La Juventus s’incline face à Naples en Coupe d’Italie (0/0 ; 4-2 TAB) après un match morose dans lequel aucune des deux équipes a su faire la différence. Portée à bout de bras par un impérial Buffon hier soir, la Juventus ne s’est que trop peu illustrée pour prétendre soulever le trophée. En gérant parfaitement la séance de tirs au but, Naples a remporté hier sa sixième Coupe d’Italie ; un sacrement pour sa nouvelle idole : Gennaro Gattuso.
La rencontre
On ne remplacera jamais 72 698 supporters par des néons clignotants au couleur de l’Italie. Les organisateurs s’en souviendront. Au-delà de la crise d’épilepsie légitime au regard des tribunes scintillantes, le téléspectateur a aussi peut-être souffert d’une crise de panique au vue du jeu développé par la Juve en première mi-temps. Les hommes de Sarri ont proposé un match de hand ; regroupés dans les quarante derniers mètres napolitains à se faire des passes latérales sans chercher à percer la défense des Azzurri. À la fin d’une action de handball, les joueurs tirent ; pas les Turinois, seule différence (non négligeable).
Voilà donc à quoi a ressemblé la première mi-temps. De longues minutes au cours desquelles la Juventus jouissait d’une possession stérile, en attendant de se faire contrer par une banderille des hommes de Gattuso. En clair, la seule vraie occasion turinoise hier est venue d’une erreur de relance de Callejon qui permet à Dybala de servir idéalement Ronaldo, stoppé par un Meret impeccable (5e minute). Les napolitains n’ont pas vraiment souffert du pressing imposé par les bianconeri et ont posé leur jeu, en attendant de trouver des brèches en contre-attaque. C’est bien eux qui ont été les plus dangereux, notamment en trouvant le poteau sur un coup franc signé Insigne à la 24e minute.
Incapable de se créer une occasion, la Juve concède dans les dernières minutes du premier acte. Avec de la réussite, Demme se retrouve face à Buffon qui intervient du pied en un contre un. Une minute plus tard, Insigne déclenche une frappe limpide qui prenait la direction du petit filet sans compter sur une parade splendide de Buffon, détendu sur son côté droit.
De retour aux vestiaires, c’est clairement le Napoli qui s’est créé les meilleures occasions. La Juve en a été réduite à quémander deux pénaltys inexistants sur Alex Sandro (15e) et Dybala (45e+1).
La seconde période n’a pas été meilleure pour la Juventus, qui peut simplement se targuer d’avoir concédé moins d’occasions. Après avoir gaspillé son capital santé avec un pressing inutile en première mi-temps, les bianconeri n’ont même plus vraiment joué dans la partie de terrain adverse, laissant la possession à Naples. Peu encline à faire le jeu, l’équipe de Gattuso s’est contentée de gérer face à un adversaire complètement démobilisé dans le deuxième acte. La Juventus n’a pas inquiété une seule fois Meret en quarante-cinq minutes.
Les Napolitains, conscients que leur adversaire du soir se contenterait du nul, se sont libérés dans le dernier quart d’heure en plaçant quelques accélérations aboutissant sur deux occasions de Politano et une de Milik. Dans les dix dernières secondes, Bernardeschi offre un corner à Naples, parfaitement tiré par Politano sur la tête de Maximovic. Ce dernier bien lancé voit Buffon s’interposer devant son tir, avant qu’Elmas envoie le cuir sur le poteau de gauche de Gigi, bien gêné par Bonucci et Bernardeschi.
C’est un vrai miracle que la Juve puisse s’accorder une séance de tirs au but.
Cette dernière va refléter la rencontre. Dybala tombe sur un Meret cinq étoiles alors que Danilo s’est inspiré de Zaza pour envoyer son tir dans les tribunes du Colisée. Impeccable les Napolitains n’en ratent pas un. Buffon peut avoir des regrets au vue de son match : il n’a pas trouvé l’inspiration nécessaire face aux tireurs des Partonopei malgré un état de grâce qui a réchauffé le cœur glacial des Turinois hier soir.
Enseignements de la reprise
C’est une triste Juventus qui est revenu sur les terrains. Triste, mais pas surprenante. C’est bien des mêmes maux dont souffrent les Turinois, pas guéris par le confinement. Sarri a déjà déçu en perdant la finale de la SuperCoupe d’Italie face à la Lazio, un match couperet en Italie dans lesquelles la Juve excellait avec Allegri. Cette défaite contre Naples confirme l’érosion voire la disparition de l’hégémonie turinoise sur les titres nationaux, bien loin des virevoltants doublés d’Allegri qui avait la Serie A en poche dès fin Avril (sauf en 2015-2016).
Il reste encore le championnat, bien sûr, mais jamais la Juventus n’a autant été bousculée qu’elle l’a été cette saison par des équipes italiennes. Faut-il rappeler qu’elle a déjà été battue par Naples cette année en Série A (21e journée) et qu’elle a perdu contre le dauphin actuel, la Lazio. Plus qu’un dauphin, la Lazio va aussi prendre confiance au vue des prestations turinoises pour le titre : il n’y a qu’un point d’écart.
Sarri
Après plus de dix mois à la tête de la Juventus, il est difficile de déceler le plan de Sarri. Que veut-il vraiment mettre en place ? Pour l’instant, force est de constater que ça ne fonctionne pas. Sarri aime jouer avec des profils de joueurs particulier et, quand il est en osmose avec son collectif, peut le faire briller. Le board de la Juve va devoir faire un choix pour la saison prochaine : soit conserver Sarri et lui donner entièrement les clefs du camion (et donc le carnet de chèque cet été sous couvert de lâcher certains joueurs) ; soit le remercier, ce qui serait un véritable fiasco sportif qui soulignerait l’erreur de jugement de la direction l’été dernier.
Non pas que Sarri soit un mauvais entraîneur (qui peut être assez bête pour le croire) mais correspond-il à l’ADN de la Juve ? Loin d’être cantonné à l’imaginaire collectif des tifosi, ce concept de DNA, surtout en Italie, existe. Les équipes d’abord, les joueurs après. Antonio Conte et Massimiliano Allegri exprimaient à leur manière, leur profonde correspondance avec l’ADN de la Juve. La grinta pour l’un, la froide efficacité pour l’autre ; ils ne sont pas les meilleurs entraîneurs du monde (quoique) mais ils étaient les meilleurs entraîneurs, pour la Juventus.
Je ne doute pas que Sarri soit un très bon entraîneur. Mais j’en viens à penser qu’il n’est pas le meilleur entraîneur pour la Juve. Non seulement son style de jeu ne fonctionne pas (il a dû lui-même le renier et le tordre, la preuve), mais les joueurs ne sont pas calibrés pour ces attentes. Sarri est peut-être une erreur de casting, bien plus qu’une erreur tout court.
Les objectifs restants
La Juve est encore en lice pour le Final 8 qui se présente en Ligue des Champions, et Sarri jouera déjà très gros pour renverser Lyon ; puis après pour ne pas faire de la figuration.
Et, évidemment, il doit remporter le championnat : condition sine qua non de son maintien à la tête des bianconeri la saison prochaine.
Je suis entièrement d’accord avec cette analyse, surtout en ce qui concerne Maurizio Sarri. Ce n’est pas le bon coach pour la Juve. Même s’il gagne le championnat et la Champion’s League, je pense qu’il vaudrait mieux pour la Juve de se séparer de lui.