Une Juve apathique a été défaite sur le terrain de Lyon hier (1/0), et est contrainte à remonter le score à domicile au match retour pour poursuivre son parcours européen.

« Ce n’est pas le pire tirage » déclarait Pavel Nedved à la suite du tirage au sort des huitièmes de finale de la Ligue des Champions le 16 décembre dernier. On ne peut pas donner tort sur ce point là, au vice-président du club. Mais l’histoire du football en Ligue des Champions, et surtout ces dernières années a pourtant démontré qu’aucun match n’est joué d’avance et que la rencontre se joue, pour quatre-vingt dix minutes, sur le terrain et pas sur le papier. Cette suffisance affichée par la direction turinoise a transparu sur les joueurs hier soir, sûrs qu’ils finiraient bien par faire la différence contre cette faible équipe lyonnaise grâce aux individualités dont jouit l’effectif turinois. Seulement voilà: le nombre de stars qu’une équipe peut placer sur la feuille de match n’importe peu, un match se gagne à l’envie qu’on les joueurs de le gagner. Et hier soir, une équipe avait envie de tout donner pour ses supporters et de se battre pour prendre l’avantage; une autre ne dégageait rien si ce n’est un état lymphatique constant. 

Les choix de Sarri

Si la Juventus depuis quelques semaines produit des matchs indigestes en championnat (Brescia, SPAL, Hellas Verone, Naples…), c’est d’abord parce que les joueurs n’ont toujours pas compris ce que veut mettre en place Maurizio Sarri. Les joueurs évoluent dans un 4-3-3 qu’ils ne semblent pas avoir intégrer du tout. Face à Lyon, l’animation mise en place par Sarri s’est révélée être la cause essentielle de l’absence de jeu offensif. D’abord, Bonucci et De Ligt sont restés collés à la ligne de la surface de réparation pendant 85 minutes. Automatiquement, le positionnement des deux centraux déterminent la hauteur du bloc équipe sur le terrain: résultat, le bloc turinois est restée extrêmement bas ce qui explique en partie l’incapacité des joueurs de côté à prendre la profondeur puisque les Lyonnais, qui eux étaient très bien organisées, coupaient parfaitement les lignes de passe. Il a fallu attendre la 69e minute pour voir la première vraie passe en profondeur vers un des ailiers (Ronaldo) ce qui a d’ailleurs abouti sur l’énorme occasion de Dybala qui a repris le ballon du tibia. Les choix de Sarri concernant l’animation offensive se sont révélés être un échec dans la mesure où l’absence de liant entre le milieu de terrain et l’attaque a permis à l’OL d’être dans la gestion des phases offensives de la Juve. Non, on ne peut pas retirer aux joueurs lyonnais d’avoir extrêmement bien défendu. Mais on ne peut pas non plus passer sous silence la médiocrité technique affichée par tous les Bianconeri hier soir, incapables de se créer une situation dangereuse avant plus d’une heure de jeu. 

L’animation indigeste proposée par la Juve de Sarri hier soir s’est conjuguée avec des choix de joueurs qui ont de quoi laisser pantois les supporters turinois. Dans la vie, les absents ont toujours tort mais souvent dans le football, les absents ont raison dans la défaite puisque évidemment, ils étaient la pièce maîtresse qui manquait au rouage de leur équipe. Comment Matuidi peut-il être laissé sur le banc quand justement, il a manqué durant toute la partie la hargne et la grinta aux Turinois ? S’il y’a bien un joueur qui transpire de la première à la dernière minute, c’est bien l’international français. Oui, Matuidi a manqué surtout quand on s’attarde sur la performance de Rabiot qui a traversé la rencontre comme un fantôme. Rabiot, titulaire hier soir, est loin d’être au niveau pour faire partie du onze de départ de la Juventus. Mais ce constat là est aussi vrai pour Bentancur: l’Uruguayen est passé complètement à côté de son match. Les deux joueurs qui encadraient Pjanic au milieu de terrain n’ont pas répondu présents ce qui a contraint le regista de la Juve a multiplié ses efforts pour compenser sa solitude au milieu. Déjà sur les rotules depuis quelques temps, Pjanic ne pouvait évidemment pas tenir à ce rythme et a été remplacé à l’heure de jeu par Aaron Ramsey. En deuxième mi-temps, la Juve a sorti la tête de l’eau justement grâce aux entrants qui ont dynamisé une équipe absolument soporifique. 

Les changements ont modifié la physionomie (pas le score) du match 

« En deuxième mi-temps, on a retrouvé la vraie Juve » a assuré le capitaine bianconero Leonardo Bonucci au micro de Sky après la rencontre. En effet, la Juventus s’est relevée au cours du deuxième acte, mais il n’y avait pas de quoi s’enflammer pour autant. D’abord parce que la Juve pouvait difficilement faire pire que ce qu’elle a proposé en première mi-temps, mais surtout parce que les Lyonnais ont fléchi physiquement et ont sciemment laissé le ballon aux Turinois en reculant. Il a surtout fallu attendre l’entrée de Ramsey pour voir la Juve reprendre des couleurs. Il manquait en effet, le joueur pour faire la transition entre le milieu de terrain et l’attaque et, en se projetant de cette manière, Ramsey a permis justement cette relation attendue avec les joueurs de devant. Il a surtout permis à Dybala de se débarrasser des tâches défensives pour se consacrer pleinement à l’attaque. Voilà la clef de cette seconde période et l’enseignement à tirer de cette rencontre: Dybala a besoin d’un relais au milieu qui puisse assurer les tâches défensives et en même temps, qui parvienne à être ce point d’appui technique qui permet à la Joya de faire des différences devant et enfin, de servir Cristiano Ronaldo. L’entrée d’Higuain (70e) dans un moment très compliqué physiquement pour Lyon a aussi été bénéfique en ce sens où il y avait enfin de la présence turinoise dans la surface de réparation lyonnaise. Cristiano Ronaldo a aussi été très précieux en obtenant des coups de pied arrêtés, véritable poison pour les défenseurs lyonnais. Même s’il n’a pas trouvé le chemin du but, Ronaldo était en jambe et cela se voyait. Simplement, il faut que Sarri trouve le moyen d’utiliser les qualités de Ronaldo et de Dybala a bon escient. Car même si ces deux derniers sont bourrés de talent, ils deviennent inoffensifs quand l’animation proposée par le milieu de terrain est aussi stéréotypée et facile à lire que celle qui a été proposée hier. 

Pour le match retour, la Juve va avoir besoin de réaliser un très gros match au vue de ce qu’elle a montré au Groupama Stadium. Devant ses tifosi, la Vieille Dame sera dans l’obligation d’emballer la rencontre et d’exploiter son potentiel offensif. Dos au mur, la Juve a souvent démontré à ses supporters qu’elle savait être au rendez-vous. Le match retour contre l’Atletico l’an dernier au même stade de la complétion témoigne de la force mentale de cette équipe. Reste à savoir si Sarri saura, comme Allegri avait su le faire, mettre en place une équipe résolument offensive tout en protégeant son but. Encaisser au Juventus Stadium rendrait la tâche de la Juve encore plus difficile, d’où la complexité tactique qu’attend Sarri le 17 mars prochain. 

Il faut tout de même à l’issu de ce match, savoir reconnaître le défi que les Gones ont su poser aux bianconeri qui partaient ultra-favoris de la rencontre. Il est ainsi juste de rendre hommage à Garcia et ses joueurs pour leur prestation impeccable devant un stade bouillant qui respirait le foot. 

Et, comme la mauvaise foi et l’indignation fait aussi partie intégrante des grandes soirées européennes, la clémence du jeune arbitre espagnol Jesus Gil Manzano envers les lyonnais est à souligner, avec au moins un pénalty flagrant oublié pour la Juve en toute fin de match. 

Les esprits sont à présents tournés vers l’importantissime Derby d’Italie de dimanche soir face à l’Inter, qui se jouera à huis-clos en raison de l’épidémie de coronavirus qui se propage au nord de l’Italie. 

« Vincere non è importante, è l’unica cosa che conta »

 

 

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