En exclusivité pour vous, lecteurs et lectrices de Stile Juve, Thomas Simon (@ThomasSimon25) a répondu à nos questions. Journaliste chez France Football et grand suiveur de la Serie A et de la Juventus, il a répondu favorablement à notre requête. Au programme donc : Représentativité, image et actualité de la Juventus.

Quand je vous dis « Juventus » qu’est ce qu’il vous vient à l’esprit ?

« Immédiatement : Blanc et noir, bianconero. Une association pour moi qui est assez symbolique et qui peut même aller au-delà du football. Un immense club, une institution…un adn aussi, une grande histoire, des tifosi dans le monde entier et pour terminer des grands joueurs. C’est totalement volontaire de ma part de te citer les grands joueurs après tout ce que je t’ai cité précédemment car, pour moi, la Juventus c’est d’abord une institution, d’abord un club. Les grands joueurs ont participé à cette grande histoire, mais la base, les fondations de ce club c’est tout ce que j’ai cité avant.« 

Que représente la Juventus pour vous ?

« Une part importante de ma jeunesse. J’ai grandi avec les bianconeri et je me suis aussi probablement forgé une partie de mon identité et de ma sensibilité « foot » avec ce club et ses joueurs. Du coup, tu comprends bien que tous les mots que je t’ai cité jusqu’à maintenant ont une importance particulière pour moi. Depuis que je suis le foot, la Juventus c’est le club que je suis en Italie avec Sochaux en France.« 

Quelle équipe italienne supportez-vous (ou êtes un sympathisant) ?

« (rires). Si je parle en tant que journaliste, aucune et c’est bien normal. D’un point de vue personnel, et je pense que c’est le cas pour chaque passionné de foot d’avoir son club, c’est la Juve depuis que j’ai 8 ans. Après je ne suis peut-être plus supporter au sens premier du terme comme j’ai pu l’être avant. On ne ressent pas non plus les mêmes émotions que lorsque l’on est adulte que quand on est plus jeune ou adolescent…aujourd’hui, c’est mon fils qui a pris le relais mais je reste tout de même très attaché au club. »

S’il n’y avait qu’un seul joueur (toutes époques) de la Juve que vous auriez voulu dans votre équipe ce serait ?

« Alors il n’y a aucun doute ni aucune hésitation : Alessandro Del Piero. C’est par lui qu’a débuté mon suivi de la Juve puis mon « lien » avec ce club. Si tu veux moi je suis de 1985, donc quand j’avais 10 ans je mettais la cassette pour enregistrer les résumés des matchs de ligue des champions le mercredi sur TF1 et le lendemain je pouvais voir des buts magnifiques marqués par ce joueur qui portait un maillot rayé blanc et noir. Ensuite, avec son numéro 10 des frappes enroulées qui allaient dans les lucarnes opposées…c’était…tu vois, tu regardes ça avec tes yeux d’enfant et du coup ben…ben t’es pris dedans. Il n’y a aucune hésitation, ce joueur, c’est le « fil rouge » de mon « histoire » avec la Juve. C’est lui qui me l’a fait aimer…de tous les temps, pour moi, c’est vraiment mon joueur préféré. Il n’est pas le meilleur, mais pour moi c’est le numéro 1 dans mon cœur Del Piero. Je pense même que pour tous ceux nés fin des années 70- année 80 qui ont suivi la Juve, Del Piero a une part importante dans leur histoire de tifosi.« 

Que représente la Juventus pour le football italien ? Européen ?

« C’est le monstre du foot italien, mais dans tous les sens du terme. C’est le club le plus titré sur le plan national, c’est le « monstre », celui qui mange tout et qui ne laisse rien ou pas grand chose aux autres. OK, c’est vrai ces dernières années, mais on peut aussi remonter dans le temps et voir qu’il y a eu des périodes de domination par la Juve. Après, c’est aussi le « monstre » dans le sens ou c’est aussi celui qui fait peur aux autres donc on ne l’aime pas forcément. La Juve suscite aussi beaucoup de sentiments négatifs.« 

« Au niveau européen, je dirais que la Juve inspire du respect et de nouveau de la crainte depuis quelques années. Le club a désormais une équipe compétitive sur la scène continentale mais la Juve n’a pas le palmarès des plus grands clubs sur l’échelle européenne. Il suffit juste de voir cette statistique : 7 défaites sur 9 finales de Ligue des champions disputées…ça va à l’encontre même de ce qu’est le club en Italie. Un club qui ne laisse rien aux autres et qui a une image de gagnant. Sur la scène européenne, ce n’est pas le cas. C’est triste à dire pour les supporters de la Juve, mais elle une sorte d’image de « loosers » sur la scène européenne. La Juve n’a toujours pas l’envergure sur le plan européen qu’elle veut avoir par rapport à son prestige national.« 

Que pensez-vous des changements opérés par le club visant à faire de la Juventus une marque mondiale ? (nouveau logo, futur maillot domicile peut être sans rayure, maillot basket…)

« C’est clairement du business. On peut trouver ça « dommage », on peut trouver ça « bien » mais ce qui est sûr c’est que dans le football d’aujourd’hui, il faut évoluer pour être compétitif. Les dirigeants l’ont compris et agissent en conséquence. Alors oui, pour une certaine frange de tifosi, ceux qui regardent peut être cela avec leurs yeux d’adultes et une certaine forme de romantisme et de nostalgie, ces changements peuvent déranger…je le comprends. Après le plus important reste ce qu’il se passe sur le terrain mais je pense que pour de nombreux tifosi, ce serait dommage que la Juve perde une partie de son identité pour pouvoir gagner en rentabilité et en notoriété. Il faut trouver un juste milieu. Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’Agnelli tire le club dans une certaine direction. On parlait de Del Piero tout à l’heure, et bien on pouvait déjà regretter quelque peu son départ dans la gestion du club. Au final, tout ce qu’il se passe actuellement sur le terrain, avec les résultats qui sont très bons, tout cela donne raison à la stratégie décidée par Agnelli. Après attention tout de même. Il ne faudrait pas perdre une partie de l’identité juventina.« 

Qu’est ce que vous pensez de la Juventus actuelle ? Avez-vous un joueur qui sort un peu du lot ? Un joueur « déception » ?

« La Juventus n’a pas encore atteint sa plénitude. Je ne dis pas qu’on la voit « trop belle » mais ce n’est pas encore la « machine » que décrivent certains. La première période du match contre Manchester doit être pour moi un exemple de ce qu’est capable de faire cette équipe et ce collectif là en terme de maîtrise collective. Il y a aussi deux aspects qui m’interpellent dans cette Juventus là : son manque de sérénité défensive durant certains temps faibles, je dis bien certains, et son manque d’efficacité offensif durant ses temps forts. Ce qui s’est passé contre Manchester, même si oui c’est totalement improbable dans le scénario, ce n’est pas un accident. C’est quelque chose qui est arrivé après une petite série d’alerte où on voit bien que la Juve a la main sur le match mais arrive tout de même à se faire peur. La Juve se montre supérieure mais il y a des moments où le match peut aussi basculer de l’autre côté sur des détails. Il y a encore pas mal de travail, mais ce collectif est aussi prévu pour arriver à son plein régime à partir des mois de février-mars.« 

« Pour le top je dis Chiellini. C’est le capitaine, c’est lui qui tire le groupe vers le haut et il est irréprochable depuis le début de la saison. J’aurais pu te citer Mandzukic ou d’autres aussi…mais je vais te dire Chiellini. Pour l’instant c’est impeccable et espérons que son corps le préserve de certains pépins physiques durant la saison. Concernant le flop, je vais peut-être être un peu dur mais c’est Miralem Pjanic. Il est capable de beaucoup mieux. Il rate des passes qu’il ne ratait pas avant, il perd des ballons dangereux…c’est lui qui doit dicter le jeu de la Juve, et quand Pjanic n’est pas le Pjanic qu’il devrait être, ça va moins bien pour la Juve. »

La Juventus peut-elle remporter la Champions League ? 

« Elle le peut. Elle le veut. Après, c’est un peu « basique » ce que je vais te dire mais la Champions League ça se joue sur des détails. Le tirage au sort peut aussi avoir son importance. Pour moi et par rapport à ce que je t’ai déjà expliqué concernant le jeu de la Juve, il y a certains manques, s’ils ne sont pas gommés, qui vont être rédhibitoires dans cette compétition. Après, il n’y a pas d’équipe qui sort du lot pour le moment et que quand on la regarde on se dit « C’est bon, elle va au bout. » C’est ouvert et de nombreuses formations vont « monter en température », s’affiner et s’affirmer. La Juve fait très clairement partie des principaux prétendants au titre. Cela va faire 23 ans en 2019 donc pour elle il est temps de…« 

La Juventus peut-elle faire la passe de 10 scudetti ?

« C’est possible aussi mais ils auraient tout intérêt à déjà viser la barre de 8…puis la barre de 9…et après on pourra parler de 10. Clairement, la Juve a un temps d’avance sur les autres en Italie mais dans le football un groupe peut vite se retrouver perturbé ou déstabilisé . A la fin de l’année dernière, je pensais déjà que la Juve devait passer à la « vitesse supérieure »…ils ont recruté Cristiano Ronaldo…ce qui a d’ailleurs, selon Gianluigi Buffon, permis à la Juve de conserver des joueurs qui souhaitaient partir…donc voilà. C’est un peu ambitieux de se projeter sur 3 ans et il n’y a qu’à prendre comme exemple la saison passée où ça a été « chaud » sur la fin. Chaque chose en son temps, mais c’est dans l’adn de la Juve de ne pas se voir « plus belle » qu’elle n’est. »

Qui est l’anti-Juve en Italie cette année ? 

« Naples même s’il faut un petit temps d’adaptation avec le changement Sarri/Ancelotti. Ce ne sont pas les mêmes techniciens et les mêmes philosophie de jeu. Après, ils ont une certaine stabilité dans leur effectif qui peut les aider et leur permettre d’avoir des repères par rapport aux autres prétendants à ce titre d’anti-Juve. Ensuite, les deux clubs milanais ont des ambitions et veulent à nouveau accéder à des places qui correspondent à ces ambitions mais il faut du temps dans le football.« 

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