Marco Tardelli, Paolo Rossi, Fabrizio Ravanelli, Ciro Ferrara et Paulo Sousa ont tous gagné la Ligue des Champions avec la Juventus. Aujourd’hui, ils donnent leur avis d’observateur sur la finale tant attendue.

Marco Tardelli

« L’atmosphère est la bonne, l’esprit aussi. Ils sont tous conscients de leur force, de leur qualité et de leur possibilité. Je pense que cette fois peut être la bonne. La Juve peut le faire. Je dirais même qu’elle doit le faire. Après six Scudetti, arriver en finale ne suffit même plus ».

« Contre Hambourg (défaite en finale en 1983 ndlr), nous étions favoris. Contre Liverpool, c’était le contraire, bien que cette rencontre ait été marquée par les nombreuses blessures et personne n’avait la tête à ça ».

« Si j’étais la Juve, je partirais à l’attaque. En défense, le Real peut être en difficulté, c’est son point faible. Mais l’attaque et le milieu sont très forts. Le revers de la médaille est de s’exposer aux contres, à la vitesse de Cristiano Ronaldo et Bale, s’il jouera. Je préfère attaquer. Attendre ne sert pas à grand chose, au contraire tu risques de t’exposer à leur réalisme dans la surface ».

« Dybala?Il peut bousculer les équilibres : il a des qualités énormes, il fait des passes décisives, il t’envoie vers le but, il marque, il garde le ballon. Le Real le craint plus que Higuain, qu’il connaît bien. Dybala est le Platini de cette Juve ? Pour sa manière de jouer, je le comparerais plutôt Messi, même si c’est peut-être un sacrilège de dire ça. Platini était plus simple, sa grandeur était la simplicité. Il ne cherchait pas à dribbler, il n’attendait pas son adversaire. Dybala est plus comme Sivori ».

« Buffon mérite le Ballon d’Or, même s’il ne gagne pas la Ligues des Champions. Il représente l’histoire de la Juve et du football international ».

« Allegri ou Zidane ? Zidane fait de très bonnes choses au Real mais Allegri a réalisé un exploit. Quand il est arrivé, il avait le public contre lui et je ne crois pas non plus que les joueurs étaient ravis du départ de Conte. Mais il a uni l’équipe et l’environnement, convaincu le public et obtenu des résultats »

« Agnelli mérite une notre entre 8 et 9. 10 s’il gagne la Ligue des Champions. On parle beaucoup de sympathie et d’autres choses, mais ce qui compte c’est gagner et il a réussi. Et Marotta et Paratici ont fait plus que ce qu’on attendait d’eux ».

Paolo Rossi

« La sensation est certainement différente du match contre ce Barça stellaire en 2015. L’équipe d’Allegri n’était pas favorite, elle devait espérer un coup de pouce du destin. Cette fois, elle est au même niveau que son adversaire. La Juve n’a pas seulement progressé d’un point de vue technique mais aussi sur la confiance : elle a affronté des épreuves importantes, surtout la double confrontation contre le Barça en quarts. Avoir gagné nettement et sans prendre de buts démontre que l’équipe est rodée et équilibrée. La société a parfaitement complété l’équipe : Higuain, Pjanic et Dani Alves ont compensé l’absence d’un grand joueur comme Pogba ».

« Dani Alves devait s’intégrer dans les mécanismes et la mentalité du football itlaien. Dans la position qu’Allegri lui a trouvé ces dernières semaines, libéré des contraintes plus exigentes de couverture, il est redevenu dévastateur. Il a l’agressivité, la précision, la classe. Il a tout pour être la valeur ajoutée des bianconeri ».

« Je l’ai répété souvent à Massimiliano Allegri : la défaite à Florence en janvier a déclenché le changement du module et lui a permis de mettre sur le terrain les joueurs les plus techniques sans perdre l’équilibre tactique. Depuis, on a vu une équipe complètement différente. Au début, beaucoup pensait qu’Allegri n’était pas la bonne personne pour gérer un après-Conte qui pouvait être compliqué. Cette saison, il n’a rien raté, non seulement par les victoires mais aussi par ses grandes capacités tactiques et sa gestion du groupe ».

« Le cas Bonucci est exemplaire : le défenseur a eu tort dans son rapport avec l’entraîneur et même s’il était un joueur historique et qu’il y avait un match fondamental comme l’aller à Porto, il a été exclu pour envoyer un message fort à tout le groupe. Un signal clair : d’abord la société, ensuite le reste ».

« Le Real présomptueux ? Certainement, le Real est une très grande équipe mais il me rappelle un peu le Barça de Cruyff en 1994, quand il avait pris 4 buts du Milan de Capello, après une série de phrases provocantes avant le match. Quand tu sais que tu peux avoir des difficultés, tu vas à l’attaque avec les mots. Le bon signe pour la Juve, c’est qu’elle aura des individualités moins bonnes techniquement mais un plus grand collectif ».

« Le Ballon d’Or ? Pour la carrière, sûrement Gigi même si, pour les critères qui influent sur le jury, le favori sera celui qui gagnera ce soir ».

« Pronostic ? Je me lance : la Juve gagne 1-0 ».

Fabrizio Ravanelli

« Je me rappelle encore de la finale de 1996. C’est inoubliable. J’ai marqué tout de suite, après 13 minutes. Ensuite, Litmanen a égalisé mais nous avons gagné aux tirs aux buts, avec Jugovic comme tireur décisif. Je suis fier de cette coupe, elle restera toujours dans mon cœur et aussi dans celui de mes trois fils ».

« Nous rêvons tous de revivre, 21 ans après, la même joie qu’à Rome. Les deux équipes ont beaucoup de points communs. La clé est toujours et seulement le collectif. Pour le moment, je vois le bon état d’esprit, l’agressivité dans les yeux, l’envie de le faire. C’est clair que ça dépend du réalisme mais le concept principal reste l’équipe ».

« Allegri est l’artisan de tout cela. Il a toujours réussi à créer un fort collectif dans sa Juve. L’exemple le plus frappant est Mandzukic. Et puis il est doué dans a gestion du groupe, quand tu atteints de tels objectifs, tu as forcément de grandes qualités ».

« Dybala et Higuain se complètent. Ils ont prouvé qu’ils étaient un duo d’attaque exceptionnel, y-compris au niveau international. L’un a la fantaisie, Dybala, et l’autre la finition. Le Real Madrid devra faire très attention ».

« Qui craindre au Real ? Sergio Ramos. C’est celui qui me fait le plus peur. Parce qu’il est très fort de la tête et il sait où se placer. Il peut vraiment faire mal ».

« Cette Juventus a fait preuve d’humilité et de détermination. Et cela est dû au travail extraordinaire de la société. Beppe Marotta et Fabio Paratici ont construit une équipe brillante et équilibrée dans tous les secteurs de jeu. Félicitations à tous pour leur mercato et félicitations à la famille Agnelli parce que depuis toujours, ils sont un exemple de style, de comportement et de travail pour tout le monde. Ainsi, ils ont gagné 6 Scudetti de suite, des Coppe Italia et atteint deux fois la finale de la Ligue des Champions. Mais surtout à toujours gagner. C’est la vraie devise de la Juventus ».

Ciro Ferrara

« La Ligue des Champions doit revenir en Italie. Nous devons la ramener à Turin, il est temps ».

« Je crois que le Real a trop provoqué Higuain dans la dernière conférence. Et provoquer Higuain est un petit jeu dangereux pour tout le monde. Regardez ce qu’il s’est passé en demi-finales : pendant des jours on a parlé de l’absence de buts décisifs en Europe et puis il a marqué un doublé, à l’extérieur à Monaco. Pas mal pour quelqu’un qui n’est pas décisif ».

« Buffon mérite le Ballon d’Or et il a déjà une carrière légendaire. Une Coupe du Monde, six Scudetti consécutifs… Mais c’est vrai que la Ligue des Champions a une saveur différente, spéciale ».

« Le joueur décisif ? Vous parlez toujours des champions, mais peut-être que ce sera un porteur d’eau. Mais ça me fait sourire… Je veux dire, vous avez vu les équipes ? Comment on fait pour y trouver un porteur d’eau ? ».

Paulo Sousa

« La Juventus et le Real n’ont jamais été aussi proches, à la fois en tant que société et en tant qu’équipe. La seule différence c’est que le Real, ces dernières années, a maintenu une régularité de rendements et de résultats très élevée sur le plan international. Mais la Juve s’est garantie un futur au moins aussi brillant que le récent passé du Real. Pour cela, je crois que l’ambition et l’envie de la Juve peuvent faire la différence ».

« Je vois deux équipes de même niveau. Le Real a beaucoup plus de capacités de construction mais Zidane a ajouté à son équipe le pragmatisme qui caractérise le football italien : les Espagnols ont appris à attendre l’adversaire et ensuite le frapper. La Juve est plus forte en défense à la fois dans son ensemble et dans les individualités ».

« Pour le Real, je pense que Ronaldo sera décisif. A la Juve, le joueur le plus déterminant pourrait être Bonucci ».

« De la Juve de 1996, je me rappelle surtout du groupe : le meilleur dans lequel j’ai évolué, d’un point de vue technique et humain ».

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