2018 aura été l’année de l’installation quasi-définitive de Dybala en tant que meneur de jeu. Finie l’expérience sur l’aile droite, aligné en pointe seulement en cas d’absence, Allegri a fait de la Joya un milieu tout terrain, ‘tuttocampista’ en version originale comme il se plaît à le dire. Une décision qui ne convainc pas encore tout le monde. Mais que vaut Dybala en comparaison des références européennes à ce poste ?
Pour répondre à la question, il faut donc sélectionner la crème de la crème, ce qui implique de faire des choix. Exit donc De Bruyne (pour son faible nombre de matchs disputés cette saison) ou encore Alli et Fekir (un seul joueur par équipe). La sélection se porte sur des joueurs qui excellent dans leur capacité à agir comme lien entre le milieu et l’attaque, indépendamment de la position sur le terrain. Ce qui explique la présence de Fabian Ruiz et Coutinho, ailiers sur le papier mais qui abattent un travail de meneur de jeu, tout comme des éléments comme Aouar et David Silva qui n’agissent en mezz’ala que sur la feuille de match. Voici donc la sélection finale classée du plus jeune au plus âgé :
Capacités créatives
Premier critère de jugement, la capacité à créer des occasions de but, à travers les passes clés, l’habilité pour les changements de jeu à travers les passes longues réussies ainsi que la tendance à dribbler et éliminer ses adversaires.

Parmi les critiques les plus récurrentes adressées à Dybala, on entend souvent la tendance à trop chercher la solution personnelle et ne pas assez s’appuyer sur ses coéquipiers. Les statistiques sur les passes clés montrent pourtant le contraire alors que Paulo se place devant des joueurs encensés comme Isco et Eriksen et à quelques pas seulement de l’élite de ce poste incarné par David Silva, Ozil et James Rodriguez. Il est aussi le premier de ce classement sur les passes longues réussies bien aidé par le style de jeu de la Juventus prévoyant de fréquents renversements. Pour ce qui est des dribbles, bien qu’il soit l’un des joueurs à en tenter le plus, il est en fin de classement pour la réussite (53%). C’est donc plutôt l’échec individuel qui vient alimenter cette critique sur un jeu trop personnel, en prenant peut-être pour acquises les bonnes passes à des coéquipiers.
Capacités de réalisation
Le second critère porte sur le nombre de buts par matchs, le nombre total de tirs et la quantité cadrée (ne prend pas en compte les tirs contrés ou touchant les montants).
Même s’il est parmi les plus productifs, Dybala n’est pas le joueur qui tire le plus, la palme revenant à Coutinho. En revanche, La Joya fait partie des joueurs qui cadrent le moins leur tentative, cela s’expliquant en partie par le fait qu’avec son éloignement du but et l’arrivée de Ronaldo, Dybala tente moins de frappes, ce qui réduit forcément la quantité de tirs cadrés mais il tente aussi plus sa chance de longue distance, ce qui implique forcément un taux de précision plus faible. En partant de plus loin, il peut aussi manquer de lucidité devant le but.
C’est dans sa capacité à marquer des buts que Dybala a le plus perdu avec cette nouvelle position, cela n’est évidemment pas un secret alors que son compteur est bloqué à deux unités en championnat.
Capacité de conservation
Garder le ballon et ne pas le perdre, c’est le dernier critère de jugement ce qui comprend les passes réussies, les contrôles ratés ou encore les ballons interceptés, un élément essentiel aux yeux du Mister.
A des années-lumière d’Isco, Dybala est l’un des joueurs qui tente le moins de passes. Le jeu de la Juve ne l’implique que partiellement dans la construction. Une statistique sur laquelle influe forcément la présence de distributeurs de ballons comme Pjanic et Bonucci. A l’arrivée, c’est donc par des coups d’éclat et des initiatives personnelles que l’Argentin lance les actions. S’il en tente beaucoup moins que les autres, il est revanche le passeur le plus précis de ce classement mais aussi le joueur à subir le plus de fautes. Une pression qui explique peut-être le nombre de contrôles ratés, une catégorie qu’il domine. Autre bémol: il réalise peu d’interception, ce qui s’explique aussi par son poste de formation, celui d’attaquant de pointe et qui a rarement été impliqué dans le travail sans ballon.
Jugement final
Pour tenter de mettre un peu de hiérarchie parmi tous ces joueurs, tentons un classement dont la valeur est relative. En attribuant dix points au premier de chaque catégorie et ainsi de suite jusqu’à donner un point au dernier, voici le résultat obtenu :
Si Massimiliano Allegri s’est souvent dit satisfait des prestations de Dybala, même quand l’Argentin semblait en difficulté, c’est parce qu’il croit clairement au potentiel à long terme de son joueur dans ce rôle. Il recouvre effectivement la plupart des caractéristiques attendues du meneur de jeu idéal. Alors qu’il découvre seulement ce rôle, Paulo n’a pas tant de retard sur des joueurs considérés comme des références à ce poste depuis plusieurs années.
Dybala ne cessera jamais d’être un attaquant et il continuera probablement de l’être par nature mais dans le rôle que lui a confectionné Allegri, il sera difficile de trouver meilleur que lui. Non pas qu’il soit un meneur de jeu pur comme Silva ou Ozil sans être pour autant de ceux tournés le plus vers l’attaque comme Reus. L’excellence d’Isco et James, sûrement les joueurs les plus polyvalents de ce classement et régulièrement impliqués dans des positions variées et avec beaucoup de travail à effectuer, n’est pas inatteignable pour Dybala. Pour le moment, c’est un très grand attaquant de soutien et un bon meneur de jeu : rares sont les clubs à pouvoir disposer d’un joueur capable d’interpréter ces deux rôles à un tel niveau. Alors, pour répondre à quelques rumeurs de mercato farfelues, on imagine mal la Juve s’en priver…
Source : Dybala trequartisa a confronto coi migliori d’Europa