Dans une longue interview accordée au quotidien tchèque Lidové noviny, Pavel Nedved s’est étendu sur différents points, de la crise du football actuel jusqu’aux nouveaux talents à suivre. Si celui que l’on a surnommé la Furia Ceca est désormais vice-président de la Juventus, il n’en oublie pas moins son pays d’origine et compte bien en faire parler jusqu’à Turin.
L’importance du sport selon Nedved
«La République Tchèque doit revenir au premier plan. Il faut donner aux gens une raison pour qu’ils descendent fêter leurs héros dans la rue. Pour cela, l’état devrait investir plus d’argent dans le sport. C’est du divertissement, ça permet de se détendre. Ça apporte de la joie et ça aide à adopter un style de vie sain, quel que soit le niveau. Et je ne parle même pas de l’euphorie qu’apportent les résultats. Le foot et le hockey font partie du patrimoine culturel national. Je serai prêt à descendre sur le terrain pour aider mon pays s’il le fallait, je suis tchèque et pas à moitié italien comme j’entends parfois».
«Là où il n’y a pas de sport, la population est déprimée, moins joyeuse. Il faudrait qu’il y ait un terrain de foot dans chaque village. Je suis de la vieille école et je n’en n’ai pas honte. Notre génération a été la dernière à passer par les centres de formation et depuis qu’ils ont été abolis, nous avons beaucoup moins de talents à disposition. Si les enfants n’ont aucune raison de se lever du canapé, ils ne le feront pas».
«Pour l’Italie, ne pas se qualifier pour la coupe du monde ça a été un coup dur. Le football italien a du talent, il doit seulement s’organiser. On parle de Tommasi pour changer les choses, j’espère que ce sera le cas».
Les héritiers de Pavel
«Mes enfants étudient et font du tennis, de la natation, de l’équitation. Ils n’aiment pas le foot, en partie parce que j’étais toujours loin à cause des matchs et des entraînements. Du coup, le ballon leur rappelle le fait que j’étais absent».
«Il ne faut pas aller très loin pour voir le nouveau Nedved. A l’Udinese, il y a Barak et Jankto qui sont en très grande forme. Bien sûr qu’ils n’ont pas la pression qu’ils ont dans un grand club, mais ils doivent tout de même être félicités pour leurs prestations. J’ai de l’affection pour les joueurs tchèques, j’aime bien entendre des choses comme -ce Barak, c’est un garçon solide-. J’aimerais bien faire venir un joueur tchèque ici. Je ne suggère rien, mais il est certain que ces deux-là peuvent jouer dans de gros clubs de Serie A. Jankto est rapide, et a faim de victoires. Chez Barak, ce sont son physique et son humilité qui me frappent. Il attaque, défend et peut parcourir des kilomètres et des kilomètres par match. Mais je ne le comparerais pas à moi, nous ne sommes pas pareils».
Nedved fait le bilan de la première partie de saison et n’est pas prêt à dire adieu à une légende
«Nous n’avons qu’un point de retard, mais je dois admettre que le Napoli fait une saison extraordinaire. Son effectif est bien organisé et composé de grands joueurs qui ont tous faim de victoire, parce que depuis l’époque de Maradona, ils n’ont rien gagné. Ce sera difficile pour nous de remporter le Scudetto, mais il faut avoir l’ambition de gagner les trois compétitions. J’aime l’approche qu’ont les garçons des matchs. Ce n’est pas facile de tenir un tel rythme, en effet, certains ont l’opportunité de remporter leur septième titre d’affilée».
«Buffon n’a pas dit qu’il prendra sa retraite à la fin de la saison. Il le décidera avec le président Agnelli. Ses prestations sont grandioses, et nous sommes heureux de l’avoir au sein de notre effectif. Si ça ne tenait qu’à moi, je lui donnerai le Ballon d’Or. C’est un joueur vraiment spécial. Mais malheureusement, on ne peut pas arrêter le temps et Gigi n’aura probablement pas son trophée».
Une carrière stoppée au bon moment
«Si ma carrière de joueur me manque ? J’ai tellement de travail en tant que dirigeant que je ne sais même pas par où commencer. J’ai tout donné pour le football. Même si je m’amuse encore à enfiler mes crampons pour jouer avec des amis, ça ne me manque pas tant que ça. Quand j’avais dit en 2009 que j’aurai pris ma retraite, ce n’était pas un choix difficile même si je savais que c’était irréversible. Je ne voulais pas jouer pour un petit club même si j’avais eu plusieurs propositions pour continuer en MLS. Je voulais partir alors que j’étais encore au premier plan, et ne pas disparaître petit à petit. Et j’espère y être parvenu».