils ont un effectif très complet composé de joueurs techniques et physiques et nous savons que ce ne sera pas facile du tout», explique Marchisio, conscient que la qualification est loin d’être assurée «Nous jouons l’aller à la maison, et nous devrons rester bien concentrés, le but premier étant de ne pas encaisser de but».
Un bon retour à Gigi Buffon
Marchisio s’est ensuite exprimé sur la récente blessure du capitaine Bianconero: «Personne ne s’attendait à ce que sa blessure soit aussi longue, mais il est revenu de la meilleure des manières. En ce qui concerne son futur, je dirai que chacun doit évaluer ce qui est le mieux pour lui-même».
S’il ne se permet aucune remarque sur son futur, le numéro 8 turinois admet toutefois que «Gigi est un exemple pour nous tous. Il nous apprend l’envie et la détermination chaque jour, et pas seulement parce qu’il quarante ans, mais aussi grâce à son expérience et à son charisme, à l’importance qu’il a acquis dans le vestiaire. Il n’est jamais fatigué de gagner, comme nous tous».
Beaucoup pensent que Buffon mérite le Ballon d’Or pour l’ensemble de son œuvre ainsi que pour ses dernières très bonnes performances avec la Vieille Dame.. Et Marchisio n’est pas en reste, bien qu’il se rende compte de la difficulté pour un gardien d’obtenir une telle récompense dans le football moderne où la performance du buteur est toujours plus valorisée: «Les attaquants sont toujours sous les feux des projecteurs et effectivement, Ronaldo et Messi ont fait des choses extraordinaires. Quand on parle de ballon d’or, on pense à des joueurs comme Xavi, Ibrahimovic ou Iniesta qui ne sont jamais parvenu à le gagner. Pour la carrière qu’il a eue, pour ses dernières années à la Juventus, pour les deux finales de Ligue des champions, Gigi aurait mérité un ballon d’or».
Fidèle à la Vieille Dame
Et forcément, on y vient. Après les diverses blessures dont il a été victime, et du fait qu’Allegri ne semble plus compter sur lui, beaucoup de voix envoyaient le Petit Prince loin de Turin. Cependant, celui-ci se montre très clair sur ses envies : «J’ai un contrat de deux ans et demi avec la Juve et tout ce que je veux, c’est aller bien et aider mes coéquipiers».
Toutefois, pas de belles promesses en perspective. Marchisio admet que «dans le foot, on n’est jamais sûr de rien». Il rassure cependant les tifosi qui ont, à raison, de plus en plus de mal à se fier aux beaux discours. Mais voilà, ses paroles sont sans équivoque: «Quoi qu’il arrive je ne porterai jamais, au grand jamais, le maillot d’un autre équipe italienne».
Si, dans un futur que l’on espère lointain, on pourrait éventuellement retrouver Marchisio dans une équipe non européenne, toujours est-il qu’en attendant, le Principino compte bien regagner sa place au sein du groupe Bianconero à force de travail et d’acharnement: « Je le répète: je suis heureux d’être ici et si je continue à m’entraîner avec autant d’envie et de détermination chaque jour, c’est parce que j’ai toujours au fond de moi énormément de motivation, et une grande envie de gagner».