Sous le feu des critiques depuis la défaite au match aller, et si le style Allegri était finalement la clé pour la qualification ? 

Remonter une défaite 2-0 encaissé à l’extérieur est très difficile. Surtout avec la règle du but à l’extérieur. Et ça l’est encore plus si on prend en considération le niveau de l’adversaire : l’Atletico de Simeone, une équipe organisée, très forte physiquement et techniquement. Il faudra plus qu’un exploit à la Juventus pour accéder aux quarts de finale. Mais considérer que’elle n’a aucune chance de passer le tour est injuste. Pour deux raisons. La première c’est l’effectif des bianconeri, qui reste de très haut niveau et il faudra plus qu’un match raté pour remettre en question un fait indiscutable.

Allegri, ce coach à l’ancienne

La deuxième raison s’appelle Massimiliano Allegri : l’entraîneur de la Juventus a une approche à l’ancienne de la tactique : très légère, avec une structure basée sur les joueurs et leur capacité à interpréter des rôles variés (autrement dit un style à la Zidane et à l’extrême opposé d’un Guardiola). Cela est à l’origine de nombreuses critiques de la part des tifosi et des experts. Mais un entraîneur ‘light’ – désignons-le comme ça pour faire court – peut changer la face d’un match beaucoup facilement qu’un entraîneur tactiquement rigoureux. Une définition plus réduite de la tactique laisse en fait beaucoup plus de marge à l’impact des choix inédits et appliqués sur un seul match : un schéma nouveau, un mouvement nouveau, une idée nouvelle, pertinente ou pas, ont forcément un poids plus important, en positif ou en négatif.

Si l’équipe d’un entraîneur qui croit par exemple au jeu de position, qui est un maniaque de la tactique, est plus constante dans son rendement, celle d’un entraîneur ‘light’ ou à l’ancienne, alternera à la fois les prestations moyennes voire mauvaises mais aussi des partitions interprétées à la perfection. Ca vous rappelle quelque chose ? Les tifosi bianconeri, quoiqu’ils en pensent, devraient être attachés à cette approche à l’ancienne : Marcello Lippi, maître de l’improvisation, a fait des lapins sortis de son chapeau de magicien sa marque de fabrique. Et non sans connaître quelques échecs cuisants.

Des très bas et des très hauts

Des matchs ratés sous Allegri, la Juve en a connu. Et ils sont nombreux, inutile de les énumérer. On peut quand même citer le dernier en date, la mauvaise prestation (mais couronnée de victoire) contre le Napoli. Un match durant lequel on a aussi pu constater que, paradoxalement, une équipe qui travaille sur des indications tactiques variables de matchs en matchs plutôt que sur une ossature de base, se retrouve beaucoup plus en difficulté quand le match passe de 11 contre 11 à 10 contre 10. Et ce n’est pas un hasard si on dit que les équipes avec l’organisation la plus solide souffrent moins de l’infériorité numérique.

Et pourtant des matchs splendides joués contre des adversaires (et entraîneurs) de haut niveau, il y en a eu aussi. Citons-en quelques uns. Le match retour contre le Borussia de Klopp à Dortmund. Les Allemands sont annoncés favoris, la Juve s’impose 3-0 avec Evra qui raconte après le match : « Allegri est un génie, il voit les matchs à l’avance ». Le Juve-Napoli décidé par Zaza, quand en seconde période, Allegri laisse la possession à Sarri le temps de l’endormir et renverse complètement le match à dix minutes de la fin avec ses remplacements et un changement de rythme. Le Bayern-Juve, quand malgré les absences, il donne une leçon tactique à une équipe techniquement plus complète et entraîné par un monstre sacré, Pep Guardiola. Il y a évidemment le Juve-Barça remporté 3-0 mais aussi la finale de Berlin. Après une première période durant laquelle Buffon se fait torpiller par les blaugrana, la Juve revient bien en seconde mi-temps et garde le match ouvert. Plus récemment encore, la seconde période contre Tottenham : après avoir laissé passer la tempête et risqué le pire, Allegri passe de 3 à 4 derrière et renverse la vapeur.

La loterie Allegri

Cela signifie-t-il qu’on peut rester tranquille, que peu importe s’il y a la qualification ou non, la Juve fera forcément un grand match ? Non, parce que pour toutes les raisons évoquées, la ‘loterie Allegri’ peut aussi aboutir à un échec. Il y a tout de même une donnée évidente : sur les cinq dernières années, la Juve a presque toujours fait mieux au retour qu’à l’aller. Parce qu’Allegri, qu’on l’aime ou non, n’impose pas : il s’adapte en conséquence. Et comme d’habitude, quand tu tombes une fois dans un piège, c’est rare de se faire avoir une seconde fois…

Article original de Giulio Gori : La lotteria Allegri

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