Mario Mandzukic est un joueur à part. Alors que chaque saison on lui prédit la rudesse du banc des remplaçants, le géant croate est toujours bon pied-bon œil sur le terrain à étoffer son tableau de chasse. Mais quel est son secret ?
Mandzukic, le Van Pelt 007 de la Juve
Chaque année c’est la même rengaine. Comme un vieux refrain qui cogne à la tête, l’opération « black friday, Mandzukic à -50% » promet au numéro 17 croate des jours comptés à la Juventus. Oui, mais il y a toujours cette fameuse option de 14 jours donnant droit à rétractation et malgré de possibles balbutiements ça et là, la période de réflexion est rapide. Après tout, un Mandzukic qui taille trop petit c’est quand même toujours mieux qu’un Llorente tout rabougri ou un Zaza roi des penaltys.
Le jeu en vaut la chandelle, et justement, Andrea Agnelli et l’ensemble des dirigeants étaient prévenus. Une partie commencée ne peut se terminer qu’en finissant le jeu. Et voici qu’une nouvelle prophétie se dessine sur le cadran : « Au jeu du chat et de la souris, nombreux seront les défis et nombreuses seront les tragédies où seul le plus hardi en sortira grandi ».
Ni une ni deux que l’arrivée de Mandzukic chez les bianconeri aura donc tout chamboulé. Regard noir et virtuose du « no good game« , le transfuge du Bayern et de l’Atletico possède toute la panoplie du Super-Vilain Marvel que l’on s’adonne à adorer. Permis de tuer en poche, il y a eu Sean Connery, Pierce Brosnan… il y a aujourd’hui Mario Mandzukic. C’était écrit. Sang, sueur et sens du collectif : un cocktail explosif résolument « Da Juve ». Le reste n’est qu’histoire, déjà.
Mandzukic, le Super-Résistant du vestiaire
Mandzukic est un roc, un pic, une péninsule. De son appétit gargantuesque il dévore toutes les âmes chétives qu’il rencontre sur son chemin. Des denrées périssables pour le colosse qui, farouchement, a sonné le glas de nombreux coéquipiers. En fait, sa carrière ressemble un peu à un pari clandestin de « derrière les fagots » où l’on miserait sur la victoire du PSG avec plus de 5 buts d’écarts contre sa propre équipe. Mandzukic n’a de cesse de faire déjouer les pronostics même les plus funestes à son encontre. Un leitmotiv.
On a pourtant tenté de le faire vaciller. On l’a tout d’abord opposé à la « joya » Dybala. Les plus tacticiens s’évertuaient à déclarer que les deux profils n’étaient pas compatibles. C’était oublier l’importance d’un Averell dans les plans d’un Joe Dalton. On l’a ensuite bien vite « mis au placard » face à l’arrivée d’un buteur de renom en la personne de Gonzalo Higuain, l’homme qui résistait aux rochers de Capri et qui pesait 36 buts en Serie A. Que nenni. Le grand brun à la chaussure noire s’en est allé jouer les ailiers afin de s’assurer un poste de titulaire.
Cette saison ça a été la même. Un niveau supérieur a même été franchi puisqu’on a tenté de lui barrer la route avec l’un des meilleurs (si ce n’est le meilleur) joueur du monde, quintuple ballon d’or et triple champion d’Europe en titre, Cristiano Ronaldo. Rien n’y fait. Mandzukic est toujours debout et affiche fièrement son sex-appeal aux abords des surfaces adverses. Mieux, il est le complément parfait du numéro 7 portugais avec qui l’entente est cordiale. Mais comment doit-on l’appeler ? Super ? ou Résistant ? Appelez-le « Super », pas de chichi !
Mandzukic, l’idole des jeunes (et d’Allegri)
« Les gens m’appellent l’idole des jeunes, il en est même qui m’envient (…)« . Et si cette tirade avait été écrite pour Mandzukic ? Car oui, il faudrait être aveugle, idiot, footix et tifoso de l’Inter pour ne pas se rendre compte de l’importance que recouvre le natif de Slavonski Brod à la Juve. Oui, il n’est pas de notre galaxie. Ses détracteurs cherchent encore sa kryptonite pendant que lui part chaque weekend en croisade. Il est l’incarnation de Bacchus, autrement dit, le dieu des extases et des mystères. La légende ajoute qu’il posséderait des « bijoux de famille » en adamentium trempé, chose qui lui permet de n’avoir aucunement besoin de se protéger en cas de choc (CF sur un coup-franc contre la Fiorentina ce weekend).
Stop aux envolées lyriques, place aux faits, au terrain. Humons cette odeur d’herbe fraîchement coupée avec lui. Vous empoignez votre casque de réalité virtuelle et vous voilà sur le terrain à ses côtés. 90’+5. Contre-attaque adverse. Vous n’en pouvez plus, barrage de gilets jaunes et pénurie d’essence, vous n’avancez plus. Une ombre s’échappe de votre côté droit. Vous ne voyez pas vraiment à qui est cette ombre mais vous percevez brièvement 2 numéros. Un 1 et un 7. C’est votre attaquant, un certain Mandzukic, qui est revenu défendre avec rage après avoir remonté tout le terrain.
Allegri l’adore, il ne s’en cache même plus. Sur une jambe ou avec un mollet en moins, il le fait jouer dès que son pourcentage de récupération a dépassé les 49.9%. Mandzukic est un joueur essentiel pour la Juve et il fait partie intégrante des minutieux rouages de l’horlogerie bianconera. Cette saison, il a déjà mis en 10 matchs de Serie A plus de buts qu’en 32 matchs l’année dernière et est à une unité de son score total 2016/17. A 32 ans, Mandzukic a encore beaucoup à apporter au club, et notamment, une coupe aux grandes oreilles qu’il a déjà remporté durant ses années allemandes.
Il faut dire que le croate a toujours répondu présent lors des grands rendez-vous. « Le temps s’en va, le temps m’entraîne, je ne fais que passer » dixit la chanson. Certes, les « joueurs passent et la Juventus reste » mais tout de même. Délectons-nous d’un tel joueur, prototype perfectionné du T800 et archétype de l’attaquant-buteur/1er-défenseur en voie d’extinction. En effet, viendra le temps des séparations et comme le dit le célèbre poème : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé« .
Très bel article Matthias, merci!