Formé au club et passé par toutes les catégories jeunes de la Juve, Claudio Marchisio titulaire indiscutable depuis des années se retrouve aujourd’hui sur le banc en quatrième choix derrière Pjanic, Matuidi et Khedira.
Comment Il Principino a pu devenir l’un des derniers choix d’Allegri ?
Constat d’un changement de statut pour notre numéro 8.
Ses débuts
Depuis 1993, Claudio écume les équipes jeunes du club Turinois. Formé au poste de milieu relayeur, polyvalent au milieu de terrain le jeune Claudio va en faire une force : Il a d’abord joué Trequartista, c’est-à-dire milieu offensif avant de redescendre plus bas sur le terrain, en milieu relayeur (Mezzala) ou en milieu défensif (Regista) en fonction du schéma tactique adopté.
Surnommé Il Principino depuis sa première saison chez les jeunes, notamment grâce à son style vestimentaire très élégant, il est alors vu comme le futur de la Juve. Intégré à l’effectif de la Vieille Dame lors de la relégation en Serie B après 13 ans passés chez les équipes jeunes, il jouera 25 matchs de championnat en 2006 – 2007, dont un Naples – Juventus où il étalera sa classe et son talent (conclu sur le score de 1-1). Il sera alors prêté l’année suivante à Empoli afin de continuer sa progression en Serie A. Il fera une saison pleine qui convaincra les dirigeants turinois de le faire revenir dans son club de coeur.
Le retour à la maison
Il reviendra alors au club la saison suivante « pour ne plus le quitter » comme il aime à le rappeler. L’enfant du club, fan de la Juventus depuis son plus jeune âge, joue alors 24 matchs pour sa première saison en Serie A avec la Vecchia Signora. La Juventus terminera à une belle 3ème place synonyme de Ligue Des Champions. Ce sera pour Marchisio une saison plutôt aboutie avec à la clé 3 buts et 6 passes décisives pour le Petit Prince.
Pour sa deuxième saison à Turin, il alignera 28 matchs de Serie A ainsi que 7 matchs en Europe et aide les Bianconeri à finir 2èmes sous la houlette de Claudio Ranieri lors de la saison 2008-2009. Il participera à la campagne Européenne terminée en hutièmes de finales, après avoir fini devant le Réal de Madrid en phase de poules.
Les saisons passent et Claudio prend une place de plus en plus prépondérante dans le 11 Turinois et dans le cœur des tifosi.
En 2009 commence une nouvelle ère à Turin. Il Principino formera le milieu de terrain avec Felipe Melo et Diego. Il est l’un des joueurs les plus utilisés avec Giorgio Chiellini et Buffon avec plus de 2200 minutes jouées, démontrant ainsi son rôle important au sein du 11. Cependant la saison sera mitigée. La Juventus finira 7ème en championnat, avec une deuxième partie de saison en dents de scie qui coïncidera à une baisse de régime du numéro 8 Bianconero, il sera en effet moins percutant que lors de la première partie de saison, aligné une fois à gauche ou encore devant la défense sans continuité, les schémas tactiques étant souvent modifiés.
L’année d’après en Serie A sera du même acabit. Des gestes de classe mondiale (son retourné contre l’Udinese en est le meilleur exemple), mais un niveau de jeu trop irrégulier malgré un temps de jeu qui a augmenté avec plus de 2800 minutes jouées. Avec 4 buts et 4 passes décisives Claudio aura su faire gonfler ses statistiques.
Il aura, pendant cette période, réussi à s’intégrer, malgré des entraîneurs qui ne l’ont pas forcément toujours utilisé à sa meilleure position sur le terrain. Paradoxalement il a été décisif, et ses qualités de passeur se font déjà reconnaître à cette époque, avec plus de 85 % de ses passes réussies en tout au minimum chaque saison.
L’avènement sous Conte
L’année 2011 voit l’arrivée d’un nouvel entraîneur sur le banc Turinois en la présence d’Antonio Conte, avec de nouvelles idées de jeu. Claudio Marchisio va également découvrir ses nouveaux coéquipiers avec lesquels il sera aligné : Arturo Vidal et Andrea Pirlo. Il sera associé au numéro 21 Bianconero dès les premiers matchs de la saison. Au fil des matchs il formera ensuite un milieu à 3 avec Vidal, retrouvant une place de milieu relayeur. Il enchaînera les prestations de haut niveau, avec un doublé face à Milan (victoire 2 à 0) par exemple. Notre numéro 8 jouera 35 matchs de championnat, avec 9 buts et 4 passes décisives pour ce qui restera l’une des meilleures saisons de sa carrière. Il ne jouera pas moins de 21 et 28 matchs les saisons suivantes avec Antonio Conte, restant une pièce maîtresse de l’effectif.
Changement de statut
Titulaire important sous Conte, ce statut est remis en cause sous Allegri. Pas forcément lors de sa première saison où il participera à 35 matchs de championnat et 12 de Ligue Des Champions, mais plutôt la saison suivante : il ratera quelques matchs en début de saison, puis surtout il se blessera gravement face à Palerme à la 33ème journée de Serie A. Victime d’une rupture des ligaments croisés, il reviendra tardivement l’année suivante, ne jouant que 18 matchs. Claudio est moins décisif sur ces deux dernières saisons statistiquement parlant, malgré une activité importante près des deux surfaces dans le jeu à la vue de ses heatmaps.
Durant l’actuelle saison, Claudio joue peu. Il joue 46 minutes en moyenne par match contre 70 l’année précédente, intercepte peu de ballons (0.4 par match contre 2 lors de la saison précédente), n’a toujours pas marqué et fait une seule passe décisive. Son activité sur le terrain est donc moins débordante, le numéro 8 est moins présent et surtout se retrouve souvent derrière Pjanic, Khedira, Bentancur et Sturaro dans la hiérarchie des milieux. Assez troublant non ? Surtout quand l’on sait que Khedira a beaucoup de mal à enchaîner les matchs, que Bentancur est encore très jeune malgré son potentiel énorme et enfin que Sturaro est un joueur limité balle au pied.
Sa blessure explique en partie ce choix du Mister : on sait qu’Allegri est conscient des qualités du joueur mais également de sa fragilité physique, il l’avait par ailleurs annoncé après le match face à Palerme qu’« Il faudra encore un 1 an avant que Claudio ne retrouve son niveau ».
Il est vrai qu’Il Principino met désormais beaucoup de temps à récupérer après un match d’où le fait qu’il ne soit pas titulaire pour plusieurs matchs consécutifs.
Victime des choix d’Allegri
Mais si Claudio Marchisio est également moins titularisé, c’est néanmoins dû au fait du changement de schéma tactique opéré par le Mister Allegri. Le plus souvent le 4-2-3-1 est utilisé, avec deux joueurs devant la défense. Une place au milieu de l’ancien 3-5-2 est donc enlevée. Le plus souvent Pjanic et Matuidi sont titularisés, leurs profils étant très complémentaires, le français apporte par ailleurs une touche physique supplémentaire que n’a pas l’Italien : Il tacle plus (1.4 tacles pour Matuidi contre 0.4 tacles par match pour Marchisio), réussit mieux ses tacles en général quand Pjanic lui gagne peu de ses duels : ceci donne une raison de la non – titularisation de Claudio. Néanmois, Pjanic intercepte plus que Matuidi (1.8 contre 0.9 interceptions par match). Matuidi touche également beaucoup de ballons sur le côté gauche, position ou Claudio peut être aligné. Il est donc plus facile de comprendre la position du Mister. Cependant il arrive quelques fois que l’équipe passe en 4-3-3. Mais là encore, Khedira ou Sturaro sont préférés malgré des matchs d’un niveau très faible de la part de ces deux là…
Capable d’offrir de véritables caviars à ses coéquipiers avec des ballons dans l’espace ou bien de renverser le jeu dans le bon tempo, Claudio sait également très bien tenir le ballon afin de le ressortir proprement. C’est un véritable artiste, sûrement sous – côté mais dont tous les amoureux du football reconnaissent les qualités. Claudio reste cependant un joueur à part, devenu une icône du club, une « bandiera » comme on dit au club. Doté d’une belle vision de jeu et d’une qualité de passe exceptionnelle pouvant casser des lignes, il a également des aptitudes techniques balle au pied, ce qui fait de lui un joueur à part dans l’effectif Bianconero.
