Après déjà quatre articles sur l’apport d’Allegri en tant qu’entraîneur, voici le cinquième, traitant d’une saison compliquée de la Juve. En effet, celle-ci est pleine de rebondissements dans toutes les compétitions, et il est impossible de savoir si la Juve d’Allegri s’en sortira. Entre doutes et exploits, nous vous résumons cette saison 2017/2018 de la Juve, qui va se lancer dans son sprint final pour la course au titre et à la Ligue des Champions.
Une course au Scudetto pleine de suspense
Cette course au Scudetto est sans nul doute l’une des plus incertaines de l’histoire de la Juve. Alors que le Napoli, l’Inter, la Roma, la Lazio et la Juve étaient tous lancés comme des boulets de canons, presque tous se sont écroulés. Actuellement, la Lazio, la Roma et l’Inter sont près de 15 points derrière les deux premières équipes : le Napoli et la Juve. Longtemps deuxième derrière Naples, la Vieille Dame a fini par prendre la tête avant même de jouer son match de retard contre l’Atalanta, grâce à une victoire de la Roma sur les napolitains, et d’un match nul entre l’Inter et le Napoli. Toujours invaincue contre les grands du championnat (sauf la Lazio au match aller), la Juventus n’a perdu que deux matchs pour le moment, et compte trois matchs nuls. Malgré une bonne saison, beaucoup espéraient qu’Allegri passe à la vitesse supérieure et donne (enfin) sa chance à Marchisio, dont tout le monde attend le retour. Il aurait notamment pu prendre le relais contre la SPAL, contre laquelle les bianconeri ont perdu des points, alors que Matuidi et Pjanic étaient fatigués. Difficile de savoir si le Prince reprendra un jour sa place de titulaire, mais ayant déjà un certain âge, Allegri n’a pas l’air de vouloir le laisser autant jouer que les autres. Néanmoins, étant à la Juve depuis toujours, Claudio a une place très importante dans le vestiaire comme l’a souligné Allegri, et les rumeurs de départ paraissent infondées. Cependant, pour en revenir à la conquête du septième Scudetto, le plus dur reste à faire cependant pour la Juve : le Milan, le Napoli, l’Inter et la Roma restent sur le chemin des bianconeri. Rien n’est joué, et le Napoli le sait très bien, puisque Hamsik a déclaré « On n’abandonne pas le Scudetto, il reste 10 matchs, et on y croit. On a perdu contre la Roma et fait 0-0 contre l’Inter, deux équipes que la Juve doit encore affronter ». Même si la Juve a quatre points d’avance, elle doit se méfier du Napoli, toujours en embuscade derrière, et qui n’a pas dit son dernier mot. La rencontre entre les deux équipes sera décisive.
Une quatrième finale de Coppa de suite
Qui dit quatrième finale dit possibilité d’un quatrième titre consécutif. Historique ! Allegri a totalement pris le contrôle de la Coppa sans vraiment demander la permission, et détruit tout sur son passage (ce que Conte n’avait pas autant réussi à faire avant lui, sûrement à cause d’un effectif plus faible). Cependant, en finale l’attend un adversaire de taille. Comme en 2016, Allegri devra faire face à l’AC Milan, dirigé par Gennaro Gattuso cette fois. Le nouvel entraîneur a réussi à rendre au Milan sa ferveur depuis le début de l’année 2018, et il serait dangereux de le sous-estimer. Nous comptons, comme d’habitude, sur Allegri et ses excellents joueurs pour parvenir à aller chercher un quatrième trophée consécutif. L’histoire est en marche !
Ligue des Champions : les rêves sont permis
Là aussi, l’histoire est en marche. Après une phase de poules difficilement menée (une défaite, deux matchs nuls, trois victoires), la Juventus finit deuxième de son groupe derrière le FC Barcelone. Les tirages au sort commencent et le nom de l’adversaire de la Vieille Dame tombe rapidement : Tottenham. C’est la troisième et quatrième fois que les deux clubs allaient se rencontrer, jusqu’ici à une victoire partout. C’est l’une des affiches les plus équitables des huitièmes. A domicile, Gonzalo Higuain lance la machine. En neuf minutes, l’argentin inscrit deux buts. Cependant, alors qu’il a la balle du 3-0 en main, il ne parvient pas à cadrer sa frappe. Erreur monumentale : Harry Kane vient égaliser juste avant la mi-temps. Pendant les 45 dernières minutes, la Vecchia Signora souffre, subit des tirs par dizaines, et l’un d’entre eux finit forcément par rentrer. Le score est de 2-2, la fin de match est pénible, les Spurs auraient même pu l’emporter, mais la Juve a su résister, difficilement, jusqu’aux derniers instants. L’Europe voit la Vieille Dame éliminée des huitièmes. Alors qu’elle ne s’était jamais qualifiée contre un club anglais après avoir fait match nul à domicile, elle fait taire les statistiques, et réalise l’exploit. Au terme d’un match de folie à Wembley, les bianconeri s’imposent 2-1 grâce à un coup de génie d’Allegri, qui rattrape son erreur du match aller. Il avait en effet aligné une équipe trop défensive qui n’a pas su gérer les attaques adverses après avoir marqué deux fois. Au retour, le début de match est catastrophique et Allegri a d’ailleurs assumé ses erreurs, auxquelles il a remédié. C’est l’euphorie parmi les tifosi. Cependant, le 16 mars, aux alentours de 12h10, le tirage au sort indique un adversaire de taille pour les quarts, qui a laissé des cicatrices à la Juventus : le Real Madrid. C’est la revanche de l’humiliation subie à Cardiff. Rien n’est joué cependant : la Vieille Dame est bien meilleure sur double confrontation, et reste la dernière équipe à avoir sorti le Real Madrid d’une Ligue des Champions, en 2015. L’exploit est faisable.
Le match à retenir
Le quart de finale est sans aucun doute le meilleur match de la saison d’Allegri. En plus d’avoir réveillé un gros nombre de tifosi déçus du match aller, le Mister nous a montré sa manière de retourner une rencontre en seulement deux changements. A la 39ème minute, la Juve prend un but qui l’élimine de la compétition. La mi-temps est sifflée peu de temps après, les joueurs rentrent bredouilles au vestiaire. C’est à la 60ème minute que la machine est mise en place. Le score total est de 3-2, la Juve a une demie heure pour marquer deux fois. Allegri fait deux changements : Asamoah à la place de Matuidi, et Lichtsteiner à la place de Benatia. Deux joueurs qui ont beaucoup fait douter cette saison, mais qui auront participer à la l’extinction totale de Wembley. Avec ces deux changements, il est facile de comprendre ce qu’Allegri avait vu bien avant tout le monde : la faiblesse de Tottenham sur les côtés. Trois minutes après ces deux changements, c’est Gonzalo Higuain qui trouve le chemin des filets. Et qui est à l’origine du centre sur Khedira, avant que celui-ci ne la passe au buteur ? Stephan Lichtsteiner, qui déboulait sur la droite le long de la ligne de touche. Allegri avait vu juste. Trois minutes plus tard, le buteur Gonzalo Higuain, relancé et à nouveau confiant, tente une passe en profondeur au milieu de trois adversaires. Paulo Dybala la reçoit, se retrouve seul face au gardien, et marque. Si vous avez vu le match, vous savez qu’Allegri a eu une excellente vision du jeu et a réussi à réaliser l’exploit grâce à cela. Suite aux deux buts, Allegri effectue un dernier changement à la 83ème : Stefano Sturaro à la place de Gonzalo Higuain, pour accentuer la défense. Les tirs s’enchaînent, mais rien ne passe. Chiellini, Barzagli et Buffon se hurlent dessus, Barzagli fait l’un de ses meilleurs sauvetages sur la ligne et… la Vieille Dame est en quarts de finale de Ligue des Champions. Magistral de la part de Max Allegri.
Ancelotti à propos de cette rencontre : « Allegri a organisé cela parfaitement, c’était un chef d’œuvres tactique et stratégique. »
Que faut-il retenir du Mister ? L’essentiel est ici.
Tout d’abord, nous vous invitons à regarder le premier article de cette série concernant Allegri pour retrouver un aspect critique et moins élogieux du personnage. Cependant, après avoir lu le résumé des quatre saisons, votre avis a peut-être changé. Bien qu’il ne gère pas parfaitement le mental ou le physique de certains joueurs, ce qu’Allegri arrive à faire avec cet effectif est exceptionnel, et il est sans aucun doute l’un des meilleurs entraineurs de l’histoire de la Juve, puisque les chiffres parlent, et vous les retrouverez dans le premier article. Toutefois, nous pourrions souligner un point supplémentaire : le fair-play de l’entraîneur. Avez-vous déjà entendu des critiques d’autres entraîneurs ou de personnalités du football sur lui ? Non. Toujours en règles avec ses adversaires, Allegri n’a jamais attiré l’attention vers lui pour se plaindre, alors que beaucoup d’entraîneurs sont critiqués pour avoir ce genre de comportements. Même s’il n’a pas réussi à conquérir l’Europe, on peut tout de même rappeler que les joueurs dont il dispose ne sont pas forcément aussi bons que ceux affrontés en Ligue des Champions, face au Bayern, au Barça ou au Real. Allegri sait exploiter le potentiel de chaque joueur, ne provoque jamais l’adversaire mais, à la fin, en Italie, Allegri est toujours vainqueur. Si nous devions résumer les performances d’Allegri jusqu’ici, nous devrions évidemment dire que nous sommes mitigés. Il y a eu des titres, des désillusions, mais surtout des doutes. En effet, s’il a souvent réussi à remédier à de gros handicaps dûs à des matchs allers difficiles, le problème est bien là : pourquoi n’arrive-t-il pas à gérer les matchs comme il le faut ? Pourquoi se met-il toujours dans de grosses difficultés ? Si « l’ADN » du club est de savoir se relever des échecs, c’est encore plus vrai avec Allegri, qui a besoin d’échecs pour gagner. On a comme l’impression qu’il parvient à apprendre de ses erreurs, mais à court terme seulement : il refait souvent les mêmes au cours d’une même saison.
Cette quatrième saison du Mister est encore pleine de doutes, et rien n’est joué. Alors qu’il a su nous montrer d’incroyables performances, il a également été très pauvre dans certaines rencontres (notamment la dernière face à la SPAL, triste à voir). L’espoir est encore autorisé dans les trois compétitions, et nous verrons ce qu’Allegri nous réserve.
Rendez-vous à la fin de la saison pour un nouvel article dans cette série !