Si les confrontations européennes entre la Juve et le Barça ne sont pas nombreuses, elles ont en revanche souvent laissé place à des duels historiques. Parmi ceux-ci, il y a un exemple à suivre, celui de la Juventus de Lippi en 2003. Et un autre à ne surtout pas imité : le quart de finale de 1986, marqué par le naufrage individuel de Marco Pacione.

Carton rouge, héros inattendus : l’exploit de 2003

Le match retour opposant la Vieille Dame au Barça lors de la Ligue des Champions 2002/2003 est encore aujourd’hui l’un des meilleurs souvenirs européens pour les tifosi. C’était il y a 14 ans, c’était la Juve de Del Piero, Davids, Camoranesi, Nedved mais aussi celle de Buffon, seul survivant (et on s’étonne presque à le dire) de cette double-confrontation. C’était aussi le Barça de Luis Enrique, en tant que joueur cette fois, Xavi, Puyol, Saviola ou encore Kluivert.

Au même stade de la compétition qu’aujourd’hui, les quarts de finale, la Juventus est dans un premier temps accrochée à domicile par les Catalans. 1-1, Saviola répond à Montero. Ce résultat ne profite pas à la Juventus qui doit donc aller chercher sa qualification au Camp Nou, devant presque 100 000 personnes, toutes acquises à la cause blaugrana. Comme au match aller, la Juve ouvre le score grâce à un très beau but de Nedved mais Xavi égalise plus tard. Pour se compliquer encore plus la tache, la Juventus perd Edgar Davids, exclu à 10 minutes de la fin du temps réglementaire.

Dans un stade comme le Camp Nou et à 10 contre 11, les chances de la Juve sont faibles. Pourtant les bianconeri vont réaliser un véritable exploit. A la 113ème minute, tout le public retient son souffle alors que Kluivert reprend de volée un excellent ballon dans le dos de la défense. Mais Buffon réalise un arrêt prodigieux et sauve son équipe. C’est le tournant du match. Deux minutes plus tard, les héros du match sont plus qu’inattendus. Ils ont débuté le match remplaçant : Birindelli centre pour Zalayeta. Oublié par la défense du Barça, l’Uruguayen trompe en toute sérénité le gardien argentin Roberto Bonano, imposant ainsi le silence à l’un des plus grands stades du monde.

Il y a quelques jours, Paolo Montero évoquait souvenir : « Ce fut une souffrance incroyable au match retour. Mais heureusement il y avait Pavel (Nedved ndlr) et puis il y a eu cette échappée de Birindelli et cette reprise de Zalayeta. C’était un miracle mais cette équipe était agressive : elle ne lâchait jamais, mais vraiment jamais« . Les bianconeri savent de qui ils doivent s’inspirer.

1986 : Pacione, « l’ami du Barça »

En revanche, ils ne devront surtout pas suivre l’exemple de Marco Pacione. En 1986, la Juventus affronte pour la première fois le Fc Barcelone en Ligue des Champions. Il s’agit aussi d’un quart de finale. Les bianconeri s’inclinent à Barcelone, 1-0. Au retour, Trapattoni est privé de Serena et Briaschi. Il est donc contraint de confier les clés de l’attaque à un réserviste, Marco Pacione, alors âgé de 22 ans. Et ce qui aurait pu être une belle histoire a tourné au cauchemar. Le joueur rate 3 énormes occasions.

Le but de Platini ne suffit pas éviter l’élimination. Score final : 1-1. « Pacione rime avec Bidone » s’exclament les tifosi de la Juve. Le lendemain, Marco Pacione est détruit par la presse italienne. Dans la Repubblica, on peut lire qu’un « Michel Platini furieux a juré pendant tout le match et demandé à Pacione si il ne se croyait pas en vacances« . Le gardien du Barça, Urruticoecha, en rajoute une couche : « Pacione a été un ami« . Le nom Pacione se transforme même en un terme utilisé pour se moquer ou évoquer un désastre.

En vain, le garçon cherchera à expliquer qu’il n’a véritablement manqué qu’un seul but, que la seconde occasion n’était pas si facile à mettre et que sur la troisième, le gardien a eu de la chance. « J’ai lutté, je me suis battu, je crois que j’ai fait mon devoir« . Sans dire un mot des jurons de Platini, toute la société prend sa défense : « Pelé aussi a raté beaucoup d’occasions » explique Briaschi. Omar Sivori, consultant pour la télévision italienne, justifie ces erreurs en admettant qu’il était ému. Le Président de la Juve, Boniperti, confesse avoir raté des buts encore plus faciles. Mais malgré tous ses messages de soutien, son futur est déjà condamné. Quelques semaines plus tard, alors que Trapattoni lui assure sa confiance, il est vendu à l’Hellas Verona. Pacione ne commentera pas : « J’ai déjà dit tellement de choses, il vaut mieux que je me taise« .

Il ne s’en remettra jamais. Il prend sa retraite à 31 ans, dans l’anonymat. Aujourd’hui team manager du Chievo, il refuse de revenir sur cet épisode : « Beaucoup de temps est passé, j’ai fait ma carrière, je n’ai pas envie de me rappeler« . Maudit Barça, doit-il penser aujourd’hui. Espérons que Gonzalo Higuain ne se réveille pas avec la même pensée jeudi matin…

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