Avec ses 14 titularisations en Serie A, Wojciech Szczesny partage depuis cet été les cages de la Juventus avec son capitaine Gigi Buffon. Une excellente occasion pour lui d’en apprendre plus sur l’art et la manière d’organiser une défense et de perfectionner sa technique afin de devenir, peut-être, le meilleur titulaire possible dès la saison prochaine. Dans la première partie de sa longue interview accordée à Tuttosport, le gardien polonais retrace son parcours à la Juventus, depuis ses entraînements aux côtés du «meilleur gardien du monde» jusqu’à sa place au sein du groupe.

Pouvez-vous déjà faire un premier bilan de votre expérience à la Juventus?

«Je savais qu’en venant ici, je devrai lutter jusqu’au bout afin de remporter des trophées. Nous sommes en mars, et nous sommes encore en lice dans toutes les compétitions possibles. J’ai même eu la chance de jouer plus que ce à quoi je m’attendais, et je crois avoir bien rempli mon rôle».

Est-ce que le choix de la Juve a été facile pour vous, sachant qu’il aurait fallu partager le rôle de titulaire avec Buffon, ou est-ce qu’au contraire il vous a fallu y réfléchir?

«J’ai eu la proposition de la Juventus dès le moment où j’ai senti qu’il fallait que je quitte Arsenal. Ça a donc été très facile pour moi d’accepter. Je savais que Gigi allait être titulaire, mais puisque j’ai encore des progrès à faire, je m’étais dit que ça allait être pour moi l’occasion de m’entraîner avec le meilleur gardien du monde. Pour moi qui n’ai jamais gagné seul championnat, apprendre de tels champions est une grande opportunité. Après ça, ce sera plus facile pour moi d’assumer d’être titulaire. Là, en tant que deuxième gardien, j’ai moins de pression».

Qu’est ce qu’on apprend en s’entraînant aux côtés de Buffon?

«J’ai appris beaucoup de choses sur le plan technique mais c’est surtout son leadership que j’observe. Comment se comporter en fonction des différentes situations, les rapports avec les coéquipiers, comment commander la défense…Ces aspects sont fondamentaux. Et naturellement, l’observer pendant les matchs où pendant qu’il s’entraîne m’aide beaucoup».

Quel épisode vous a le plus marqué en ce qui concerne le leadership de Buffon?

«Je repense à la défaite en Supercoupe et aux moments difficile que nous avons vécus après les défaites contre la Lazio et la Sampdoria. J’ai vu que le groupe n’était pas inquiet. Il y avait au contraire beaucoup de tranquillité, de la sérénité, et la conscience qu’il fallait revenir sur le terrain pour travailler. C’est quelque chose que je n’avais jamais vu dans les autres équipes où j’ai évolué».

Parce qu’à la Roma ou à Arsenal, une défaite créait la panique?

«Une défaite non, mais des moments difficiles oui. A la Juve, les joueurs sont conscients de leur force et de leur talent, et les moments difficiles n’y changent rien».

Le football italien diffère-t-il beaucoup du football anglais? Même pour un gardien?

«Pour un gardien, le football italien est plus facile puisque la défense est mieux organisée. Le football anglais est lui plus physique, plus rapide. Avec des entraîneurs comme Guardiola et Pochettino, les choses ont un peu changé mais les caractéristiques restent les mêmes. Une équipe italienne est plus tactique, elle sait choisir ses moments. Il n’y a qu’à regarder le match que nous avons fait contre Tottenham: ces derniers ont dominé pendant 75 minutes mais nous avions des qualités qui nous ont permis d’être bien organisés en défense et de choisir quels étaient les bons moments pour attaquer. Ainsi, nous avons marqué deux buts décisifs».

Comment est Allegri par rapport aux autres?

«Allegri a un effectif complet, ce qui facilite les choses. Mais il a l’humilité qu’il faut pour nous faire défendre. Nous savons que nous avons les qualités requises pour marquer plus de buts, mais l’équipe qui gagne le championnat, c’est celle qui en encaisse le moins».

Cela vous surprendrait que Buffon continue?

«Je pense que s’il continuait, ce serait bon autant pour lui que pour l’équipe. Cette dernière a encore besoin de Buffon aussi bien comme capitaine que comme gardien. L’âge, c’est juste un nombre et ces dernières années, il était encore le, ou l’un des meilleurs gardiens de Serie A».

Vous êtes déjà parvenu à conquérir les supporters. En êtes-vous conscient?

«Non, parce que je n’ai encore rien gagné et que le rapport que l’on a avec les supporters grandit avec les trophées. Les bonnes prestations aident à cela, mais c’est en mai que je souhaite créer un vrai lien…Peut-être qu’en mai, j’en serai plus conscient».

Vous avez demandé des informations à Pjanic avant de rejoindre la Juve?

«Oui, mais je lui ai seulement demandé des conseils en ce qui concerne la ville ou bien la zone où il valait mieux prendre une maison. Mon choix de rejoindre le club était déjà fait, et puis je pense que chacun doit prendre ses décisions de manière autonome. Je ne pense pas qu’il faille appeler un ancien coéquipier pour construire sa propre carrière. Je veux toujours être responsable de mes choix. Au début, j’avais un peu peur de passer de Rome et de Londres à Turin, qui est plus petite. Cependant, je suis heureux d’être ici. La seule chose qui me dérange, c’est le froid mais j’y suis habitué. Il faut dire qu’à Varsovie il faisait jusqu’à -20 degrés. Ma femme aussi se sent bien ici et c’est fondamental: quand une femme va bien, on peut dire que 80% des choses vont bien. J’ai aussi l’occasion de beaucoup utiliser mon vélo, et ça, c’est génial».

Avec quels joueurs vous êtes vous le plus lié d’amitié?

«Principalement avec le groupe des gardiens. Avec Pinsoglio, Del Favero et Gigi, nous avons été dîner ensemble quelques fois. Mais c’est toujours comme ça: on s’entraîne ensemble et seul un gardien peut comprendre le travail d’un autre gardien».

Comment sont les entraînements avec Higuain et Dybala?

«Ils sont compliqués parce qu’il marquent énormément de buts durant les entraînements. Mais je m’améliore aussi grâce à eux, et grâce à Chiellini et Barzagli. Ils défendent mieux que moi et m’enseignent beaucoup de choses. Ils rendent mon travail plus simple. Moi, je ne dois rien faire d’autre que de rester dans les cages, et ne pas me rater. Durant les dix derniers matchs où j’ai joué, il n’y a eu que cinq ou six tirs cadrés. Cela signifie que l’équipe fait de belles choses».

Vous lancez vous des défis entre gardiens, ou avec les attaquants?

«Avec les attaquants non, seulement entre gardiens. Par exemple, celui qui perd fait des pompes . Mais Buffon ne joue pas avec nous, sinon il gagnerait tout le temps».

Qui est le plus fou de l’équipe?

«Ce sont les plus jeunes: Dybala et Costa. Ils ont plus de joie de vivre, plus d’énergie. D’une manière générale, les sud-américains sont les plus fous. Nous formons un bon groupe et nous sommes tous en bons termes. Je ne suis juste pas fan de leur musique. Ce sont les meilleurs joueurs au monde, mais quand il s’agit de musique, c’est autre chose».

Jusqu’où peut arriver la Juve?

«Le but, c’est de tout gagner. Ce n’est pas impossible. Il y a des équipes plus fortes en Europe mais nous avons nos qualités, nous savons défendre et rester unis. En ce qui concerne le championnat et la Coupe d’Italie, ce sont deux compétitions que nous devons gagner. Il n’y a pas d’autre issue possible».

Qu’est ce que cela signifierait pour vous de gagner votre premier Scudetto?

«Ce serait une joie, mais je gagnerai également en confiance. J’ai 28 ans, il est temps pour moi de gagner des trophées. J’ai déjà remporté la Coupe d’Angleterre mais le Scudetto, c’est autre chose».

Conseilleriez-vous la Juve à Florenzi?

«Si quelqu’un me le demandait, je répondrais toujours que venir à la Juve est un grand pas à franchir parce qu’ici, nous avons l’obligation de tout gagner. Je ne sais pas ce qu’en pense Florenzi, mais si un joueur aspire à devenir plus fort qu’il ne l’est déjà, venir à la Juventus est une bonne idée».

Le sauvetage de Chiellini à Wembley valait autant qu’un but. D’ailleurs, lui et Buffon l’ont fêté comme tel.

«C’était en effet un moment très important qui nous a permis de passer le tour. Mais personnellement, je n’aime pas fêter après avoir fait une belle parade parce que ça signifierait -ah, regardez-moi-. Et puis bien souvent, il y a un corner juste après. Ceci dit, le fait d’exulter intimide: en comprenant que nous sommes unis, l’adversaire prend peur».

Quelles sont vos meilleurs interventions de la saison?

«Au niveau de la difficulté, je dirais ma parade contre Cagliari. Le tir était fort et assez proche, et j’ai touché le ballon du bout des doigts. En ce qui concerne l’importance de l’intervention, je dirais mon arrêt contre la Roma. Ce n’était rien de particulier puisque Schick m’a tiré dans les bras mais à la 94ème, ça devient décisif».

Rendez-vous demain pour la seconde partie de l’interview!

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