Lorsque Maurizio Sarri est venu cet été à la Juve, on ne peut pas dire qu’il a fait l’unanimité chez les tifosi. Prendre celui qui était l’ennemi il n’y a encore que très peu de temps et aux idées de jeu opposées à celle du club, c’était le pari fou de la direction Bianconera. Pour juger un entraîneur, les trois critères principaux sont le jeu proposé, la gestion des hommes ainsi que les résultats. Cette première partie de saison étant fini, quel bilan peut on tirer de l’entraîneur ?
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes
L’idée principale de Sarri a toujours été la même : jouons la possession et haut ! Comment transformer la mentalité des joueurs habitués à la gestion de l’effort et à la défense basse ? L’entraîneur napolitain a d’abord gardé un schéma tactique habituel car à cause de ses problèmes de santé, il n’a pas pu être présent à 100% pour travailler avec ses joueurs. Mais après la trêve de septembre, nous avons vu une Juve différente : combinaison en une touche, recherche de verticalité permanente et équipe haute. Cela peut paraître pas grand chose mais Sarri a réussi à changer cette équipe qui était en perdition à ce niveau. La Juve est plaisante à voir jouer, on prend du plaisir à regarder des joueurs comme Dybala, Bentancur, Pjanic et les autres lorsqu’ils font vivre le ballon ! Mais est-ce que c’est toujours le cas ? Et bien, cela dépend. Dans les faits, la Juve version Sarri n’a rien à voir avec la version d’Allegri, sauf que lorsque les joueurs ne sont pas tous dans leur forme, il est difficile de voir des attaques placées qui finissent avec une occasion franche. Le plus grand reproche que l’on peut faire à cette équipe c’est de s’en sortir à plusieurs reprises sur des exploits individuels et dans les fins de matchs.
Et la Défense dans tout cela ? La charnière centrale a réussi petit à petit à faire (presque) oublier la blessure de Chiellini, mais la Juve prend beaucoup de buts. Une moyenne de quasi 1 but par match pour une équipe qui faisait de la défense sa force, c’est beaucoup. Les latéraux sont les points faibles de cette équipe et ainsi les postes où il y a le moins de joueurs, comme le montre le replacement de Cuadrado en arrière droit. La qualité des joueurs n’est pas suffisante pour rivaliser avec les grands clubs européens. Malgré qu’il y ait beaucoup de travail encore pour Sarri dans le jeu, on sent que l’équipe essaye de le faire et que si elle n’y arrive pas, c’est surtout par manque de qualité à certains postes ou par manquements physiques.
Note pour le jeu : 7/10
Un groupe élargi de joueurs : l’évolution de Sarri
De nombreux éloges ont été faites à l’ex entraîneur de Chelsea mais aussi beaucoup de critiques, comme le fait qu’il ne fasse confiance qu’à un groupe de 14 joueurs et qu’il a tendance à les fatiguer pour qu’au final, ils finissent par être à bout physiquement en février. Lors de son passage à Londres, le technicien commençait à changer de mentalité petit à petit en élargissant son groupe. La Juve ayant un effectif conséquent, a t-il évolué dans ce sens ?
Depuis le début de saison, Sarri n’a jamais mis le même 11 deux fois d’affilés. Il change souvent un ou deux joueurs seulement d’un match à l’autre mais il a donné la chance a tous les joueurs, même Emre Can, qui ne figure pas dans la liste de la Ligue des Champions. L’intégration des nouveaux joueurs comme De Ligt se sont faits petit à petit et dans le bon sens. La gestion du cas Dybala aura été excellente, en le faisant jouer de plus en plus de minutes jusqu’à en devenir le joueur qu’il était par le passé, un joueur indispensable.
Que dire également du cas Ronaldo ? Il l’aura sorti lors de deux matchs consécutifs en cours de jeu, chose impensable pour beaucoup ; mais la gestion physique, même de CR7, doit être la même que pour tous.
Cependant, la plus grande différence par rapport à la Juve d’Allegri, c’est que Sarri joue les coups à fond et tout pour la gagne. Pendant un match, l’ex entraîneur Napolitain veut gagner et fera tout pour créer le déséquilibre offensif pour aller au bout. Pour ne citer qu’un exemple, il aura fait le changement décisif à 1-1 contre l’Inter en faisant rentrer Higuain, celui qui marquera le but de la victoire.
Le 1-1 n’était pas un mauvais résultat en soit, nous avions toujours l’avantage au classement malgré le nul, mais ce risque pris par Sarri fait la différence et pousse pour gagner à tout prix. Le seul reproche que l’on peut faire au technicien Napolitain, c’est la gestion des joueurs comme Bernardeschi et Khedira, qui sont très souvent titulaire mais qui sont clairement les joueurs qui posent problème à l’équipe lorsqu’ils sont sur le terrain. La confiance donnée aux joueurs est importante mais mettre Dybala et Bentancur sur le banc pour aligner Bernadeschi et Khedira, ce n’est pas ce qu’il s’appelle mettre en place le Sarriball. Mis à part cela, l’entraineur bianconero tente pas mal de compositions d’équipes et n’hésite pas à bousculer son onze en cours de match pour gagner.
Note pour la gestion des hommes : 8,5
La victoire reste toujours ce qui compte
Sarri ou le looser magnifique pour beaucoup, a t-il les épaules pour assumer le costume d’entraîneur turinois, où les résultats ont eu toujours plus d’importance que la qualité de jeu ?
À la trêve, le club se place en tête de la Serie A (à égalité avec l’Inter) et est sorti en tête de son groupe et sans perdre en Ligue des Champions. Beaucoup de matchs ont été gagné dans les derniers instants mais comme évoqué plus haut, la volonté de gagner aura joué sur le résultat. Avec un bilan de V17-N4-D2 toutes compétitions confondues, Sarri à un bilan plus que convainquant. Tout est parfait ? Les deux défaites sont arrivées contre la Lazio, la première en Série A et deuxième en Supercoppa d’Italia. En championnat, la Juve est passée à côté et cela peut arriver à tout le monde mais en Supercoppa, même si l’équipe aura montré un autre visage que deux semaines auparavant, l’équipe se sera faite avoir de la même manière. L’équipe de Simone Inzaghi pratique un jeu parfait en contre attaque et cela pourrait bien montrer les difficultés de Sarri de répondre au problème de ses équipes qui joue dans ce style de jeu. Cependant, le changement de philosophie de jeu n’a pas dû se sacrifier sur celle du club. C’est aussi la preuve que jeu et résultat ne sont pas incompatibles dans le Piémont.
Note sur les résultats : 9,5/10
Les missions de Sarri sont de donner un nouveau souffle à cette équipe en crise de jeu pour garder cette domination nationale et conquérir l’Europe. Le but de la direction est de montrer à Sarri qu’avec les moyens mis en place en terme d’effectif et de structure, il pouvait gagner. Le but de Sarri est de montrer qu’avec du travail sur le jeu et en dominant les adversaires, la direction pourrait voir plus loin que continuer à gagner. C’est gagnant-gagnant. Il reste beaucoup de travail encore et la Juve ne tourne toujours pas à plein régime, mais avec les changements visibles et la continuité des résultats, entraîneur et direction sont en train de gagner leur pari.