Incontournable sur le terrain depuis novembre, Mandzukic est plutôt discret dans les medias. Depuis sa présentation officielle cet été, Mandzukic ne s’est jamais adressé à la presse italienne. Ainsi, quand le buteur bianconero se confie au journal croate Sportske Novosti, cela donne une interview à 360° dans laquelle le buteur ne cache rien, à commencer par sa discrétion devant les medias : « Je n’aime pas ces choses, j’aime ma tranquillité. Je ne suis pas énervé contre les journalistes, même si ils écrivent beaucoup de choses… Mais je comprends qu’il faille écrire quelque chose. Je pense que le plus important, c’est ce que je montre sur le terrain, mes performances et après, tout le monde est libre de donner son avis ».
Mario Mandzukic a ensuite évoqué le début de saison assez spécial de la Vieille Dame : « Je dois dire que la Juve a très bien commencé. Nous avons gagné la Supercoppa, j’ai marqué l’un des buts de la victoire contre la Lazio, tout semblait prometteur. Mais au début du championnat, nous sommes rentrés dans un mauvais cycle avec deux défaites et un match nul. Et avec la réputation de la Juventus, les pressions sont tout de suite nées. Il y avait beaucoup de négativité sur l’équipe et sur moi. Non seulement, je jouais mal mais j’ai commencé à me blesser, j’ai eu une infection (au coude ndlr) qui m’a touché pendant un long moment et m’a affaibli. Certaines fois, je restais éveillé toute la nuit en me demandant ce qui m’arrivait. J’étais vraiment désespéré parce que je n’arrivais pas à voir de solutions à une situation que je n’avais jamais connu dans ma carrière ».
Malgré les nombreuses critiques, Mandzukic n’a jamais cherché à évoquer publiquement ses difficultés : « Ca n’aurait pas aidé. On aurait dit que je me cherchais des excuses. Dans ce match malchanceux contre l’Udinese, je me suis tapé le coude dans un panneau publicitaire. Ils m’ont fait des points de suture mais la blessure a commencé à me faire mal, à me réveiller pendant la nuit. Il y avait une infection et j’ai dû prendre des antibiotiques. J’ai ressenti des douleurs pendant au moins deux mois. Pendant les entraînements, les matchs, chaque contact était un enfer. Je ne voulais pas me plaindre, je ne suis pas ce type de personne mais il était clair qu’à ce moment, ce joueur n’était pas moi. Mon système immunitaire s’est affaibli, je me sentais faible, sans force. Ensuite, je me suis blessé au tendon, une autre pause et un travail à part qui s’est ajouté à celui habituel. Horrible… »
La relation avec les dirigeants et l’entraîneur a été importante lorsqu’il a traversé des difficultés : « J’ai beaucoup parlé avec le coach Allegri et le directeur Marotta, mais c’était surtout pour chercher ensemble une solution à une situation difficile et illogique. Personnellement, j’étais très nerveux pour les problèmes que je vivais, je continuais à envoyer des messages à mon agent en lui disant que ce qui m’arrivait était impossible. Simplement, je n’étais pas habitué à cette accumulation d’événements négatifs. Ca a eu des conséquences sur mon travail, je n’arrivais pas à vaincre la peur. Mes coéquipiers s’en sont aperçus, je leur ai tout dit. Un jour, j’ai parlé avec Buffon, Evra et Lichtsteiner et j’ai expliqué ce que je vivais, je sentais la nécessité de me justifier devant toute l’équipe. Je ne me suis pas inventé d’excuses, j’ai juste demandé de la patience jusqu’à ce que mes problèmes physiques soient résolus et que je sois parfaitement adapté à mon nouvel environnement. Je leur ai dit qu’à ce moment là, j’aurais commencé à lutter pour changer les choses, que je serais finalement complètement disponible pour lutter sur le terrain ».
Et au final, Mandzukic a tenu ses promesses et a retrouvé la pleine possession de ses moyens. Le tournant est sans doute survenu le jour d’Empoli-Juventus, quand il a fini par revoir le chemin de filets : « Le tournant a été une rencontre entre les joueurs avant le match. Nous étions conscients de devoir changer les choses et que la saison n’allait pas dans la bonne direction. On s’est dit ce qu’on avait à se dire, moi le premier j’ai répété que j’avais été faible, en partie pour les problèmes qui me torturaient mais qu’à partir de ce moment, je n’aurais plus d’excuses. Nous avions été en mesure de bien jouer à Manchester et cela signifiait que nous pouvions le faire. Et à la fin du mois d’octobre, c’était le moment de changer. Après cette rencontre, j’ai senti que quelque chose s’était réveillé en chacun de nous ».
Mandzukic est ensuite revenu sur son départ de l’Atletico en profitant pour démentir les rumeurs disant qu’il était en conflit avec Simeone (« Il a toujours été loyal avec moi, il m’a supporté et m’a encouragé, il a toujours souligné mon importance pour l’équipe »). Puis il a confirmé que ce n’était pas la première fois que la Juventus s’intéressait à lui: « C’est vrai. J’ai eu un contact important avec la Juve avant l’Euro 2012, mais le Bayern s’est alors présenté en me disant qu’ils me voulaient dans leur équipe. J’avais joué en Bundesliga, le Bayern était le maximum alors je suis allé à Munich. Mais trois ans plus tard, le destin a voulu m’amener à Turin ».
Le buteur connaissait déjà des joueurs comme Buffon, Chiellini et Barzagli : « Je nourrissais déjà un grand respect pour ces joueurs merveilleux avant d’arriver ici. Je connaissais déjà Barzagli parce que nous nous étions rencontrés à Wolfsbourg. Les autres, je les ai rencontrés dans des matchs entre sélections et clubs. Buffon est mon idole depuis que je suis petit, avec Chiellini, j’ai connu de dures batailles mais on s’est toujours serré la main après le match. C’était des duels entre de vrais hommes, pas de tape sur l’épaule ou de pleurnicheries, j’aime beaucoup ce genre d’hommes. Je connaissais déjà très bien la moitié de la Juventusavant d’arriver et cela m’a encore plus poussé à accepter l’offre ».
Allegri a accueilli à bras ouverts un joueur de la carrure de Mandzukic après les départs de joueurs comme Vidal et Tevez : « L’entraîneur m’a toujours supporté et il s’est montré confiant sur mon potentiel. Je savais qu’il avait insisté pour que je vienne et c’est un facteur très important pour les décisions de chaque joueur. Avec cette confiance, il est resté proche dans les moments difficiles et cela signifie beaucoup pour moi ».
Il a donné son ressenti sur la Juventus : « La première chose que j’ai perçu quand je suis arrivé à Turin, c’est la grandeur du club. La Juventus est une institution, où qu’elle aille il y a une foule de tifosi et d’admirateurs, les médias sont fortement enracinés dans le club. C’est logique qu’une crise de résultats, après quatre ans de domination, ait causé des tensions et des débats. Ce qui m’a fasciné, c’est la réaction du club. Les dirigeants sont venus aux entraînements et avec leurs présences, ils ont immédiatement fait comprendre la gravité de la situation. Cependant, c’était une présence discrète, sans panique ou confusion, seulement une invitation à une plus grande implication et la nécessité de retrouver le niveau qui est celui de la Juventus ».
Mandzukic a aussi évoqué ses coéquipiers en attaque : « Dybala est très talentueux et entre nous il y a une grande entente. Mais l’équipe entière joue bien. Nous sommes homogènes, ça se voit clairement. Ici, il y a une ambiance familiale même si la concurrence est dure mais elle pousse chacun de nous à donner le meilleur de soi. Alvaro (Morata) est un grand joueur, et surtout il est jeune. Il a une grande carrière devant lui. Nous sommes bien ensemble, nous luttons pour une place de titulaire mais le plus important est de lutter pour le bien de la Juventus. Quand tu es jeune, il faut être patient, travailler et progresser. Il n’y a pas de danger pour lui comme pour Zaza, qui est aussi un formidable attaquant ».
Elu joueur du mois de novembre, Mandzukic s’est aussi réconcilié avec les tifosi qui le critiquaient : « Ce prix au mois de novembre est un signal clair qui prouve que j’ai réussi à montrer les valeurs qu’ils attendaient de moi. Evidemment, c’est bon pour moi parce que j’ai rapidement compris à quel point ils sont passionnés, certains sont fanatiques de la Juventus. Ils nous suivent où qu’on aille, ils nous donnent l’impression de jouer à domicile. Certains, et c’est logique, avaient des doutes sur moi mais c’est normal. Maitnenant, je suis content parce que j’ai montré ce dont je suis capable et non seulement ils m’ont remis un prix mais ils m’ont accepté comme un juventino en tout point. Les buts sont la plus belle des récompenses, mais ils savent aussi quelle est ma meilleure qualité : le pressing et le jeu pour l’équipe, pas seulement pour mes statistiques personnelles. Et je permets d’ajouter que dans tous les clubs dans lesquels j’ai joué, j’ai toujours eu une excellente relation avec les tifosi et cela m’a valu leur soutien. Je pense que c’est aussi grâce à ma façon de jouer, mon courage inconditionnel mis à disposition de l’équipe ».
Et pour la Juventus aussi, les choses vont mieux : « Aujourd’hui, tout est plus simple, mais nous pouvons pas nous mentir en disant que tout est résolu. Nous devons progresser pour revenir dans la course à nos objectifs en Italie et en Europe, c’est dans l’ADN de la Juventus. Maintenant, nous devons continuer à travailler et jouer aux niveaux qui nous sont imposés, cela aidera à accomplir nos ambitions ».