Un temps porté par un Dybala marchant sur l’eau, la Juve se met à boire la tasse depuis la baisse de régime de son génie argentin, à croire que la forme de la Joya n’était que l’arbre qui cachait la forêt. Entre fébrilité défensive, pauvreté dans le jeu, approximation et points perdus… C’est pas vraiment la fête pour la Juventus, en ce début de saison. Mais pourquoi ça ne va pas ? Voici 5 éléments de réponse.
Quelque chose cloche à la #Juventus ? 🤔 pic.twitter.com/btlPyA4EHI
— Calciomio (@calciomio) October 16, 2017
Les blessures
Alors oui, c’est « l’excuse », mais voyez plutôt la liste des blessés depuis le début de saison : De Sciglio (2 mois), Chiellini (3 semaines), Höwedes (2 mois), Marchisio (2 mois), Khedira (1 mois ½ ), Pjanic (un mois), Mandzukic (deux semaines) et Pjaca (l’infini et au-delà). La Juventus n’a jamais aligné une seule fois son équipe-type cette saison. Que des blessures longue durée. Nous sommes mi-octobre, on n’a pas encore vu Höwedes (et Pjaca) sur le terrain tandis que Marchisio a joué 30 minutes contre Cagliari. Un problème qui devient récurrent de saison en saison, sans qu’aucune fois le staff de prépa physique ne soit inquiété ou remis en question.

Des blessures à répétition qui représentent un handicap énorme et l’obligation pour Allegri de composer avec ce qu’il a, entre blessures et turn-over à assurer en vue des échéances européennes. Résultat, le XI aligné n’est quasi jamais le même d’un match à un autre, difficile dans ce cas de figure de trouver un équilibre, des automatismes et faire travailler un collectif autour d’un projet de jeu. Un jeu rythmé par un Pjanic à son meilleur au début de saison, à un moment où la Juve, même avec une défense fébrile, pouvait compter sur une belle animation offensive rythmée par son bosnien. Qu’on se le dise : la Juve est Mire-Dépendante, et l’entrejeu souffre quand il n’est pas là. Un entrejeu que l’expérience et la polyvalence de Marchisio pourrait également soulager de quelques lourdeurs.
Les blessures sont en grande partie le vecteur commun aux maux qui frappent la Juve.
Les recrues pas (encore) au top
On le sait, l’acclimatation à la Serie A et/ou à la Juventus demande du temps. Dans la plupart des cas, ça prend 6 mois voire une année d’adaptation complète même pour les plus gros talents (cf. Pjanic). Mais avalanche de blessure oblige, certains joueurs se voient propulsés titulaires par défaut, principalement dans l’entrejeu.
De tous, Blaise Matuidi est celui qui s’en sort le mieux. Armé de ses 4 poumons et de sa grinta, le français est fort à la récupération, à la distribution de passes courtes et propose des courses intéressantes, crée le décalage. Avec Pjanic, il forme un duo polyvalent où le bosnien rythme, distribue et canalise le jeu tandis que le français étale le sale boulot du bon vieux 6 avec toute son expérience. Sans le maître à jouer bosnien, c’est plus difficile pour Blaise, dont le bagage technique reste bien insuffisant pour compenser l’absence de Mire par un surpassement de fonctions.
Matuidi’s season by numbers (P/G):
Games: 10
Interceptions: 1.1
Clearances: 0.8
Tackles won: 0.6
Chances Created: 0.6
Goals: 0
Assists: 0 pic.twitter.com/WQ1Y9hX4nd— Khaled Al Nouss 🇫🇷🇫🇷 (@khaledalnouss1) October 15, 2017
Bentancur de son côté, si sa polyvalence et son calme à la récupération/distribution permettent d’assurer un minimum de qualité à l’entrejeu, est encore trop inexpérimenté sur terrain européen pour s’imposer en patron à ce niveau et à seulement 20 ans. En témoigne une certaine inconstance et des performances moyennes dans les matches contre les gros en Europe (Vs Barça) ou en Serie A (Vs Lazio).
Douglas Costa, malgré son but inscrit face à la Lazio, reste pour l’instant en deçà des attentes. Son explosivité et ses courses font sensation mais n’aboutissent à pas grand-chose et on attend bien plus du brésilien, balancé d’un côté à l’autre selon le besoin.
Bernardeschi se contente de morceaux de matches malgré une très bonne prestation face à l’Atalanta (un but et un assist) et mériterait probablement plus pour s’illustrer, néanmoins Allegri déclare à son sujet «Il est jeune et il doit continuer à s’habituer à jouer dans une équipe comme la Juventus où chaque balle jouée compte. Il a de belles qualités », une façon polie de nous introduire l’idée qu’il va cirer le banc un moment encore.
L’attaque
Un entrejeu sans génie et en souffrance ne peut distribuer des ballons à la pointe offensive. Depuis la blessure de Pjanic, Dybala n’a plus claqué une seule bandrille, coïncidence ? Pas vraiment, quand on sait à quel point les deux aiment combiner en triangle avec Higuain, s’en résulte une mini-crise de confiance pour Paulo et deux penalty décisifs loupés en deux matches après avoir porté l’équipe à lui tout seul en début de saison, remontant par plusieurs fois une Juve menée et impuissante. Pipita traverse une période difficile lui aussi : Peu de buts, pas appelé en sélection argentine pour les qualifs de Coupe du Monde… Une période en dedans auquel il faut trouver la force mentale pour s’en sortir. Mandzukic reste fidèle à lui-même avec l’efficacité qu’on lui connait sur son côté gauche, mais il n’est pas le bomber destiné à planter 20 buts par saison. En attendant Pjaca à qui il faudra bien toute la saison (ou plus) pour retrouver le niveau qui était le sien à Zagreb… Mais son retour fera du bien et déchargera l’attaque.

Les postes latéraux
Sûrement le plus gros chantier. Surtout à droite, Lichtsteiner, en dépit de sa contribution inoubliable durant 6 années et de sa grinta intacte, n’a plus les jambes pour la Juventus d’aujourd’hui. Le moment d’évoquer la recrue estivale, De Sciglio, choisi pour remplacer Dani Alves. Pour l’instant son transfert tient plus d’un piston d’Allegri tant l’italien en peine depuis deux saison à Milan ne s’est pas révélé à la hauteur du poste, juste avant sa blessure longue durée. Des éléments qui, combinés à l’exclusion par Allegri de Lichtsteiner de la liste pour la Champions League, balance au bonheur la chance Stefano Sturaro à ce poste, avec des prestations mi-figue mi-raisin.
A gauche, Alex Sandro n’a pas encore retrouvé le niveau qui était le sien la saison passée. Sa doublure, Asamoah, est un temps étincelant (Vs Fiorentina) et un temps inexistant (Vs Lazio). Difficile de ne pas se prendre la tête à deux mains en imaginant à quel point Leo Spinazzola ferait du bien à l’heure qu’il est.
Spinazzola’s game by numbers vs. Sampdoria:
1 Assist
5 Acc.Crosses
3 Tackles
3 Interceptions
2 Key Passes
2 Dribbles
2 Clearances
PA%: 84% pic.twitter.com/m95RtJobaj— Khaled Al Nouss 🇫🇷🇫🇷 (@khaledalnouss1) October 15, 2017
La défense
Alors oui, le départ de Leonardo Bonucci se ressent, mais ce n’est pas tant le joueur en lui-même qui manque. Au-delà de la considération individuelle, c’est surtout la complémentarité, la complicité et le niveau d’osmose acquise au bout d’X années par l’ex-BBC qui est à reconstruire avec des joueurs nouveaux. Un problème que rencontre lui aussi Bonucci à Milan, actuellement en peine car pas encore en phase avec ses nouveaux partenaires en défense. Comme pour tous; ça ne s’invente pas, ça se travaille.
Le #MilanAC 🔴⚫️ en gros doute…
– 7 buts encaissés et 3 défaites sur les 3 derniers matchs 😓
– 1 seule victoire en 4 matchs à l'extérieur 🤕 pic.twitter.com/St0WBLLOeF— Calciomio (@calciomio) October 15, 2017
Pas facile pour l’arrière-garde bianconera de trouver les automatismes et une vraie solidité alors qu’Allegri peine à trouver sa doublette titulaire en charnière centrale. Le Toscan bricole tantôt avec Rugani et/ou Benatia. Ces deux-là se disputant le morceau aux côtés d’un Chiellini pas épargné par les blessures et par Barzagli qui commence tout juste à vieillir.
Comparaison pour la Juventus du nombres de buts encaissés cette saison par rapport à la saison dernière.. #Bonucci…? 🤔 pic.twitter.com/SYlioDih5Z
— cannavaro (@Sebastien_ssc) October 15, 2017
Avec ou sans Bonucci, la BBC était proche de la fin de cycle et aurait été -quoiqu’il arrive- le chantier de rénovation annoncé pour les deux saisons à venir et la venue prochaine de Caldara, ainsi que l’éclosion attendue de Rugani à qui l’on peut reprocher des prestations insuffisantes mais justifiables par un manque de temps de jeu et de confiance pour s’imposer. On peut s’attendre à ce que les soucis défensifs durent encore un moment, et c’est normal, le chemin fut long avant que la BBC ne devienne ce qu’elle était. Bonucci lui-même était un défenseur quelconque avant de devenir monstrueux au bout de 3 ou 4 saisons.
Ou est ce qu’on va, qu’est-ce qu’on fait ?
En l’état, difficile d’être optimiste et imaginer la Juve au top dans toutes les compétitions et gagner entre 40 et 50 matches avec deux secteurs de jeu en chantier et des blessures à répétition faisant souffrir toutes les lignes. Si l’infirmerie se vide, la Vieille Dame pourra espérer retrouver son jeu mais devra s’accrocher pour lutter contre un Napoli bien rodé, léthal, en confiance mais pas à l’abri pour autant. Des Partenopei déterminés à qui il tiendra à cœur d’exploiter la faiblesse actuelle de la Juve.
Sans parler des blessures, il est évident que les secteurs défensifs et latéraux sont à la peine et tout mène à croire que ça va durer un petit moment encore. Si le souci de talent latéral peut (doit) potentiellement se régler au mercato d’hiver, et en attendant l’arrivée de Spinazzola en Juin prochain, il va falloir compter sur le retour de De Sciglio au top niveau à droite. Quant à la défense, si le potentiel est là, seul le temps et le travail pourra peut-être recréer l’alchimie du passé, bien que pour cela, il semble évident qu’Allegri doive déterminer deux ou trois titulaires clairs selon son schéma afin que la sauce prenne.
En Europe se posera le même problème, même s’il est trop tôt pour tirer des plans sur la comète mais le résultat contre le Barça prouve à la Juve ce qu’il en coûte de venir en Europe sur une jambe. Nous ne sommes pas non plus à l’abri d’une invention d’Allegri comme le positionnement de Mandzukic à gauche en Janvier dernier, qui avait occasionné la naissance du 4-2-3-1 et l’avènement de la nouvelle Juve, celle qui est allée jusqu’en finale de C1 après avoir décroché son 6e titre consécutif en Serie A. Passer à une défense à 3 serait un exemple envisageable pour pallier les faiblesses sur les côtés.
Que l’on s’entende ; la force de la Juve et son potentiel ne font aucun doute et l’équipe est compétitive pour le scudetto. Mais ce potentiel ne sera exploitable qu’à condition que l’infirmerie se vide.
Tout est possible dans le football, mais de là à gagner des titres avec la moitié de l’effectif…
Merci pour ce riche article
Merci pour ce retour !
Excellent article comme on les aimes !