Cette fois, c’est officiel. Mario Mandzukic quitte la Juventus. Après avoir longuement attendu des nouvelles de pistes menant à la Premier League et la Bundesliga, le buteur Croate s’est finalement mis d’accord avec le club d’Al-Duhail, où évolue également Medhi Benatia. La conclusion d’une belle histoire qui méritait une meilleure fin.
Si le feeling a autant marché entre les tifosi de la Juventus et Mario Mandzukic, c’est sûrement parce que le Croate était fait pour cette équipe. Ce n’était pas un artiste élégant comme ont pu l’être Sivori, Platini puis Del Piero. Mais c’était ce type de joueurs sur lesquels la Juventus s’est toujours appuyée dans sa glorieuse histoire : un guerrier. Un combattant de la trempe de Paolo Montero, Edgar Davids ou plus récemment Arturo Vidal. Ce genre de joueur dont on imaginerait qu’il donnerait leur peau pour l’équipe sur le terrain : « J’ai vraiment apprécié chacune des batailles que j’ai partagées avec vous. Et nous avons gagné la majeure partie de ces batailles », a-t-il écrit dans son message d’adieu sur les réseaux sociaux.
« Ces derniers mois ne changent pas mon amour pour le club »
Absent des terrains depuis le match amical contre Trieste en août 2019, Mario Mandzukic n’a jamais été pris en considération par Maurizio Sarri, pas fan de ce style de joueur. Exclu de la liste européenne puis des convoqués en championnat, Super Mario a progressivement disparu de la circulation après l’échec de premières négociations avec le Qatar en septembre. Dans l’attente d’un transfert en janvier, et d’un commun accord avec le club, il est resté exclu du groupe et s’est seulement maintenu en forme à la Continassa. Sans croiser ses coéquipiers. Une triste fin pour une si belle histoire : « C’est impossible de résumer quatre années et demi en un simple au revoir, mais j’espère que vous avez vu ma passion pour ce club et pour cette équipe à chaque fois que j’ai joué pour la Juventus. Un grand merci à Monsieur Allegri et à Monsieur Marotta pour m’avoir voulu à Turin. Ce fut un privilège de jouer pour la Juventus et les derniers mois ne changent pas le respect et l’amour que j’ai pour ce club. Je remercie tous les coéquipiers qui m’ont accompagné durant ces saisons ».
Il a surtout tenu à saluer les tifosi avec qui il avait noué une relation très spéciale saison après saison : « Enfin le plus grand remerciement est pour les merveilleux tifosi qui sont la vraie raison pour laquelle le club est aussi grand et gagne autant. J’ai vraiment beaucoup apprécié le soutien que vous m’avez apporté dès le premier jour. En conclusion, j’ai toujours cherché à donner le meilleur de moi-même pour les bianconeri et je vous souhaite le meilleur. Il est pour moi temps d’écrire un nouveau chapitre ».
Faits l’un pour l’autre
L’histoire d’amour entre Mandzukic et la Juventus n’avait pourtant pas très bien commencé. Arrivé de l’Atletico Madrid en juin 2015, il était très attendu après avoir marqué les tifosi pour ses duels hargneux avec Chiellini sous les couleurs de la Croatie. Buteur pour ses débuts en Supercoppa, il devient vite le symbole d’une Juventus qui passe complètement à côté de son début de championnat. Malgré un but en Ligue des Champions, il faut attendre le 25 octobre pour le voir marquer pour la première fois en Serie A. En fin de saison, après avoir retrouvé la pleine possession de ses moyens, il expliquera cette mauvaise passe dans la presse : « Il y avait beaucoup de négativité sur l’équipe et sur moi. Non seulement, je jouais mal mais j’ai commencé à me blesser, j’ai eu une infection (au coude après avoir tombé sur les panneaux publicitaires contre l’Udinese ndlr) qui m’a touché pendant un long moment et m’a affaibli. Certaines fois, je restais éveillé toute la nuit en me demandant ce qui m’arrivait. J’étais vraiment désespéré parce que je n’arrivais pas à voir de solutions à une situation que je n’avais jamais connu dans ma carrière (…) J’ai ressenti des douleurs pendant au moins deux mois. Pendant les entraînements, les matchs, chaque contact était un enfer ».
Cette période de difficulté, c’est aussi le début d’une relation spéciale avec son entraîneur Massimiliano Allegri. Au point de devenir le symbole de sa révolution tactique à l’hiver 2016 en étant basculé sur le côté gauche à la surprise générale. Dans ce rôle et par ses sacrifices et son abnégation, Mario Mandzukic va vite conquérir les tifosi. Avec le 4-2-3-1, il contribue grandement aux succès de la Juventus et à l’épopée européenne jusqu’à la finale de Cardiff. Malgré la défaite, Mandzukic marque encore une fois les esprits en égalisant d’un superbe but en retourné face au Real Madrid. Le Real, un adversaire contre qui il aime marquer puisqu’un an plus tard, son doublé au Bernabeu permet à la Vieille Dame de frôler l’exploit contre le Real en menant 3-0 après avoir perdu le match aller sur le même score.
L’année dernière, après le départ de Gonzalo Higuain, Massimiliano Allegri ne se passerait pour rien au monde de son arme préférée. Fini de jouer les ailiers, Mandzukic se retrouve associé à Cristiano Ronaldo dans l’axe. L’entente entre les deux joueurs est excellente en première partie de saison. Contre la Spal, en novembre 2018, il porte même pour la première fois le brassard de capitaine. Il marquera le coup avec un but. Blessé durant l’hiver, Mario, à l’image de l’équipe, vivra une seconde partie de saison très compliquée, enchaînant les prestations décevantes. Son seul but en 2019, marqué contre l’Atalanta en mai dernier, sera donc le dernier sous les couleurs de la Vieille Dame. Le buteur croate espérait convaincre Sarri durant la préparation mais ses caractéristiques n’étaient pas adaptés au style de jeu prôné par le mister toscan (qui n’aura jamais vraiment tenté le coup). Qui sait si le bomber de Slavonski Brod n’aurait pas été utile en cette fin de saison pour éviter les défaites contre la Lazio ?
Au final, Mario Mandzukic quitte la Juventus après y avoir passé 4 ans et demi. Il compte 162 apparitions, 44 buts et 9 trophées remportés. Des chiffres qui ne racontent pas son engagement sans faille sur le terrain mais que les tifosi bianconeri ne sont pas prêts d’oublier. Ciao Mario !