Comme un symbole. Sur un coup de casque, Moise Kean, 17 ans, inscrit son tout premier but en pro et permet à la Juventus de finir sa saison 2016/2017 sur une victoire arrachée au photo finish face à Bologne. Et (déjà) comme à l’accoutumée, le web s’enflamme pour celui qui s’est joué des records de précocité cette saison. Mais ne va-t-on pas trop vite avec Moise ?

21 buts en 10 rencontres de U15, 24 buts en 25 matchs en U17, des étapes brûlées par un talent incroyable et Mino Raiola. Voilà comment l’on peut, en une phase, synthétiser le phénomène Kean. Né un 28 Février 2000, il est le premier joueur de sa génération à jouer sur une pelouse de Serie A et bat le record de précocité du plus jeune joueur à porter le maillot de la Juventus en pro, à 16 ans, 8 mois et 21 jours, en rentrant en jeu lors d’une rencontre contre Pescara. Et il devient donc le premier joueur des années 2000 à planter un but en Serie A en choisissant plutôt bien son moment, lors de l’ultime minute de la dernière journée de Serie A 2016/2017. Encore un record donc, au temps pour lui.

FAST AND FURIOUS

Forcément, ce n’est pas le premier pèlerin venu qui peut prétendre à coucher des records dans l’institution Juventus. La prouesse d’un si jeune joueur au gros potentiel ne passe pas inaperçu et les superlatifs ne manquent pas pour celui que le monde du football s’enflamme à appeler « Prédestiné », « futur crack », et lui prédit déjà bien volontiers une carrière XXL. Il fait partie d’une nouvelle génération de joueurs encore « bébés » qu’on balance sur le pré de plus en plus tôt et dont la fougue et l’insouciance surprennent. La hype autour du jeune italien est bien réelle, mais hélas loin d’être saine pour ce qui n’est encore qu’un adolescent, aussi talentueux puisse-t-il être.

Pourquoi toujours lui ?

Un adolescent qui, comme tous ceux de son âge aujourd’hui, ont un Smartphone greffé sur la main et travaillent parfois plus leur image sur les réseaux sociaux que leurs performances sportives. Moise n’échappe pas à la règle, s’il est très performant sur le terrain, un t-shirt « Why Always Me? » en 2015 ne manque pas de faire parler de lui une première fois. Une référence à son idole le très controversé Mario Balotelli, avec qui il partage beaucoup de similarités, entre la puissance athlétique, le potentiel, le sens du but, les origines africaines, Mino Raiola aux ficelles, et… un caractère déjà bien trempé. Il en faut pour survivre en Italie au vu de toute l’oppression raciale qui y subsiste. De quoi se dire que jusqu’ici, son parcours à la Juve inspire un profond respect et consiste en une belle revanche sur la vie. C’est le cas.

RAIOLA LA LAND

Néanmoins ses performances l’amènent à la surexposition médiatique et, osons le dire, à une surévaluation d’un petit bonhomme qui n’a pourtant encore strictement rien accompli en pro à la Juventus et à qui on pourrait très vite brûler les ailes comme tant d’autres. Pourtant les papiers s’affolent et font les affaires de Mino Raiola qui nous gratifie de son inquiétante présence. L’ancien pizzaïolo, pas franchement le plus préoccupé par les intérêts de la Juve, est à la manœuvre du profit pour engraisser la sauce médiatique autour de son poulain, espérant sans doute à terme reproduire sa recette du transfert de Pogba à United, la même qui a vu l’agent s’enquiller une modeste commission d’environ 30 millions d’euros.

Et ça marche. Pour preuve, Moise traîne d’ores et déjà à signer son premier contrat pro au club, pour cause les exigences de Raiola qui veut des certitudes, on se doute que ces dernières ne sont pas que sportives. On connait la Juventus, sa riche histoire, son intransigeance, ses valeurs de travail et d’implication exigée à ses joueurs ont formé parmi les plus grands gentlemen de l’histoire du calcio. Cela mène à un constat simple : Il n’y a personne au-delà de l’institution et il n’y aura aucun traitement de star pour qui que ce soit, et encore moins pour un adolescent qui n’a encore rien prouvé au top niveau.

Félicité par les grands 

De par son comportement et l’image qu’il renvoie sur et en dehors du terrain, Kean doit encore prouver qu’il est da Juve. Si les médias et réseaux sociaux s’amusent à le porter aux nues, il n’existe aucune sorte de « prédestiné » à la Juve, car c’est l’histoire du club seule qui choisit ses légendes. Toutes ces raisons font que le « phénomène Kean » est à relativiser, tant les paliers à franchir restent très nombreux pour l’adolescent de 17 ans. Casser un record de précocité est un bon début, mais n’est en rien prometteur d’une carrière réussie et révélateur d’un mental de vrai champion. On prédit que l’avenir de la Vieille Dame ne peut que s’écrire à ses côtés, et si on lui souhaite, encore faudra-t-il s’en montrer digne.

En commençant par signer son contrat, peut-être ?

Entre p'tits ponts lyriques et tacles à la jugulaire. S'est déjà fait les croisés à l'auriculaire gauche. Deux fois.

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