Après s’être majestueusement imposé à Wembley contre Tottenham pour aller chercher une qualification, Massimiliano Allegri a peut-être enfin réussi à unir les tifosi bianconeri derrière lui. En effet, jusqu’ici, les supporters de la Vieille Dame étaient plutôt divisés quand il s’agissait de parler du Mister. Si ce dernier fait souvent des choix que beaucoup ne comprennent pas, il a néanmoins fait de très bonnes saisons jusqu’ici avec la Juventus. Les critiques à son égard sont-elles justifiées ? Est-il l’un des meilleurs coachs que la Juve ait pu avoir ? Analyses, descriptions, interprétations… l’essentiel des quatre saisons de la Vecchia Signora sous Massimiliano Allegri est à retrouver dans cette série d’articles.

Un héritage dur à assumer

 L’homme de 50 ans né à Livorno est arrivé le 16 juillet 2014 à la Juve, après le passage d’un certain Antonio Conte. Ayant la même hargne sur le banc, hurlant sur ses joueurs même s’ils gagnent de quatre buts à trente secondes de la fin, le Mister est souvent comparé à son prédécesseur. Le palmarès de ce dernier était impressionnant : 3 Scudetti, 2 Supercoupes d’Italie, 1 finale de Coupe d’Italie, 3 fois le titre de meilleur entraîneur de Serie A. Le Mister allait devoir sortir le grand jeu pour faire mieux. Certains ayant trouvé Conte plus convaincant que son successeur, ils le regrettent aujourd’hui. Pourtant, si on ne compte que les chiffres, Allegri a bel et bien dépassé Antonio Conte en termes de trophées et de réussite en Europe !

Ses statistiques en noir et blanc

Son palmarès avec la Juve est incroyable à l’échelle italienne. Sur 3 championnats et 3 Coupes d’Italie auxquels il a participé, il a absolument tout gagné. Impossible de faire mieux ! Il a d’ailleurs qualifié la Juve pour sa quatrième finale de Coupe d’Italie consécutive, qui se jouera contre le Milan AC. Quant à la Ligue des Champions, le Mister est deux fois arrivé en finale sur trois participations. Vous avez remarqué ? Allegri joue (presque) toujours les finales. En effet, l’entraîneur de la Vieille Dame a participé à 20 matchs à éliminations directes pendant la Coupe d’Italie et la Ligue des Champions. Sur ces 20 rencontres, Allegri n’en a perdu qu’une, et cela s’est joué de justesse : on parle évidemment d’un certain Juve – Bayern en 2016. Rajoutez à cela une Supercoupe d’Italie, et vous obtenez sept trophées et deux finales de Ligue de Champions. Quant aux statistiques globales, les voici : 208 matchs, 148 victoires, 34 nuls, 25 défaites, 398 buts, 141 encaissés, 112 matchs sans encaisser de buts, un titre de meilleur entraîneur de Serie A. Solide.

Des décisions souvent incomprises par les supporters

Allegri ne fait pas l’unanimité chez les tifosi, loin de là. Entre plaintes sur les réseaux, insultes, énervements et incompréhensions perpétuelles des choix de l’entraîneur, certains supporters s’en donnent à cœur joie lorsqu’il s’agit de critiquer le coach. Critiques qui sont, malheureusement, parfois justifiées. Cette saison, l’exemple le plus marquant est celui du milieu de terrain, où, selon certains, rien ne va. Allegri dispose de Pjanic, Marchisio, Khedira, Matuidi, Bentancur et Sturaro au milieu (rajoutons Costa, Dybala, Cuadrado et Bernardeschi si nous comptons les milieux offensifs).  Matuidi fait l’unanimité à la Vieille Dame, tant chez les tifosi que chez les joueurs et l’entraîneur, il est presque devenu titulaire incontesté. L’autre titulaire est bien évidemment Miralem Pjanic, clé du milieu de terrain de la Juve. Cependant, il reste quatre possibilités pour l’entraîneur pour choisir un dernier milieu dans son 4-3-3. Croyez-le ou non, la hiérarchie est celle-ci pour le Mister : Khedira > Sturaro > Bentancur > Marchisio. Ce dernier, blessé à de multiples reprises, a manqué 40 matchs avec la Juve depuis l’arrivée d’Allegri, notamment à cause de sa rupture des ligaments croisés. Cependant, certains accusent Allegri d’avoir « tué le Prince ». En effet, Marchisio, « il Principino », est un symbole à la Juventus : il y est depuis son plus jeune âge. Longtemps milieu incontesté et grand joueur de la Vieille Dame, Marchisio est adulé par les fans. Pourtant, cette saison, même Sturaro, qui est globalement assez mauvais et très critiqué, a joué plus de matchs. Autant de titularisations que Marchisio en Serie A (5), deux rentrées en cours de matchs de moins (6 pour Marchisio, 4 pour Sturaro), mais 5 titularisations en Ligue des Champions contre aucune pour Marchisio ! Difficile à avaler pour les tifosi, qui en veulent beaucoup à Allegri de ne pas donner sa chance au Prince. Bentancur a également deux titularisations de plus que Marchisio. On comprend qu’Allegri veuille faire tourner, c’est une de ses forces, mais une question persiste : pourquoi Sami Khedira est-il le milieu le plus titularisé, juste derrière Miralem Pjanic ? Si Allegri voulait vraiment faire tourner, il pourrait écarter l’international allemand qui ne fait pas une saison exceptionnelle. De plus, Marchisio est, en dehors de Höwedes qui a été blessé une grosse partie de la saison, le joueur ayant fait le moins d’apparitions de la saison. Lors du dernier match des bianconeri, et ce malgré l’absence de Sami Khedira, l’entraîneur a une nouvelle fois mis de côté Marchisio au profit de Matuidi et Pjanic. Ces deux joueurs avaient pourtant effectué une série de matchs très intenses et ont proposé un jeu médiocre pour ce match, laissant des points derrière eux. Pourquoi ne pas avoir titularisé le Principino ? Beaucoup de questions restent sans réponses, et nous avons parfois du mal à faire aveuglément confiance au Mister. On peut cependant se douter que cela est dû aux nombreux pépins physiques du joueur, peut-être pas au niveau à l’entraînement. Certains supporters pensent tout de même que si Marchisio ne peut plus revenir à son meilleur niveau, c’est à cause d’Allegri qui ne lui a pas assez fait confiance, et a bien trop titularisé Khedira (qui a lui aussi perdu son niveau à force de ne pas pouvoir souffler). Dommage pour un joueur de cette trempe.

Des joueurs convaincus

Voici des propos à retenir sur l’entraîneur, déclarés par les joueurs eux-mêmes, qui lui font visiblement totalement confiance.

« Allegri est un entraîneur facile à comprendre car il n’aime pas travailler avec des gens stupides. Il vous montre le chemin à suivre et j’ai compris à qui j’avais à faire lors de notre match retour contre le Borussia Dortmund la saison dernière. Il nous a montré quelques-uns de leurs circuits de passes et tout s’est passé comme il l’avait prédit une fois sur le terrain. C’était incroyable. Je n’avais jamais eu un entraîneur capable de faire ça. » Patrice Evra fait l’éloge du Mister, qui marque les esprits dès son arrivée à la Juve.

« Il m’a longtemps protégé avant de me lancer vraiment. Mais il savait exactement ce qu’il faisait. Il m’a donné assez de temps pour mieux comprendre ce club. » déclare Dybala au sujet de son entraîneur. Quand on voit le niveau actuel de la Joya, on se doute qu’Allegri y est pour quelque chose. Par ailleurs, Allegri a souvent pris la défense de Dybala, notamment en déclarant que sa comparaison avec Messi était « stupide », et qu’il n’a pas besoin d’être comparé ». Un entraîneur visiblement toujours à l’écoute de ses joueurs, qui l’apprécient beaucoup pour cela. 

L’Europe pose problème ?  

Trois participations, deux finales, deux désillusions. Allegri est arrivé deux fois jusqu’à l’ultime rencontre de la compétition, mais a deux fois largement perdu. Au total, deux buts ont été marqués par les bianconeri, alors qu’ils en ont encaissés sept. Allegri arrive souvent à mobiliser ses joueurs lors des doubles confrontations (contre le Dortmund, le Real Madrid, le Barça ou Tottenham), mais ne fait pas le poids en finale. Est-ce la faute de la Juve et d’un « ADN de perdant » une fois arrivée en finale ? Difficile de croire que tout cela n’est que de la magie noire. Car oui, Allegri a le niveau pour l’Europe, qu’il s’agisse de rattraper un match aller difficile, de tenter une remontada inespérée à l’extérieur ou de montrer le vrai aspect de la Juve, connue pour être guerrière et inatteignable dans les fins de matchs à lourde pression. Qu’est-ce qui peut bien bloquer l’entraîneur ? Dur de se mettre à sa place ou celle des joueurs, qui pour certains commencent à vraiment connaître les enjeux d’une compétition européenne, et de savoir ce qui manque. Ce qui est sûr, c’est que si la Juve laisse une trace en Europe depuis trois ans et qu’elle domine le championnat d’Italie sans broncher, c’est que, sur le papier, elle dispose bel et bien d’une des meilleures équipes d’Europe. On peut donc se dire que le problème est mental, psychologique : l’entraîneur doit encore travailler pour parvenir à motiver ses joueurs et à les préparer comme il se doit. Après sa qualification à Wembley, la Juve est-elle en route pour une nouvelle finale, et pourquoi pas une victoire ?

Un manque de motivation ?

Nous avons souligné le problème psychologique des joueurs une fois arrivés au sommet de la compétition. Cependant, d’autres matchs nous ont déjà interpellés et ont montré des joueurs totalement absents. Plusieurs exemples peuvent venir en tête cette saison. Le premier, c’est sans aucun doute le match contre la Sampdoria. 90 minutes ridicules, l’équipe avait presque accepté son infériorité, se faisant écrasée 3-0. Il aura fallu attendre les arrêts de jeu pour que les joueurs se mettent à pousser offensivement et marque deux fois, montrant à quel point la victoire était à portée de main. Quant au match aller contre Tottenham, les bianconeri ont littéralement joué 20 minutes : après les deux buts de Pipita, les joueurs n’ont pas arrêté de subir, et ont d’ailleurs encaissé deux buts à domicile. Grave erreur en Ligue des Champions. On peut également évidemment penser au match contre la SPAL, 17ème de Serie A, qui s’est soldé par un match nul absolument ridicule. Si la Juve a une faiblesse cette saison, c’est bien celle-ci : on a l’impression que les joueurs ne sont pas toujours motivés, et choisissent leurs moments. Allegri n’a visiblement pas su remédier à cela, et c’est l’un des (gros) reproches qu’on peut lui faire.

Quatre saisons, sept trophées, deux finales européennes, des questions.

 Malgré certaines erreurs tactiques et des incompréhensions de la part des supporters, Allegri a de nombreuses fois marqué la Juve grâce à des performances exceptionnelles faites avec les moyens du bord et des effectifs qui n’étaient pas toujours alléchants. Nous avons résumé toute la carrière d’Allegri à la Juve, saison par saison, juste pour vous. Souvenirs, nostalgie, analyses de matchs et critiques, vous retrouverez l’essentiel de chaque saison d’Allegri dans nos prochains articles sur le Mister, à commencer par son arrivée en 2014.

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